Chaque jour, les programmes se bousculent dans le top Netflix. À l'heure où nous écrivons ces lignes, c'est la série SupraCell - qui révolutionne le genre super-héroïque, qui est à la tête du classement des séries les plus visionnées du moment. Elle est notamment suivie de près par la saison 3 de La Chronique des Bridgerton et la série-documentaire Les clans de la Coke. Et parmi toutes ces productions, on y retrouve avec surprise la fiction Oloturé : Le Périple, venue intégrer le top 5 Netflix en France, alors même qu'elle n'a bénéficié d'aucune promotion.
Composée de trois épisodes, cette mini-série signée Kenneth Gyang suit Oloturé, une journaliste qui infiltre un réseau de prostitution pour enquêter sur la traite d'êtres humains au Nigeria. Une histoire inspirée de faits réels qui n'est pas sans rappeler celle racontée dans Oloturé, le film, mis en ligne en 2019 sur Netflix.
C'est en effet la grande force de cette fiction : elle puise son récit dans le monde réel. À l'écran, elle s'appelle Oloturé, dans la vraie vie, il s'agit de Tobore Ovuorie. En 2013, cette jeune journaliste décide de se faire passer pour une travailleuse du sexe après le décès de l'une de ses amies, envoyée en Europe pour se prostituer. Tout l'enjeu pour elle était de "gagner la confiance des prostituées", comme elle le révélait à l'AFP pour la sortie du film sur Netflix quelques années auparavant.
Pendant près de huit mois, elle a donc vécu aux côtés de ces femmes qui échangent leurs corps pour de l'argent, dans l'espoir d'être présentée à "Madame", l'une des boss du réseau. Cette dernière promet à ses esclaves sexuelles une vie meilleure en Europe, qui commence avec une dette allant jusqu'à 70 000 euros lors de leur arrivée en Italie. Bien que Tobore Ovuorie ait mis chaque jour sa vie en péril, son désir "de rendre justice à son amie, et de raconter l'histoire derrière ces femmes exploitées" était plus fort que tout. Ce qui s'est révélé payant.
À l'issue de cette enquête sous couverture, la journaliste a effectivement levé le voile sur les actes de maltraitance commis à l'encontre des jeunes filles. Dans le quotidien nigérian Premium Times et le magazine d'investigation néerlandais Zam Chronicles, elle met également en lumière les orgies organisées par des politiciens locaux et des trafics d'organes pour des crimes rituels.
Une véritable héroïne - récompensée en 2021 du Prix pour la liberté d'expression décerné par la DW, qui a pu changer la vie de quelques personnes. En revanche, même si cette affaire n'a en rien entaché son engagement, celle-ci n'est pas restée sans conséquences. Comme elle le révélait à l'époque, elle a malheureusement été témoin de la décapitation de deux jeunes femmes, victimes de cette traite, alors que leurs organes ont par la suite été utilisés lors d'un trafic. De son côté, elle avait échappé de justesse à un tel sort en réussissant à s'échapper lors de son arrivée à Cotonou.