Un sourire ironique, comme pour cacher sa déception. C'est ce qu'on a pu observer sur le visage de la championne américaine Megan Rapinoe après avoir loupé son penalty décisif, lors du match opposant l'équipe américaine à la Suède. Ce 6 août 2023, les Etats-Unis ont été éliminés des huitièmes de finale de la Coupe du monde féminine, championnat qui par le passé a pu pourtant l'ériger en double tenante du titre.
Et ce loupé n'a pas manqué de faire réagir. Surtout les pires. Comme souvent, Megan Rapinoe a suscité les pires commentaires homophobes. Ouvertement lesbienne, la médaillée d'or aux Jeux Olympiques aux 156 sélections est l'une des rares joueuses internationales médiatisées à revendiquer son homosexualité.
"Merci à Megan Rapinoe, la lesbienne qui déteste l'Amérique", "La Suède a de vraies femmes qui jouent dans son équipe. Nous avons une lesbienne aux cheveux bleus. Bien sûr, nous avons perdu. Au moins, Megan Rapinoe est finie pour de bon maintenant", "Megan Rapinoe craint, rien de plus qu'une footballeuse lesbienne qui déteste l'Amérique", ont balancé quelques supporters furibards sur Twitter.
Au menu ? Lesbophobie et sexisme.
Les réactions au loupé de Megan Rapinoe, bien évidemment, ne seraient pas vraiment les mêmes si l'on ne parlait pas ici d'une championne pourvue d'une certaine confiance en soi, d'une star médiatisée, et surtout, d'une icône queer d'un sport au public largement masculin. Insultée par les machos anonymes de tout poil (qui y vont de leur éternel "discours" sur le foot féminin, très original), et par les voix les plus conservatrices, Rapinoe est surtout la cible d'une lesbophobie décomplexée : ces insultes et discriminations qui visent les femmes lesbiennes.
Ce n'est pas nouveau. Chaque déclaration de Megan Rapinoe rameute toute une flopée de haters voyant en elle "le poison" de l'équipe américaine. Et de l'Amérique ? Oui, et cela s'explique également par ses attaques très remarquées envers Donald Trump, alors que celui-ci était encore président. Elle avait notamment affirmé en 2019 "ne pas vouloir aller à cette putain de Maison Blanche" en cas de victoire de son équipe...
Autre grosse hantise pour ses détracteurs : militante de la cause LGBTQ, Rapinoe a également toujours soutenu la communauté afroaméricaine. En septembre 2016 elle posait le genou à terre pendant l'hymne national américain afin de soutenir le quarterback Colin Kaepernic, qui avait protesté de cette manière contre les violences policières.
Cette année, c'est aussi dans un but de protestation que l'équipe américaine de foot féminin a décidé de ne pas chanter l'hymne national : défendre la "justice sociale". Une décision qui avait fait grand bruit, et engendré (oh, quelle surprise) l'indignation des voix les plus... "Tradis".
Quoi que fasse Megan Rapinoe, les lesbophobes ne sont jamais loin. C'est déjà avec une haine décomplexée qu'a été accueillie en 2021, en dehors des terrains de foot et des tirs au but, sa nomination aux côtés de mannequins grande taille en tant que nouvelle égérie de la marque de lingerie Victoria's Secret.
Les vrais losers dans toute cette histoire, ce sont encore celles et ceux qui pensent que lesbophobie et homophobie sont des attitudes tout à fait normales, un simple "folklore" quand on parle de ballon rond.
Et la principale concernée alors ? Elle s'est exprimée au sujet de ce raté : "Ca ressemble à une mauvaise blague, un mauvais film. J'ai manqué un tir au but. Alyssa, notre gardienne, a été incroyable, elle nous a maintenues en vie, et a marqué elle-même un tir au but... C'est la contrepartie de la beauté de ce sport. Ça peut être cruel. Mais je trouve que nous avons vraiment bien joué,. Je suis heureuse que l'on sorte en ayant joué comme ça".