Et si on faisait honneur au service public ?
Cet été, la plateforme de francetv poursuit sa démarche mensuelle - donner libre accès aux oeuvres cinématographiques les plus diverses - en faisant se côtoyer en ligne des chefs d'oeuvre signés William Friedkin (French Connection), Oliver Stone (JFK), John Milius (Conan le barbare), ou encore Wes Anderson (A bord du Darjeeling Limited). Le meilleur du cinéma américain en somme.
Et c'est sur cette lignée que s'inscrit une rareté, signée d'une géant : La couleur de l'argent de Martin Scorsese. On connaît les néoclassiques du maestro italo-américain : Taxi Driver, Raging Bull, Les affranchis. Mais on parie que vous n'avez jamais vu ce film où cohabitent Paul Newman, légende du septième art, et Tom Cruise, alors aux racines de son mégasuccès planétaire. Vous pouvez le découvrir gratuitement sur cette page.
Mais pourquoi s'y plonger dans l'immédiat ? On vous détaille la chose...
La couleur de l'argent, de quoi ça parle ?
Simple : le film nous colle aux godillots d'Eddie Felson, ancien joueur de billard hyper roublard connu pour sa vivacité d'esprit. Alors qu'il profitait d'une retraite bien mérité, le cador va s'énamourer de Vincent, un jeune loup qui pourrait bien devenir un maître du jeu à boules. Leur relation va évoluer, entre rapport père/fils (spirituel), nostalgie et compétitions acharnées...
Eddie, c'est Paul Newman, et Vincent, c'est Tom Cruise. Cruise, qui pour la première fois de sa carrière tourne pour Martin Scorsese. Spoiler : le scientologue aurait beau être appelé par les plus grands (Scott, Spielberg, Paul Thomas Anderson), plus jamais il ne sera dirigé par Scorsese par la suite. Etonnant mais vrai !
A l'époque, Cruise est synonyme de succès naissant : Top Gun vient de sortir et s'impose en phénomène culturel. Bien qu'ayant brillé devant la caméra de Francis Ford Coppola, l'acteur n'est pas forcément engagé dans des projets d'une envergure artistique passionnante. Mais il y aura un avant et un après Couleur de l'argent : deux ans plus tard seulement, son jeu dans Rain Man dévoile ce qu'il est... Un très grand acteur.
Son intensité naturelle est déjà évidente dans ce drôle de film sportif (on vous met au défi d'en citer d'autres qui traitent du billard !). Même si face à lui, s'impose un modèle des plus imposants : Paul Newman (Butch Cassidy et le Kid, Luke la main froide).
Sa performance dans La couleur de l'argent transmet une émotion qui recouvre l'oeuvre en son entièreté. Plein de malice et de bagout, Eddie exprime également une mélancolie vertigineuse qui est celle des légendes. On sait le joueur professionnel sur le déclin, et ce qu'il vit aux côtés de Vincent est un véritable chant du cygne.
En cela, c'est comme si Martin Scorsese rendait hommage à la star : le metteur en scène lui attribue les oripeaux du champion qui, bien qu'au crépuscule de sa vie, témoigne d'un charisme inégalé en son domaine. A travers lui, Scorsese, amoureux invétéré du cinéma, semble à l'unisson faire honneur aux classiques des années soixante qui ont justement fait la renommée de Paul Newman. Un âge d'or !
Et au final, une sacrée performance. L'Académie des Oscars ne s'y est d'ailleurs pas trompée. Elle a remis la prestigieuse statuette du meilleur acteur à Newman en 1987. C'est mérité. Pour vous en convaincre, ne loupez pas cette précieuse séance.