Shaïna n'avait que 15 ans. En 2019, l'adolescente est décédée après avoir subi un long calvaire. Victime de harcèlement et d'agressions sexuelles en réunion, la jeune fille a été retrouvée morte à Creil, dans l'Oise, après deux années de souffrance. Elle a été poignardée et brûlée. C'est une histoire sordide, qui a engendré ce 1er juin, soit plus de cinq ans après les faits, le jugement de quatre jeunes hommes, condamnés lors d'un procès en appel, à des peines allant de six mois à deux ans de prison avec sursis.
Voici les faits : en 2017, alors qu'elle n'a que 13 ans, Shaïna est victime d'un guet-apens de la part de son petit ami, près d'un hôpital désaffecté de Creil. Là-bas, l'adolescente sera agressée sexuellement. Victime deux années durant de harcèlement, la jeune fille sera retrouvée, brûlée vive, à l'âge de 15 ans, en 2019. Ce 5 juin se tiendra d'ailleurs le procès d'un autre jeune homme, accusé quant à lui d'avoir poignardé et brûlé vive l'adolescente.
Shaïna faisait notamment l'objet d'un chantage odieux : son petit ami l'avait menacée de dévoiler publiquement des photos intimes de sa personne. Ce que l'on appelle : du "revenge porn" - diffuser des photos en ligne, souvent à caractère sexuel, d'un(e) proche, dans un but de "vengeance". C'est un délit qui peut engendrer pour son auteur jusqu'à deux ans de prison et 60 000 euros d'amende.
"L'affaire Shaïna" remue le ventre, par la cruauté des faits énoncés ci-dessus. Mais aussi parce que ces faits synthétisent toutes sortes de violences misogynes : des actes clairement dictés par la haine des filles et des femmes, de leur corps, de leurs droits. A l'origine, on trouve donc le "revenge porn", qui a pour but d'humilier la victime, de l'intimider, mais aussi de la faire culpabiliser, par rapport à son intimité, et sa sexualité.
Les viols en réunion, reformulés en "agressions sexuelles" auprès du tribunal, constituent une autre forme d'humiliation, et de domination par la violence. Mais on peut aussi évoquer le fait que ces agressions sexuelles aient été filmées, et les images, diffusées par la suite dans le quartier de la victime. Celle-ci devait alors "affronter une réputation de fille facile", relate franceinfo. C'est ce que l'on appelle le "slut shaming" : le fait de juger et d'insulter une femme en raison de sa liberté sexuelle supposée.
D'autant plus abjecte ici qu'il est question de viols, sur une adolescente d'à peine 15 ans alors.
A cela, il faut également ajouter le fait que la parole de l'adolescente a été "remise en cause" lorsqu'elle a porté plainte au commissariat," car elle n'aurait pas montré de signes de traumatisme", détaille encore franceinfo. C'est hélas un phénomène hyper courant : le "victim blaming", soit le fait d'inverser le rapport coupable/victime. La victime se voit accusée de mentir, remise en question pour ses mots, son attitude. Un super docu Netflix - particulièrement remuant cependant - vient justement de sortir sur le sujet : Victimes/Suspectes.
Bref, c'est tout un concentré de violences sexistes et sexuelles qui a abouti à un meurtre abject. Et à un jugement donc, qui a beaucoup fait réagir les internautes sur Twitter : "Condamnés à RIEN. Scandaleux !!", "6 mois ?? Les peines sont si faible comparé au degrés de violence du crime", "Mais c'est quoi ces peines sérieux", "Non mais on marche sur la tête. Toutes mes pensées vont à la famille de Shaïna".