Les étudiants sont en colère. Après avoir répondu aux ministres qui les accusaient de créer des clusters avec les soirées étudiantes avec le hashtag #BalanceTaFac, ils sont de plus en plus nombreux à demander un "remboursement partiel des frais de scolarité". Les étudiants de grandes écoles de commerce et de management payent en effet toujours autant, malgré les cours à distance mis en place suite à la pandémie, ce qu'ils trouvent un peu exagéré.
Pour rappel, les frais de scolarité des business schools comme HEC, EDHEC, ESSEC ou encore ESCP s'élèvent à environ 7 000 euros et jusqu'à 15 000 euros par an. Plusieurs étudiants en grandes écoles et leurs parents ont donc lancé une pétition en ligne depuis le 10 novembre 2020 sur le site MesOpinions. Un document qui a déjà réuni plus de 18 000 signatures. "Cette pétition n'a aucun but de nuire à la réputation ou à l'image des écoles de commerces françaises qui font parties des meilleures écoles au monde" est-il précisé dès le départ.
Mais pour eux, la "mise en place massive des cours à distance" à cause du coronavirus (et ce depuis le premier confinement) remet en cause "la légitimité du montant payé" des cours qui seraient "de moins bonne qualité". Ils ont aussi rappelé ne plus avoir accès aux écoles, ni même au matériel des établissements "qu'ils paient pourtant". Et "il ne faut surtout pas oublier la situation de beaucoup de parents, qui ont pu, dès mars, perdre leur emploi, ne pas avoir pu travailler en dépit des charges, loyers ou crédits qui doivent payer", donc la précarité étudiante qui est déjà un problème en France "pourrait prendre de l'ampleur avec des loyers à payer 'pour rien'".
Etienne Loos, président du Bureau national des étudiants en école de management (BNEM), a aussi expliqué que "les étudiants qui étaient en classe préparatoire l'an dernier ont eu des concours très particuliers, compliqués à gérer". Et "en arrivant dans une grande école, ils s'attendaient à profiter de la vie associative, or ils se retrouvent à retourner chez papa et maman et à rester sur le canapé au lieu de pouvoir faire leurs échanges à l'étranger. Cette frustration a fait resurgir ce débat".
Les grandes écoles de commerce et de management ont répondu aux étudiants dans une lettre ouverte. Et elles ont été clairs : elles ne baisseront pas les frais de scolarité. Pourquoi ? Parce que "les cours à distance ne coûtent pas moins chers que les cours en présentiel. Ils coûtent même plus chers, et le surcoût n'a pas été répercuté dans les frais de scolarité".
En effet, les business schools ont investi parfois jusqu'à des millions d'euros dans "les mesures sanitaires mais aussi et surtout dans des nouvelles technologies éducatives, dans le réaménagement de leurs espaces pédagogiques" pour que les profs puissent donner des cours à distance. En plus, selon eux, les professeurs ont "les mêmes objectifs de qualité" pour leurs cours qu'avant la Covid-19.
"Nos établissements sont à but non lucratif pour la grande majorité d'entre eux. Nos écoles dégagent généralement un résultat économique positif (car elles sont bien gérées !) qui est entièrement réinvesti au profit de la pédagogie et de l'expérience étudiante" est-il aussi précisé. Et "contrairement aux établissements publics", les business schools "ne reçoivent pas de dotations de l'Etat et doivent créer leurs propres ressources. Les écoles de commerce françaises payent donc tout : les bâtiments, les personnels, la technologie, les services supports, la recherche".
Les grandes écoles ont aussi assuré qu'elles ont "continué à avoir des relations internationales avec leurs partenaires académiques" et ont "offert la possibilité de suivre un cours d'un partenaire à distance", ce "qui se rapproche fortement des situations professionnelles que les étudiants auront à vivre demain". Les business schools ont également "renforcé leur proximité avec les entreprises et leurs diplômés, de façon que les offres de stages aux étudiants soient maintenues, que les formations en apprentissage puissent être assurées et que l'insertion professionnelle des jeunes diplômés ne soit pas trop affectée par le contexte actuel".
"Les écoles ont laissé leurs campus ouverts" peut-on lire, avec "la possibilité pour les étudiants qui le souhaitent de venir travailler en petits groupes sur leurs sites et de continuer de gérer les associations".