Depuis plusieurs années maintenant, les victimes de harcèlement ou d'agressions sexuelles sont incitées à ne plus se taire et à dénoncer via les hahstag #MeToo, #BalanceTonPorc, #BalanceTonYoutubeur ou, dernièrement, #BalanceTonTikTokeur. Alors que de nombreux témoignages affluent sur les réseaux sociaux, le monde du jeu vidéo se retrouve particulièrement touché ces derniers jours. Le week-end dernier, le youtubeur spécialisé dans le gaming ProSyndicate, de son vrai nom Tom Cassell, était accusé par deux ex-petites amies, Natalie ZombiUnicorn Casanova et KaitlinWitcher, d'avoir abusé d'elles, ce qu'il niait par la suite. Mais il n'est pas le seul.
Des dizaines de femmes ont pris la parole et dénoncé la discrimination, le harcèlement ou l'agression sexuelle dont elles ont été victimes de la part de certains joueurs. Cinq femmes ont ainsi accusé le joueur SayNoToRage (également Lono) de les avoir touchées sans leur consentement ou harcelées. "Je ne sais pas avec qui ni combien de fois tu as tenté cette manoeuvre, mais cette industrie fait déjà suffisamment peur sans les manipulateurs qui insinuent que la (meilleure) manière d'arriver au sommet c'est de passer par ton lit", a écrit Molly Fender Ayala, qui dirige une communauté du jeu Overwatch.
Des accusations suite auxquelles SayNoToRage a fait son mea culpa dans une vidéo Youtube : "Il n'y a pas d'excuse pour mon comportement (...) les choses que j'ai faites étaient inacceptables. Mes comportements égoïstes et inappropriés ont dérobé à ces personnes leur capacité à se sentir en sécurité. J'ai rompu la confiance et j'en suis profondément désolé".
Le joueur MoMaN a quant à lui été accusé de sexisme après qu'une vidéo datant d'il y a deux ans et demi ait refait surface. Dans celle-ci, on l'entend demander à une joueuse, Rory, "Est-ce que tu veux sucer ma b*** ?". C'est justement cette dernière qui a décidé de partager cette vidéo : "J'ai gardé cela secret pendant trop longtemps. Ça me scandalise toujours. Ce joueur, partenaire officiel de Twitch, est venu me trouver alors qu'il était en live. Il a entendu à ma voix que j'étais une fille. Sa communauté a commenté 'Viole-la' dans le tchat. Voilà ce que c'est d'être une joueuse dans ce milieu." Victime de harcèlement de la part de ses abonnés, elle s'est vue obligée d'arrêter de streamer pendant un moment et de passer son compte Twitter en privé.
Et ce sont loin d'être les seules accusations. Selon le New York Times, plus de 70 allégations de harcèlement, d'abus de pouvoir et de viol ont refait surface ces derniers jours.
Au delà des joueurs, le concepteur Chris Avellone, cofondateur d'Obsidian Entertainment, est également accusé de harcèlement sexuel sur plusieurs femmes entre 2013 et 2015. "Il m'a fait boire jusqu'au black-out. Lui et deux amis m'ont ramenée dans ma chambre, où il m'a sauté dessus devant les autres. Ils sont partis après quelques instants (également ivres) et l'un d'eux m'a dit ce qu'il avait vu le lendemain soir. J'ai eu des impressions très vagues de ce que quelqu'un avait fait de moi quand je me suis réveillée le lendemain matin, mais j'ai pensé que c'était un rêve. Quand j'en ai parlé à Chris, il m'a dit que je lui avais finalement dit non.", témoigne une internaute. Suite à ces accusations, Techland a annoncé mettre un terme à leur collaboration.
Accusé de ne pas avoir pris de sanction, Twitch a réagi et promis de réagir en conséquence : "Nous prenons très au sérieux les accusations de harcèlement sexuel. Nous examinons de près les comptes de créateurs concernés qui sont affiliés à Twitch et nous allons travailler avec les forces de l'ordre si nécessaire". L'entreprise apporte son soutien aux victimes : "Nous sommes reconnaissants à ceux qui ont eu le courage de parler et nous sommes déterminés à travailler pour rendre la communauté du streaming plus sûre pour tous".
Contactée par Numerama, la plate-forme précise que les sanctions pourront aller de l'arrêt du partenariat à l'exclusion, et elles seront basées sur "la crédibilité des accusations" et sur "l'historique de comportement du joueur". Un communiqué pas suffisant pour les streameuses, qui ont lancé le mouvement #TwitchBlackOut, appelant à boycotter la plate-forme. Une pétition a même été créée sur Change.