Il y a encore quelques années, la culture manga/anime était très niche. Aussi surprenant que cela puisse paraître aujourd'hui avec des plateformes de streaming qui exploitent le filon comme jamais, lire ou regarder de telles oeuvres n'était pas très bien vu. Au contraire, les fans du genre pouvaient être moqués ou ignorés, la faute à des clichés omniprésents dans l'esprit d'une partie du public.
Mais alors, comment est-on passé de "japoniaiseries" à "japamania" ? Qu'est-ce qui a fait que cet univers de la pop-culture a enfin été accueilli à bras ouverts comme il le mérite ? Hiroyasu Matsuoka, le CEO de la Toho (studio de production mythique au Japon), a sa petite idée sur la question.
Auprès de VIPO, le dirigeant a laissé entendre que ce tournant aurait été causé par... My Hero Academia, édité en France par Ki-oon. "A l'époque, quand j'étais encore en charge du développement à l'international, des sociétés de distribution ont commencé à me parler quotidiennement afin de négocier, s'est-il souvenu. Ils voulaient tous désespérément récupérer My Hero Academia. On a remarqué que les distributeurs augmentaient leurs offres, alors même que leurs précédentes étaient encore en train d'être analysées."
Une confidence qui peut étonner au regard de la jeunesse du titre (2014) et de son concept plutôt basique, mais qui s'explique finalement logiquement. L'avantage de My Hero Academia, c'est que son histoire marquée par des affrontements entre jeunes super-héros et des super-vilains (et portée par quelques références à la pop-culture) est très facile d'accès pour un public international, déjà biberonné depuis des décennies aux comics américains des studios DC (Batman, Superman) ou Marvel (Iron Man, Spider-Man). Nul besoin d'être un expert/adepte du Japon et de ses coutumes, quand le monde mis en scène et ses enjeux font écho à ceux de X-Men.
Aussi, après avoir découvert l'intérêt international pour My Hero Academia, la Toho a profité de cet engouement et de cette ouverture envers la création Japonaise pour s'installer durablement et empêcher la porte de se refermer. "My Hero Academia nous a aidés à reconnaître le potentiel pour que les anime cartonnent à l'étranger et on a donc commencé à étendre notre business", a expliqué Matsuoka.
"Évidemment, on avait besoin de continuer à répondre aux demandes du marché domestique, mais nous étions guidés par la motivation de poursuivre cette expansion. On ne voulait pas passer à côté de ce boom", a-t-il précisé. Et d'ajouter : "Nous avions déjà notre réseau, c'est ce qui nous a par la suite permis de vendre des titres aussi différents que Jujutsu Kaisen, Frieren ou encore Les Carnets de l'apothicaire".
Une explication qui pourrait faire grimacer les fans de Dragon Ball, One Piece ou encore Naruto, mais qui n'est pas si improbable. L'an passé, une enquête révélait que le manga qui était le plus cosplayé dans le monde n'était autre que... celui de Kōhei Horikoshi. Et très loin devant la concurrence. Preuve que Deku et ses potes ont un impact bien plus fort qu'on ne l'imagine.