Tous les soirs à 20h, les Français sont appelés à applaudir à leurs fenêtres pour remercier les soignants et tous ceux qui continuent à travailler pour faire vivre le pays. Une initiative qui fait chaud au coeur, alors que les infirmier(e)s, pompier(e)s, médecins ou aide-soignant(e)s luttent au quotidien contre le coronavirus et risquent leur vie pour sauver celle des autres. Sauf qu'ils sont de plus nombreux à recevoir des lettres de menace leur demandant de déménager pour éviter tout risque de contamination. Mira, infirmière de 24 ans qui habite à Dourdan, a par exemple reçu ce mot anonyme laissé sur son pare-brise par l'un de ses voisins : "En concertation avec l'ensemble du voisinage, nous encourons un réel danger de vous avoir à nos côtés, il est préférable que vous vous gariez loin de la résidence, ou que vous preniez un logement dans votre hôpital, pour le bien de tous. Si un cas se confirme au sein de la résidence, vous serez tenue responsable ! Nous sommes tous confinés, mis à part vous."
Dans les Bouches-du-Rhône, une pompière et sa soeur, aide-soignante, ont également retrouvé sur la porte de leur appartement un mot de la part "des voisins" leur enjoignant de trouver un autre logement afin d'éviter de contaminer les lieux communs de la résidence. "Vous êtes infirmière donc vous avez plus de risque d'être contaminée par le virus donc merci de ne pas vous garer proche des autres voitures.", a reçu une infirmière de Lannion. On a reproché à Lucille, infirmière d'un hôpital de banlieue parisienne, de ne pas faire ses courses en dehors de la ville ou de promener son chien.
Une aide-soignante toulousaine a retrouvé ce mot : "En sachant votre profession, est-il possible pour notre sécurité de ne pas toucher les portes des parties communes ou peut-être dans les prochains jours de loger ailleurs ? Et peut-être aussi de sortir votre chien plus loin ? Ne prenez pas ça contre vous, mais je pense que moi-même ainsi que les voisins se sentiront plus en sécurité." Une autre, infirmière à Toulon, a été invitée à "ne pas emprunter l'ascenseur, ne pas toucher les éléments des parties communes ou mieux de déménager en attendant la fin de cette épidémie". Axel Gambey, un infirmier de Lyon a lui aussi été menacé pour déménager.
Des messages odieux qui, malheureusement, ne sont pas isolés et se sont multipliés dans toute la France, comme en témoignent de nombreux posts Twitter. Les soignants ne sont pas les seuls touchés, des personnes homosexuelles ont eux aussi reçu des lettres scandaleuses, dictées par une peur infondée de la contamination. Un couple gay de Marseille a ainsi découvert ce mot sur son pare-brise : "Pourriez-vous s'il vous plaît quitter la résidence car nous savons que vous les homosexuels sont les premiers à être contaminés par le covid-19. Ceci est le premier avertissement." Nombreux ont porté plainte. Un comportement qui a suscité l'indignation de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux. A juste titre.