Les réacs vous le répéteront à longueurs de plateaux télé rances : c'était mieux avant. Avant quoi ? Avant #MeToo, notamment. Une rhétorique anti-féministe typique qui passe en boucle sur certaines chaînes pas super progressistes. Heureusement, quelques voix reviennent mettre les points sur les i et rappeler les bases. Et parmi ces réparties, pas n'importe laquelle : le témoignage d'une légende de la télé française.
Une figure féminine, et plus précisément, une vraie "femme d'honneur" : c'était le titre d'une série policière à succès de TF1 où excellait l'actrice en question, Corinne Touzet. Celle qui occupât le poste (fictif) d'adjudant-chef dans une brigade de l'Yonne durant douze ans et fut élue "plus belle femme au monde" en 2004 dans une émission (diffusée sur TF1) aimerait faire taire les machos qui se complaisent dans une nostalgie déplacée.
Dans l'émission Un monde, un regard, sur Public Sénat, elle tacle ainsi d'office : "sans vouloir en rajouter, les années 1980, pour les comédiennes, étaient absolument terribles. Moi, j'en ai bavé !". Elle raconte ensuite pourquoi, et ça n'a absolument rien de réjouissant...
L'une des actrices les plus familières du PAF se rappelle très bien : "Lorsque je suis arrivée dans le milieu du cinéma, à chaque casting, on me disait que j'étais trop grosse ou trop typée puisque j'ai la peau bronzée". Sexisme, grossophobie, racisme... Equation superbe qui résume avec pertinence les années 80 et l'état d'esprit bien décomplexé qui allait avec et qu'on regrettera si peu. Pas de quoi rêver.
Mais aujourd'hui, est-ce vraiment mieux ? En tout cas, grâce aux nouvelles révolutions féministes, oui. Corinne Touzet en est persuadée : "Désormais les jeunes femmes sont indépendantes et libres par rapport à leurs corps. Elles s'assument et s'habillent comme elles veulent. Je les admire. Nous, à l'époque, nous ne pouvions pas le faire". Pas de quoi enchanter les darons qui regrettent le "bon vieux temps" et la misogynie qui allait avec.
Un "vieux monde" dont se fiche bien Corinne Touzet. Et on ne peut pas lui donner tort. Récemment encore, c'est sa consoeur Natacha Amal, autre icône de TF1, qui dénonçait des abus, dans le milieu du ciné cette fois : "il y a des producteurs qui essayaient de me mettre la langue dans la bouche directement, un autre qui m'a fait défiler comme un mannequin, un avec qui j'avais refusé de coucher qui a dit 'si elle est dans le film, je le fais pas' !".