Dans son manifeste subversif King Kong Théorie, la romancière Virginie Despentes écrit : "Après plusieurs années de bonne, loyale et sincère investigation, j'en ai quand même déduit que la féminité, c'est la putasserie. L'art de la servilité. On peut appeler ça séduction et en faire un machin glamour. Ca n'est un sport de haut niveau que dans très peu de cas. Massivement, c'est juste prendre l'habitude de se comporter en inférieure".
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Cette nécessité imposée à être "servile" ou "inférieure" face aux hommes, de plus en en plus de meufs viennent la dénoncer justement. Et notamment dans le PAF. Tu as certainement lu nombre de témoignages de la part de journalistes, présentatrices... Qu'elles visent un producteur, un décideur, tel présentateur du JT... Et aujourd'hui, c'est justement une animatrice de C8, Karine Arsène, qui tient à dénoncer l'attitude crasse de certains.
Invitée sur le plateau du talk-show Chez Jordan, celle que tu connais peut-être pour le Mag qui fait du bien assure effectivement avoir été évincée de TF1... après avoir dit "non" aux avances d'un célèbre animateur. Oui oui. La journaliste l'affirme texto auprès de Jordan De Luxe : "Je devais être en prime mais comme j'ai dit non à ses attentes, j'ai été virée le lendemain".
Des accusations graves qui s'inscrivent clairement dans le sillage du mouvement #MeToo. Karine Arsène détaille plus encore ce qu'elle a vécu : "Cet animateur était sur TF1 et il est encore sur les ondes aujourd'hui... Nous nous sommes retrouvés face-à-face à un moment et il m'a invitée à prendre un verre. Puis d'un coup il m'a regardée les larmes aux yeux et me dit 'tu sais j'ai besoin d'une relation fusionnelle pour travailler avec quelqu'un'... je lui ai répondu : 'moi, la seule relation fusionnelle que je peux t'offrir, c'est dans le travail' !". Logique.
Qu'à cela ne tienne : l'animateur en question, dont le nom n'a pas été révélé, n'a pas vraiment apprécié cette répartie. La journaliste aurait été "remerciée" le lendemain même, et ce alors qu'un épisode pilote avec un public avait déjà été tourné, qu'une émission en prime était prévue quelques jours après, et que la loge de l'animatrice avait déjà été préparée. Celle-ci témoigne : "C'est le producteur de l'émission qui m'a dit qu'en fait c'est annulé, et qu'ils ont finalement choisi une autre chroniqueuse".
Une émission... "qui n'a pas marché", tacle-t-elle. Dans le jargon, on appelle ça le karma. En tout cas, les mots de Karine Arsène pourraient étonner, mais hélas, ce n'est pas vraiment le cas. Car de plus en plus de pros de l'écran refusent de se taire et balancent des porcs ces dernières années. Elles dénoncent, plus que des faits présumés, un sentiment d'impunité hyper normalisé.
Récemment encore, c'était Natacha Amal, visage bien connu des séries télé frenchies des années 2000 (Femme de loi) qui avait témoigné, chez Jordan de Luxe toujours : "La famille du cinéma a un problème avec le droit de cuissage. Un co-poducteur avec qui j'avais refusé de coucher avait carrément dit 'si elle est dans le film, je le fais pas' !'. Et d'autres essayaient de me mettre la langue dans la bouche directement".
A quand la fin de tout ce vieux monde ?