Purebreak : Depuis quand fais-tu de la musique ?
Isilde : J'en ai toujours fait. J'ai commencé quand j'étais toute petite. Même en maternelle, je chantais déjà. Ensuite, en primaire, je suis entrée dans la chorale de mon école. Après, les choses se sont enchaînées. Arrivée au collège, il n'y avait plus de chorale à l'école donc j'ai dû faire du chant de manière extra-scolaire. L'opéra de Nice offrait une formation lyrique gratuite pour les jeunes de 8 à 15 ans et j'y suis restée 6 ans. A 15 ans, j'ai trouvé une prof de chant anglaise, qui s'appelle Vonny Marshall-Edwards, avec qui j'ai fait du chant "plus moderne".
Des trucs du quotidien qui ne sont pas forcément évidents pour moi
Tu es dyspraxique, qu'est-ce que c'est ?
Dans mon cerveau, il y a des connexions qui ne sont pas faites et qui ne sont pas établies. C'est un peu un handicap au quotidien mais ce n'est pas très lourd. Je suis maladroite, j'ai des problèmes spatio-temporels, de coordination, j'ai beaucoup de mal au niveau de l'écriture, de la propreté, de bien manger avec les couverts, des trucs un peu bêtes (rires). J'ai du mal avec les lacets, à m'habiller avec des boutons... C'est des trucs du quotidien qui ne sont pas forcément évidents pour moi mais qui peuvent l'être pour la plupart des gens. Mais dans mon cas, j'arrive à compenser comme je peux avec beaucoup d'efforts parce que ces choses du quotidien demandent beaucoup d'efforts et de concentration.
C'est plus difficile pour jouer un instrument pour toi ?
Oui et c'est pour ça que j'ai commencé le piano quand j'étais toute petite parce que la coordination des doigts était vraiment quelque chose d'impossible pour moi. Du coup, j'ai commencé le piano pour me rééduquer les doigts, la main, la coordination. J'en ai fait 10 ans mais j'ai le niveau de quelqu'un qui en a fait deux ans parce que je suis obligée de réapprendre à chaque fois. C'est plus compliqué. Associer le piano et le chant, c'est sûr que c'est beaucoup plus difficile parce qu'il faut que je sois concentrée sur les 2.
J'ai réussi avec beaucoup de persévérance, de travail et de concentration à compenser cet handicap
Comment tu as appris ce handicap ?
Je ne m'en souviens plus tellement parce que j'étais petite, je devais être en début de primaire, mais ça a dû être mes parents qui me l'ont dit. Mais après, ils m'ont toujours dit que c'était un handicap mais il ne fallait pas que je me vois comme une handicapée parce que je pouvais réussir à faire les choses si j'étais convaincue que je pouvais les faire. Que je trouverai les moyens de les faire. Dans mon cas, ça m'a été utile parce que j'ai réussi avec beaucoup de persévérance, de travail et de concentration à compenser à peu près cet handicap, mais il y a beaucoup de gens qui, malgré la volonté, n'y arrivent pas.
Tu dis avant ton audition à l'aveugle que tu avais peur de tomber ou de te prendre les pieds, ça t'es déjà arrivée sur scène ?
Oui, ça m'est déjà arrivée sur scène et dans la vie de tous les jours, partout. Tomber, faire un mouvement brusque... Une fois, sur scène, j'ai donné un coup de guitare à quelqu'un (rires). C'était lors d'un concours de chant, je me suis retournée et bam ! Ce sont des trucs qui m'arrivent souvent et ça me demande beaucoup de concentration de ne pas le faire, en plus de coordonner mes mouvements, de ne pas m'étaler du rouge à lèvres partout...
Pourquoi participer à The Voice aujourd'hui ?
Parce que c'est le plus grand concours de chant, la plus grande exposition, et que ça me fait rêver. Surtout que j'ai toujours regardé The Voice à la télé quand j'étais plus petite.
Tu as repris Poker Face de Lady Gaga, pourquoi ce titre ?
C'est la première que j'appris à la guitare. Lady Gaga est une artiste que j'adore, je suis complètement fan de son côté un peu fou, c'est une artiste complète, extravagante, qui met le feu sur scène et ça j'adore. Et puis même, elle compose, elle a un talent et une voix incroyables. C'était une évidence pour moi de reprendre cette chanson.
