Il y a treize ans dans L'Auberge Espagnole, on rencontrait Xavier aka Romain Duris, jeune con un peu paumé, parti vivre à Barcelone avant de se lancer sans passion dans une carrière de comptable, comme papa. On le retrouvait cinq ans plus tard apprenti-écrivain dans Les Poupées Russes, plus en vrac que jamais et en pleine loose sentimentale. Dans Casse-Tête Chinois, ses problèmes ont un peu changé. Ils sont plus matures. Et pour cause, Xavier a 40 ans et deux gosses. Séparé de Wendy désormais installée à New-York, il décide de quitter sa vie à Paris pour rejoindre sa progéniture Outre-Atlantique. C'est là que les choses se compliquent, Cédric Klapisch en profitant pour aborder tout un tas de sujets de société : la famille recomposée, le mariage blanc quand il se retrouve à épouser une Américaine d'origine chinoise pour obtenir la nationalité de Stan Smith, la PMA pour les parents homosexuels lorsqu'il décide de donner son sperme à Isabelle (la géniale Cécile de France, qui jouera bientôt les maîtresses de cérémonie des César).
La joyeuse troupe du premier volet s'est considérablement réduite. Seul persiste le noyau dur dans ce troisième épisode : Xavier, Wendy, Isabelle et son ex Martine (Audrey Tautou). Cédric Klapisch tire les mêmes ficelles que dans les deux premiers épisodes : images éclatées aux quatre coins de l'écran, ralentis, voix off de Xavier qui s'adresse directement au spectateur, devenu son pote avec les années. Le réalisateur est dans l'autocitation constante. Il en profite même pour faire directement référence à deux scènes des précédents volets : la course dans les rues de Barcelone pour avertir Wendy au lit avec un autre que son fiancé, sur le point de débarquer à l'appart ou la poursuite des amoureux à poil en pleine rue.
Tous ceux qui étaient déçus de ne pas retrouver Erasme dans Les Poupées Russes seront ravis de retrouver Xavier en plein délire psychotique. Les réponses à ses questions existentielles, c'est cette fois auprès d'Hegel et Shopenahauer qu'il ira les chercher. Difficile donc d'aimer ce Casse-Tête Chinois sans avoir suivi et apprécié le puzzle des deux premiers épisodes de la vie de Xavier. Peu importe l'âge de son protagoniste finalement. A 25, 30 ou 40 ans, la vie c'est toujours le bordel.
On est bien loin du New-York de Wall Street ou du NY sentimental peint par Woody Allen. Cédric Klapisch filme la Big Apple comme Barcelone, Paris ou Saint-Pétersbourg auparavant, à savoir des mégalopoles cosmopolites et bigarrées. Du loft bourgeois de Wendy à Brooklyn au petit studio de Xavier à Chinatown, le réalisateur survole New-York et la dessine éclatée, en morceaux à l'image de l'existence bordélique de son héros.
Xavier contre la vie : 3e round. Un Casse-Tête Chinois qui se savoure comme un film de famille avec émotion et nostalgie. Grâce à un montage rythmé et une musique funky et entraînante toujours signée Loïc Dury et Kraked Unit, ce dernier (?) épisode des aventures de Xavier est un pur petit moment de bonheur, dont on sort sourire aux lèvres et joie dans le coeur. L'instant anti-bad de la semaine.
Pour rendre votre vie aussi prise de tête que celle de Xavier, rendez-vous sur le site intéractif du film. Vous pourrez y raconter votre propre bordel à la sauce Klapisch.