On a beau rouler à en incendier le bitume, on échappe jamais au sexisme le plus décomplexé. La preuve avec cette triste séquence médiatique abondamment commentée ces deux derniers jours : celle du nouveau GP Explorer, la course ultra suivie initiée par Squeezie, où l'on retrouve aussi bien des YouTubeurs que des rappeurs.
Lors du GP 2 qui s'est tenu le week-end dernier, la vidéaste Manon Lanza a vécu en pleine course un accrochage malheureux avec la voiture de Maxime Biaggi (de l'émission Zen), suite à une erreur de pilotage. Cela a conduit à une sortie de route. Et la jeune femme a subi, en retour, non pas du soutien, mais... un cyber harcèlement massif.
"Bon réflexe de Kameto, qui a de suite demandé aux viewers de ne pas aller s'en prendre à Manon. J'espère que les gens vont se tenir", avait annoncé le journaliste Vincent Manilève, expert des cultures web.
Un espoir rapidement déçu...
>> Les médias mainstream sont-ils toujours aussi ringards quand ils parlent de YouTube et de Twitch ? <<
Une finalité déplorable qui a quelque peu terni l'enthousiasme qu'ont pu ressentir près d'un million de viewers fidèles sur la plateforme Twitch. Parmi les milliers de commentaires, des internautes anonymes reprochent notamment à la YouTubeuse d'avoir "niqué" (sic) la course. Tant et si bien, relate La Voix du Nord, que le chat Twitch a du être passé en mode emote-only : le public ne pouvait commenter que par des emojis...
"L'ampleur que ça prend ?? Y'a carrément un gars qui se sert de bots pour aller mettre des centaines de commentaires insultants sous les post de Manon. Elle se reçoit plus de haine que des racistes il serait temps de revoir vos combats hein", déplore un internaute. Une haine qui ne passe pas.
Sur Twitter, cela fait 24 heures que le public du "GP" se mobilise pour défendre la jeune femme. "Manon" est même passée en Top Tendances. On y déplore le sexisme affolant que subit celle que l'on accuse d'avoir "gâché la fête". On y sensibilise au sexisme. Et cette affaire dépasse de loin la course...
Car mecs et meufs anonymes y expriment une tristesse bien légitime, qui tient de l'état des lieux social : "La tempête de merde que subit Manon n'est que la conséquence d'une non responsabilité de tout un milieu qui, par paresse, refuse de porter ses couilles et ses ovaires à normaliser la présence de plus de meufs à des événements. J'ai la haine", déplore une internaute.
Si cet accident fait autant parler, c'est parce qu'il cristallise beaucoup de choses : sexisme trop ordinaire subi par les créatrices du web, sur YouTube et Twitch, présence féminine déconsidérée dans un microcosme majoritairement masculin, ou qui a trait à une audience majoritairement masculine, mais aussi, clichés machos sur les "femmes au volant"...
"Si vous refusez de voir la misogynie dans le harcèlement que reçoit Manon ça ne veut pas dire que ce n'en est pas. Vous oubliez qu'elle a été emmenée à l'hôpital", "Ceux qui disent 'femme au volant' : en France, 84 % des accidents faisant des blessés ou des morts, sont causés par des hommes, ravalez votre misogynie", "Ce qui s'est passé arrive même dans les compétitions pro, vous profitez juste de l'occasion pour étaler votre misogynie, elle n'a rien gâché du tout, c'est vos réactions qui foutent la merde", peut-on lire sur Twitter.
La principale concernée a rassuré ses fans sur Instagram : "Je vais bien, les examens sont positifs. Je vous aime, à très vite". Maxime Biaggi quant à lui a déclaré en story : "C'est la vie, c'est une course, on ne peut pas tout contrôler. Force à Manon, c'est la vie, l'important c'est qu'on va bien".
Derrière la fin de la course, un sport de combat se poursuit sur les réseaux sociaux : la lutte, de longue haleine, contre le sexisme.