Un phénomène semble s'être largement banalisé : l'écart d'âge entre les hommes et les femmes au sein du couple. Dans la société bien sûr, parmi les stars aussi (les sempiternelles blagues sur Leonardo DiCaprio font office de bonnes piqûres de rappel), et dans la culture populaire. Bien des films que l'on visionne banalisent totalement ce schéma, qui ne va que dans un sens : monsieur est toujours plus âgé que madame.
Les 28 années qui séparent Emma Stone de Colin Firth dans Magic in the Moonlight, les quasi vingt ans qui distancient Daniel Craig de Léa Seydoux dans Mourir peut attendre, ou encore (champions), les quasi quatre décennies qui éloignent Sean Connery de Catherine Zeta-Jones dans le film d'action Haute Voltige... On pourrait continuer longtemps. En France ce n'est pas vraiment mieux, puisque 16 ans différencient Dany Boon de Laurence Arné dans La chtite famille par exemple (pour citer les classiques).
Mais quand c'est l'inverse qui a lieu dans la vraie vie, une femme qui s'acoquine de partenaires moins âgés, cela ne va plus du tout : on dit d'elle que c'est une "cougar". Mais ce sobriquet là, qui se veut insultant, une personnalité bien connue de la télé française a décidé depuis des années de se le réapproprier...
Cette star des plateaux, c'est la légendaire Evelyne Leclercq, visage familier du public de TF1 - elle nous renvoie carrément à l'ère des speakerines. Puisqu'elle a fêté ce 12 juillet ses 72 ans, des déclarations fracassantes de la star ont récemment refait surface, repêchées par nos confrères de Purepeople.
Auprès du journal France Dimanche, l'ancienne présentatrice déclarait effectivement en 2014, avec le franc parler qui la caractérise : "J'ai été cougar, je l'assume. Aujourd'hui je le suis moins, mais dans le passé, j'ai eu de belles histoires avec des gens qui avaient l'âge de ma fille. C'est comme ça ! Je ne me vois pas du tout avec un monsieur de mon âge. Pour moi l'amour routinier tue l'amour".
Des déclarations qui nous apparaissent comme un tacle cinglant à toute cette logique sexiste qui voudrait inciter les femmes à avoir honte de leur sexualité. Car c'est un peu voire totalement ce que sous-entend le terme animal de "cougar". Une appellation qui déshumanise et s'apparente à du "slut shaming" : le fait de juger les mots et l'attitude d'une femme sous couvert d'une sexualité supposée ou affirmée.
Plus encore, le terme de cougar participe largement à ce phénomène que l'on appelle l'âgisme : cet ensemble de discriminations (persos, professionnelles) et de préjugés qui visent les personnes âgées, dès la cinquantaine, et notamment les femmes (pour changer). Souvent, on remarquera que les blagues sur l'âge constituent une excuse pour déployer le sexisme le plus décomplexé. Une autre personnalité, et pas des moindres, est d'ailleurs souvent victime de tout ce fond bien misogyne qui ne dit pas son nom : Brigitte Macron.
En 2017, la Première dame suscitait en retour l'analyse du sociologue Eric Fassin, toujours d'actualité : "on tolère un mari plus âgé que son épouse, mais pas l'inverse... C'est contraire à la norme. Et donc dire 'cougar', c'est animaliser : le désir féminin est considéré désirable, mais aussi menaçant pour la virilité".
Un "désir féminin" qu'Evelyne Leclercq ne craint pas de revendiquer.