Purebreak : Tu mixes souvent dans des festivals, mais il t'arrive de jouer dans des clubs comme à La Clairière. Du coup, dans quel endroit préfères-tu mixer ?
Lost Frequencies : Quand c'est la saison des festivals, je suis très excité, mais quand elle se termine, ça me fait plaisir de recommencer à mixer en clubs. C'est chouette de varier surtout que j'ai la chance de pouvoir le faire.
Adaptes-tu tes sets en fonction de l'endroit ?
Oui. En festival, j'arrive avec ma playlist pour envoyer des trucs qui pètent alors qu'en club, je choisis des morceaux un peu plus groovy. Du coup, je dois me réadapter à chaque fois, mais c'est vraiment cool de pouvoir changer d'ambiance et de tester de nouvelles choses.
Tu viens d'ailleurs de rentrer de Tomorrowland. Ça a toujours été un rêve pour toi de jouer dans ce festival ?
Quand j'ai commencé à mixer, mon oncle connaissait l'un des mecs de Tomorrowland qui a voulu me faire jouer là-bas à l'époque, mais je n'étais pas prêt à ce moment et je n'en avais pas envie. C'était assez spécial de me dire que j'irai un jour mixer dans ce festival. Et finalement, le week-end dernier, je me suis retrouvé à jouer sur la main stage ce que je n'aurais jamais imaginé. Tout s'est bien passé, je suis donc content !
Y a-t-il un endroit où tu rêves de mixer ?
Je rêve d'aller à Burning Man pour voir à quoi ça ressemble. Tant qu'on l'a pas fait, on ne peut pas s'avoir ce que c'est.
Tu as prévu de sortir une réedition de ton album "Less Is More", pourquoi ce choix ?
En fait, mon album est convivial avec des morceaux du style radio. Il est adapté à tout le monde, mais quand j'allais en clubs et en festival, je jouais des versions de mes chansons un peu plus festives et deep. Du coup, j'ai décidé de sortir ses versions. Je pense que ça n'a pas plu à certains fans qui sont adeptes de la sonorité radio, mais ça m'a permis d'élargir ma communauté au niveau de la musique électro. Et même des personnes qui n'aiment pas ce style ont apprécié mes nouvelles versions sur mon album deluxe ! C'est l'effet que je voulais : un crossover entre les deux genres. Je suis hyper content du résultat.
En parlant d'album, Feder pense que "le concept de l'album n'a pas vraiment d'intérêt dans la musique électronique" et que l'EP est plus pertinent. Es-tu d'accord ?
C'est marrant parce que j'ai parlé de ça avec lui il y a 4-5 jours (rires). Je pense que l'album varie beaucoup en fonction du marché et de la demande des fans. Aujourd'hui, tout passe par Spotify, plateforme où il faut toujours sortir quelque chose de nouveau si on veut être dans les playlist du moment. On ne peut pas sortir un single de notre album comme le font la plupart des artistes. Après, le concept de l'EP est bien plus logique, mais je comprends tout à fait qu'un artiste veuille sortir un album. Je ne regrette d'ailleurs pas de l'avoir fait car maintenant, je peux mixer mes propres titres. Et puis si j'avais sorti un EP, j'aurais pu jouer 4 chansons à moi et des remix. Par contre, je n'envisage pas de sortir un autre album.
Ton dernier single "Here With You" est très différent de tes précédents. Qu'est-ce qui t'as décidé à changer de style avec ce morceau ?
Le style est un peu hybride entre Netsky et moi. Je l'ai rencontré il y a deux ans en festival et il est très réputé dans le genre drum & bass. On s'est mis en studio ensemble parce qu'on s'entend bien, mais on était surtout très curieux de voir le résultat. Moi, je devais abandonner mon côté house, lui devait abandonner son côté drum & bass, du coup on a fait un mix entre les deux. Quand on a sorti ce titre, les gens étaient surpris, mais dans le bon sens et puis les fans de Netsky ont compris le mix et pourquoi c'était différent.
Et comment s'est passée la collaboration entre vous deux ?
C'était la première fois que je travaillais en studio avec un autre DJ. Cette expérience avec Netsky, dont je suis fan, était super chouette et je compte recommencer avec d'autres artistes, mais j'envisage de retourner à mon côté house. Là, c'était vraiment un test.
