Un pont Victorien de 135 ans enveloppé dans du papier d'aluminium pour essayer de l'empêcher de surchauffer et de se fissurer, c'est ce que l'on peut actuellement découvrir en Angleterre et c'est le résultat d'une vague de chaleur inédite qui a bouleversé un pays non préparé à de telles températures et à un phénomène climatique qui devrait battre tous les records de son histoire.
Oui, que ce soit en France, en Espagne ou même aux USA, personne n'est épargné par ce réchauffement climatique. Pas même le Royaume-Uni qui voit donc aujourd'hui des températures aller jusqu'à 38° à Londres et même 40° dans le reste de l'Angleterre. A ce jour, il s'agirait des chaleurs les plus élevées jamais enregistrées pour les îles britanniques, ce qui a notamment obligé le Met Office à émettre un "avertissement rouge pour chaleur exceptionnelle" pour la première fois.
Fait surprenant mais tristement logique, ce dérèglement climatique - qui pourrait malheureusement durer encore plusieurs jours, n'impacte pas seulement la population locale. Tandis que de violents incendies ont menacé divers autoroutes dans le pays, les monuments subissent à leur tour ces fortes chaleurs. Aussi, afin d'éviter les problèmes architecturaux potentiels, les ingénieurs de la ville de Londres ont eu l'idée d'installer des feuilles d'isolation en argent sur les chaînes du pont Hammersmith, mais également de mettre en place un système de refroidissement durant la nuit. Les objectifs ? Refléter le soleil pour éviter qu'il ne fasse trop de dégâts sur les matériaux et sécuriser les semelles du pont afin qu'il puisse rester ouvert au public.
Une situation historique qui nous offre quelques images amusantes, mais qui ne fait pas du tout rire les ingénieurs. Là où le pont comporte quatre chaînes de socles qui sont ancrées au lit de la rivière, il faut savoir que ces chaînes qui le soutiennent sont habituellement maintenues à 13°. Or, dans l'éventualité où celles-ci viendraient à atteindre les 18° seulement, les autorités se verraient immédiatement contraintes de fermer l'accès au pont en raison d'un éventuel danger structurel. "La sécurité publique est notre priorité numéro un", a rappelé Sebastian Springer, qui dirige le projet. Et forcément, avec les chaleurs actuelles, le risque d'un possible drame est plus que jamais d'actualité et nécessite une surveillance accrue.
Le point positif (si on peut dire), c'est que les autorités ne découvrent pas le problème aujourd'hui. Cette tôle d'aluminium mise en place cette semaine fait au contraire partie d'un "système de contrôle de la température pionnier" qui a coûté près de 450 000€ et qui a été conçu exclusivement pour maintenir le pont à une "température de sécurité". Autrement dit, rien n'est improvisé. En réalité, ces craintes remontent à déjà plusieurs années. En 2020, la structure avait notamment été complètement fermée au cours du mois d'août quand il avait été découvert que les premières hautes températures venaient déjà de creuser des microfractures dans ces socles.
En revanche, si les autorités compétentes semblent donc en mesure de protéger la population et ce pont historique, cette sécurité n'est pas sans conséquences. Construit en 1887, le Hammersmith - qui n'est autre que l'un des plus anciens ponts suspendus du monde, est aussi l'un des plus chers à réparer avec un coût estimé à 130 millions d'euros. Or, le ministère des Transports a lui-même déjà averti qu'il ne paierait pas plus d'un tiers du coût total des réparations qui, pour cette première phase, s'élève déjà à plus de 8,9 millions d'euros. Une facture qui risque encore d'augmenter avec les records de températures de cette année (et des années à venir), qui pourrait faire mal au portefeuille des habitants.