Tu as été déçue que Pascal Obispo et Marc Lavoine ne se retournent pas ?
Pas du tout parce que j'ai eu 2 coachs et c'est déjà top ! J'en voulais juste un, c'était déjà super alors en avoir 2, c'est top !
La musique me permet d'exploser sur scène
Pourquoi avoir choisi Amel Bent et non Lara Fabian ?
Il faut savoir qu'avant de venir sur scène, j'espérais qu'une personne se retourne, comme ça je n'aurais pas à faire de choix et c'est déjà génial si y'en a un qui se retourne. Du coup, quand j'ai vu que les deux s'étaient retournés, je n'avais pas prévu le coup et je n'avais pas réfléchi avant à qui je prendrais. J'ai vraiment écouté ce qu'elles avaient à me dire, leur ressenti et celle qui m'a le plus touchée, c'était Amel Bent. Je ne pouvais en choisir qu'une, sinon j'aurais pris les 2 (rires).
Lara Fabian a dit que tu étais une " fille timide qui ne se libère que par la musique", tu es d'accord ?
Surtout dans cette expérience oui ! Il y a un peu ce contraste chez moi qui suis un peu timide parfois et la musique me permet d'exploser sur scène, de montrer une facette de moi que je ne montrais pas forcément au guichet. Donc oui elle a eu raison.
Pascal Obispo t'a reprochée des problèmes de justesse, tu comprends ?
Sur le moment, je n'ai pas vraiment fait gaffe. Mais bon, c'est possible, avec le stress, mais honnêtement, sur le moment, j'étais tellement dans mon monde et je pensais juste à rien. J'étais tellement stressée et dans ma bulle que, même les commentaires, j'avais encore du mal à réaliser.
Amel Bent a aimé ton côté "barré", tu es comme ça ?
Il faut demander à mes amis mais je pense que j'ai ce petit côté naturel, on va dire, et qui a peur de pas grand-chose. Même sur scène, je me lâche ! Mais c'est pas fait exprès, c'est vraiment comme ça sort, comme si j'étais dans ma salle de bain (rires). Avec l'adrénaline de la scène et les musiciens, ça ajoute encore une couche et du coup je m'ouvre.
Tu es en Terminale, c'est pas trop difficile d'allier les cours et les tournages ?
J'ai dû louper un peu l'école mais bon... Les profs et les élèves me demandaient où je partais. En revenant des tournages, j'avais mon bac blanc et c'était difficile à gérer. Être avec son cahier de physique et être dans les backstages des studios, c'est sûr que ce n'est pas facile mais je n'avais pas le choix.
Cette expérience m'a inspirée beaucoup de choses, même pour mes textes
Tu n'aurais pas préféré attendre d'avoir le bac en poche pour participer ?
L'occasion se présentait maintenant et je me suis dit que, quand les choses viennent comme ça, il faut saisir la chance direct et se lancer. De toute façon, je n'ai rien à perdre et ça m'a appris beaucoup, même pour le futur, sur les métiers de la musique. Je suis jeune, faut que je choisisse aussi ce que je veux faire et être en contact avec des gens qui sont déjà professionnels, c'est une chance incroyable.
Tu as déjà beaucoup de chansons composées ?
J'en ai composé certaines. Je compose quand quelque chose me touche particulièrement et vu que je suis quelqu'un d'assez sensible, j'écris pas mal. Avant, j'étais en anglais et là je commence à écrire des textes en français. J'ai quelques chansons de prêtes déjà. Cette expérience m'a inspirée beaucoup de choses, même pour mes textes. C'est que du positif.
Tu veux faire quoi après le bac ?
J'aimerais bien être dans la musique, évidemment ! Et justement ça m'a donné la confirmation que j'attendais de vouloir vraiment être dans la musique. Être en contact avec des talents comme ça, voir leur quotidien, qu'ils m'expliquent la musique, et je me suis rendue compte que, même s'il y a de la galère, c'est vraiment ça que je veux faire.
Propos recueillis par Marion Poulle. Contenu exclusif. Ne pas reproduire sans citer PureBreak.com.