C'est l'événement ciné de l'année : Ridley Scott sera de retour dans les salles obscures ce mercredi 22 novembre 2023 avec Napoléon, un biopic sur le célèbre empereur de France porté par Joaquin Phoenix et Vanessa Kirby. Un projet de grande ampleur qui compte énormément pour le papa de Gladiator, qui se retrouve déjà au centre de quelques critiques.
Là où les différentes bandes-annonces de ce film nous promettent du grand spectacle et une immersion passionnante dans la vie de cette figure historique controversée, de nombreux historiens ne peuvent en revanche pas s'empêcher de grincer des dents au regard des différentes libertés créatives prise par le cinéaste. Et parmi les plus vocaux, on retrouve Dan Snow, un historien britannique à l'origine de nombreux reportages diffusés sur BBC Two ou Channel Five en Angleterre.
Sur ses réseaux sociaux, ce dernier a notamment pointé du doigt le fait que, contrairement à ce qui sera dépeint dans le film, Napoléon n'a jamais tiré contre les pyramides d'Égypte, tandis que l'empereur n'était pas censé être présent à la célèbre exécution de Marie-Antoinette. Autrement dit, ne vous attendez pas à une véritable leçon d'histoire avec ce film capable de vous aider à parfaire votre culture en vue d'une future participation aux 12 coups de midi.
Une situation qui n'a rien d'une surprise - si Ridley Scott cherchait réellement à être crédible avec ce film, il n'aurait pas choisi un acteur américain pour incarner un Français (nos oreilles s'apprêtent déjà à saigner devant son accent), mais une critique qui n'a pas plu au principal concerné. Interpellé par le New Yorker à ce sujet, le réalisateur a tout simplement répondu : "Qu'il s'achète une vie". Aïe.
Toutefois, n'allez pas croire qu'il estime avoir réalisé le biopic ultime sur Napoléon. Au contraire. Même s'il rêvait de ce projet depuis des années et s'est longtemps documenté pour rester le plus crédible possible, allant jusqu'à analyser les différentes façons qu'avaient les soldats français et britanniques de charger leurs baïonnettes, il assume également avoir fait ce film pour s'éclater et rappeler au monde ses talents. "Vous savez, je n'ai toujours pas gagné d'Oscar [du meilleur réalisateur], a-t-il ainsi rappelé avec malice. Donc, si jamais j'en ai enfin un, je pourrai dire, 'Putain, il était temps'".
Surtout, Ridley Scott ne le cache, il a été contraint de changer pas mal de petites choses en amont du tournage afin d'aider Joaquin Phoenix dans son interprétation. Auprès d'Empire, il a reconnu que sa star avait eu beaucoup de mal à se glisser dans la peau de son personnage. "Il est venu me voir alors que l'on était à deux putains de semaines du tournage et m'a dit, 'Je ne sais pas quoi faire'. Alors, on s'est assis pendant dix jours, et tous les jours, on parlait des scènes. Une à une. Dans un sens, c'était comme si on répétait. Détail par détail, a expliqué le cinéaste. Quand vous avez Joaquin, vous devez réécrire quand il n'est pas à l'aise. Donc, on a démêlé le film pour l'aider à se concentrer sur qui était Bonaparte. Je dois respecter ça, car ce qui a été dit était très constructif et ça a permis de rendre le tout plus gros et meilleur". Quitte, possiblement, à perdre en subtilité et crédibilité au passage.
Même en temps, désolé de casser un mythe, l'histoire entre Rose et Jake dans Titanic a elle aussi été totalement inventée... C'est la magie du cinéma.