Alors qu'un étudiant sur deux serait inquiet pour la rentrée 2020, cette nouvelle ne va pas arranger les choses. Dans un communiqué, le Conseil d'État a révélé avoir validé l'augmentation des frais d'inscription des universités françaises pour les étudiants étrangers. La plus haute juridiction administrative en France a en effet tranché ce mercredi 1er juillet 2020, en rejetant au passage le recours de plusieurs associations dont l'Unef (Union nationale des étudiants de France), déposé le 12 juin 2020. Déjà, en octobre 2019, le Conseil Constitutionnel ne se disait pas opposé à des droits d'inscription "modiques". Il restait à déterminer ce que les Sages appellent "modiques".
Du coup, le Conseil d'Etat trouvant que cette hausse des droits d'inscription ne va pas à l'encontre "de 'l'exigence constitutionnelle de gratuité' qui vise à assurer l'égal accès à l'instruction", elle sera bientôt mise en place par les universités. Désormais, au lieu de payer 170 euros en frais d'inscription pour une licence et 243 euros en frais d'inscription pour un master, les étudiants étrangers hors Union européenne devront lâcher respectivement 2 770 euros en licence et 3 770 euros en master.
Pour justifier sa décision, le Conseil d'Etat a rappelé que "les étudiants en mobilité internationale peuvent être éligibles à certaines" aides financières et qu'ils peuvent aussi obtenir une "exonération totale ou partielle des droits d'inscription mis à leur charge". "La Constitution exige la gratuité de l'enseignement supérieur public, mais des droits d'inscription modiques peuvent être demandés" et "les frais d'inscription contestés ne font pas obstacle à l'égal accès à l'instruction, compte tenu notamment des aides et exonérations destinées aux étudiants" ont-ils ainsi détaillé.
Sauf que les syndicats étudiants sont toujours aussi contre cette hausse des tarifs d'inscription à l'université pour les étudiants étrangers. La réaction de Mélanie Luce, présidente de l'Unef, ne s'est d'ailleurs pas faite attendre. Elle a déclaré à Libération que le Conseil d'Etat a validé "une décision très dangereuse pour les étudiants". "Non seulement on sélectionne par l'argent, mais on comble le coût de l'enseignement supérieur avec l'argent des étudiants étrangers" a-t-elle précisé.
Alors que la précarité étudiante est une triste réalité, d'où la colère des internautes suite aux bugs du CROUS, Mélanie Luce a déploré : "Le Conseil d'Etat nous dit l'inverse du Conseil constitutionnel. Le coût n'est pas évalué selon la situation de l'étudiant mais selon le coût de la formation et l'existence de bourses. On dit là aux étudiants que 3 770 euros c'est modique. C'est ce que nous payons en province sur un an pour nous loger ! C'est scandaleux".
Quant aux aides financières, elle a répondu que celles-ci seraient versées à seulement 27% des étudiants inscrits et que les exonérations ne concerneraient que 10% des étudiants inscrits.