Avec quel autre DJ aimerais-tu collaborer, du coup ?
Pour l'instant, je me focalise sur les DJ belges car j'ai envie de faire du belgium power, mais j'envisage de collaborer avec The Magician. On est en contact en ce moment, je m'entends très bien avec lui. Du coup, j'espère pouvoir travailler avec lui en septembre ou octobre quand tout le monde sera rentré de tournée !
Lors de mon interview avec Steve Aoki, je lui ai parlé des DJs francophones comme toi et il m'a dit que tu es très talentueux. Est-ce un modèle pour toi ?
Steve Aoki a du culot pour faire tout ce qu'il fait. Il a aussi de la force parce qu'il enchaîne les projets et les shows ce que je ne pourrais pas faire. À la base, ce n'est pas mon style de musique, mais j'ai beaucoup de respect pour Steve Aoki. Je le trouve impressionnant car en plus d'être en tournée toute l'année, il joue aussi dans une série et sort des chansons. C'est surtout un exemple dans le sens où tu peux rester accessible même si tu es célèbre.
Et que ressens-tu lorsque tu mixes sur scène avec lui ou d'autres DJs comme Marshmello ?
C'est toujours cool de voir ce qu'ils jouent pendant leur set et leurs projets. Je trouve surtout le concept de Marshmello avec son casque marrant et intrigant, mais je suis devenu moins fan de sa musique comparé à il y a deux ans.
Tu l'as déjà vu sans son masque ?
Non je ne l'ai pas vu sans son masque, mais je sais qui c'est !
Aujourd'hui, de nombreux jeunes veulent devenir DJ car ce métier est de plus en plus accessible. Cela ne te fait pas peur au niveau de la concurrence ?
Non, je trouve ça bien justement. Il y a eu une période où plein de DJ produisaient des sons similaires, mais maintenant, on commence à voir d'autres styles immerger. Ça change la vibe et l'ambiance dans les festivals, c'est rafraichissant pour tout le monde. Ça remet aussi les DJ qui sont là depuis cinq ans dans la concurrence et ça leur permet de se renouveler. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, notre métier devient de plus en plus facile grâce aux nouvelles plateformes. Il y a moyen d'être connu de différentes façons et je trouve ça cool. Il y a deux ans, je faisais partie des nouveaux et aujourd'hui, les DJ qui montent comme Kungs, Petit Biscuit ou encore Mome, je les trouve géniaux. Les Français envoient des trucs différents et moi ça me met du challenge.
As-tu des conseils à leur donner ?
Faire ce qu'ils ont envie. Par exemple, il y a deux ans, des artistes se sont fait connaître grâce à la Tropical House, mais ce n'était pas vraiment leur genre de musique. Aujourd'hui, ils jouent des trucs complètement différents. Le phénomène de mode n'est pas important, ils doivent mixer ce qu'ils aiment et pas se retrouver en festival à passer des morceaux qui ne leur ressemblent pas.
Quel est le secret pour se démarquer ?
La qualité de la production, voir si ça rend bien, car si les paroles du morceau sont nulles et si c'est du déjà vu, j'hésiterai à jouer ces titres. Pour l'instant, je suis bien fan de Zonderling, des DJs hollandais. Leurs sons sont propres et ils accrochent. Ils donnent vraiment envie.
C'est vrai que les jeunes voient aussi l'aspect de rêve comme les voyages... mais y a-t-il des inconvénients à être DJ ?
Je n'ai pas vu mes chiens depuis deux mois (rires). Après on peut voir la fatigue à travers nos différents sets, mais cet été, toutes mes dates se sont enchaînées de manière très fluide. J'ai pu dormir. Et puis dans l'avion, j'ai pris des miles alors je peux choisir les bonnes places (rires).
As-tu une anecdote avec un fan à nous raconter ?
On me demande souvent ça, mais je n'ai pas vraiment d'anecdote. Je suis content de rencontrer mes fans. Après, il y a toujours des gens bizarres et spéciaux, mais il y en a partout comme en boîte par exemple.
Propos recueillis par Lola Maroni. Contenu exclusif. Ne pas reproduire sans citer PureBreak.com.