Relire la première partie : "On a volé le métier de personne"
Est-ce que vous pensez que le terme YouTubeur vous met indirectement dans une case et a un aspect négatif sur la perception de votre métier ?
Jérémy Nadeau : Complètement
Patrick Mendy : Ouais. Et je le dis jamais. Je dis "Je fais des vidéos".
Jérémy Nadeau : Quelqu'un, par exemple, qui sort d'une école de cinéma et qui fait un court-métrage sera bien plus respecté que nous, qui avons fait 30/40/50 vidéos et même des courts-métrages.
Et avec ce doublage, ça change quelque chose pour vous de gagner de l'argent autrement que via YouTube ? Cela vous permet-il de vous sentir plus légitime, moins "redevable" envers le public ?
Jérémy Nadeau : Je ne pense pas que l'on se sente redevable. Ce n'est pas leur argent que l'on prend. Mais oui, c'est cool de gagner de l'argent avec des projets comme ça. Tout cet argent là, je l'appelle "l'argent de la fierté". On est vraiment fier de l'avoir fait et c'est cool de l'avoir gagné. Ça n'a pas le même goût que ce que l'on fait sur YouTube. Encore une fois, c'est une question de légitimité.
YouTube ressemble finalement à la télé ou à la musique. On peut être au top très rapidement et se faire dépasser par un nouveau, plus jeune, tout aussi rapidement. Vous y pensez souvent à cette concurrence ?
Patrick Mendy : On la voit déjà (rires).
Jérémy Nadeau : Oui, on le voit que les nouveaux arrivent très vite, avec du contenu qui plait ou pas d'ailleurs.
Patrick Mendy : Ils sont de plus en plus petits.
Jérémy Nadeau : C'est le truc qui me fait un peu peur, ils sont de plus en plus jeunes. Ils ont 13/14 ans, ils ont déjà des centaines de milliers d'abonnés. Il faut qu'ils soient très bien entourés et un peu surveillés. Car cela risque de créer des comportements et des attitudes qui ne sont pas forcément les bonnes, dans un monde où l'on peut être rapidement dépassé.
Et vous n'avez pas peur d'être dépassés ? Que tout s'arrête du jour au lendemain ?
Jérémy Nadeau : On fera tout pour que ça ne s'arrête pas en tout cas. Si on y pense trop, c'est là que ça pourrait arriver. Donc on se dit que ça va continuer encore de belles années.
Patrick Mendy : C'est tout à fait ça. On l'espère.
Jérémy Nadeau : Je pars du principe que si je me dis que dans un an tout ça c'est terminé, pourquoi continuer ? Ça ne servirait à rien. Ça va tellement vite. Je sais que la chaîne de Patrick a explosé en 6 mois. Ta vie a changé du tout au tout en un an.
Patrick Mendy : Ouais c'est vrai, c'est dingue.
Jérémy Nadeau : On se le disait il y a quelques jours 'A partir de quand notre vie elle a changé ?' On n'arrive pas à le savoir, car c'est arrivé tellement du jour au lendemain, qu'on ne l'a pas vu arriver. Ça peut peut-être arriver dans l'autre sens aussi...
Ce doublage était-il un projet à part dans votre carrière ou le début de quelque chose de plus important, ailleurs que sur YouTube ?
Jérémy Nadeau : Je ne pense pas que ce doublage soit juste un projet à côté, je pense que c'est juste un pied dans un nouveau truc. Et si on peut y mettre un deuxième orteil, ça serait cool.
Patrick Mendy : Ou le corps entier.
Et parmi les nouveaux projets possibles, comme c'est la mode actuellement, un livre est-il prévu ?
Jérémy Nadeau : Heuuuu, je pense pas (rires).
Patrick Mendy : Je voulais faire une blague sur ça en plus.
Jérémy Nadeau : Mais un livre sur Pat et Jérem ça pourrait être cool. On va y penser.
Patrick Mendy : Une BD, un manga...
Jérémy Nadeau : Un dictionnaire.
On le voit régulièrement, de nombreux YouTubeurs font une pause durant l'été. Ça sera votre cas aussi ?
Jérémy Nadeau : Absolument pas. Moi je tourne tout l'été.
Patrick Mendy : Non... On ne part pas cette année.
Vous préparez de nouveaux concepts ?
Patrick Mendy : Oui.
Jérémy Nadeau : Nouveaux concepts, mais surtout une plus grosse quantité de vidéos, avec en plus des apparitions dans d'autres trucs. On prépare la rentrée et l'année 2017 d'ailleurs, qui va s'annoncer très chargée, pour vous comme pour nous.
Vous préparez tout ça énormément en amont...
Jérémy Nadeau : Ouais et c'est nouveau.
Patrick Mendy : Au bout d'un moment on se dit qu'il vaut mieux, parce qu'avec ce qui arrive derrière (la concurrence, ndlr), on ne veut pas se faire dépasser par ça.
Jérémy Nadeau : Et puis on s'est dit que là, on a eu un projet de doublage qui a duré un jour. Mais imagine que la prochaine fois on nous dit que ce n'est plus pour du doublage, mais que c'est pour jouer dans un film où l'on doit partir pendant un mois 1/2. On serait là 'Oh mince, j'aurais pas le temps de tourner, j'aurais dû préparer des vidéos en avance'. Donc c'est ce qu'on fait. On se dit 'pourquoi pas ?' Si jamais ça arrive, au moins on sera prêt...
Et ce n'est pas trop frustrant ? Cela doit changer beaucoup de choses sur votre façon de tourner, préparer une vidéo ?
Patrick Mendy : On a un peu moins de recul.
Jérémy Nadeau : A la base, j'étais un peu contre tout tourner en amont, parce que tu ne peux pas vraiment avoir de recul, tu ne peux pas revoir tes trucs, relire beaucoup... Tout est trop à chaud pour pouvoir juger correctement. Mais après, imaginons qu'on a 15 vidéos d'avance, on pourra se dire 'Okay, maintenant on peut vraiment se poser sur un truc qu'on a envie de faire, une idée de vidéo qui paraît exploitable et on a tout le temps qu'on veut.'
Est-ce que vous voyez des choses à changer sur YouTube ? Par exemple, on voit de plus en plus de vidéastes demander des pouces bleus avant même que la vidéo ne commence...
Jérémy Nadeau : L'algorithme... La demande des pouces bleus c'est pas bon ça. C'est comme quand tu arrives dans un restaurant et qu'on te dit 'Payez d'abord par contre, s'il vous plait. Même si le plat est dégueulasse, au moins vous aurez payé'.
Patrick Mendy : C'est ça. Et puis en plus les gens le font automatiquement...
Jérémy Nadeau : Mais même nous on le dit 'N'hésitez pas à vous abonner, machin...' alors que je ne pense pas que quelqu'un a déjà hésité et, parce qu'il a entendu la phrase, s'est dit 'Ah c'est vrai, il ne faut pas que j'hésite, bon je vais le faire alors'. C'est pas parce qu'on demande de faire un truc que les gens le font. Donc ouais il faut arrêter.
Et qu'est-ce que vous aimeriez voir plus souvent sur YouTube ?
Jérémy Nadeau : J'aimerais bien que les gens tentent plus de trucs. A commencer par moi, il faudrait que je tente plus de trucs, que je m'écarte un peu du format que je fais. Et plus de surprises aussi. Il y a des chaînes qui le font déjà, mais j'aimerais bien voir des trucs un peu plus ambitieux.
Ninja Turtles 2 est actuellement au cinéma.
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