Mais où s'arrêtera Xavier Dolan ? A seulement 29 ans, le québécois dévoile aujourd'hui son 7ème long-métrage en tant que réalisateur. Après Tom à la ferme, Mommy ou encore Juste la fin du monde qui a remporté le Grand Prix au Festival de Cannes 2016 ainsi que trois César en 2017, il s'est lancé un nouveau défi avec Ma vie avec John F. Donovan : tourner pour la première fois en anglais. Pari réussi ?
Rupert Turner est un jeune acteur à qui tout semble réussir mais cache un secret qu'il ne souhaite plus garder pour lui. A travers un livre, il décide de raconter son étonnante histoire : alors qu'il était enfant, il a échangé de nombreuses lettres avec John F. Donovan, un acteur en vogue mais en proie à de nombreux démons et mort une dizaine d'années auparavant.
Après deux années d'attente, Xavier Dolan, est de retour sur les écrans en réalisant son premier film en langue anglaise avec Ma vie avec John F. Donovan. Et ce fut compliqué ! Suppression du rôle de Jessica Chastain, remontage du film, accueil mitigé lors de son avant-première mondiale à Toronto, les embûches se sont succédées. Les spectateurs avaient de quoi avoir peur avant de découvrir son nouveau film, surtout après la déception de Juste la fin du monde. Mais soyez rassurés, le Dolan de l'époque québécoise est de retour ! Dès les premiers plans du film, le réalisateur de Mommy nous emporte avec son sens du cadrage très fin et cette esthétique qui a fait sa renommée. Une scène en particulier à retenu notre attention : on y voit Kit Harington, Susan Sarandon (Grace Donovan) et Jared Keeso (James Donovan) partager une scène dans une salle de bain, moment très intime et seule fois où ils sont véritablement une famille, véritable miroir de l'excellente séquence de Mommy où les 3 personnages principaux se laissent aller sur On ne change pas de Céline Dion.
Si le réalisateur maîtrise son sujet, on peut quand même noter sa tendance à s'intéresser souvent aux mêmes thèmes tels que la relation compliquée avec la mère et les problèmes d'acceptation de la différence (ici de l'homosexualité). On regrette aussi un peu que la relation ambiguë entre John F. Donovan et Rupert ne soit pas plus clairement expliquée.
Pour Ma vie avec John F. Donovan, Xavier Dolan a misé sur un casting 5 étoiles avec notamment Susan Sarandon et Kathy Bates. Mais nous retiendrons surtout les performances de Kit Harington et de Jacob Tremblay. Le premier dévoilant une palette beaucoup plus large et plus fine de son jeu d'acteur par rapport à son personnage de Jon Snow dans la série Game of Thrones (l'ultime saison débute dans un mois sur HBO et OCS). Kit Harington nous offre des moments très forts en émotion, notamment via sa relation avec sa mère, campée par Susan Sarandon. Quant à Jacob Tremblay, malgré une scène qui peut paraître un peu too much au début, il réussit à montrer toute l'étendue de son talent du haut de son très jeune âge (il a seulement 12 ans) et forme un duo magnifique avec Natalie Portman, qui joue sa mère.
Xavier Dolan signe son oeuvre avec une bande son sans fausse note. Après une scène d'ouverture silencieuse, le réalisateur québécois lance véritablement son film sur le très rythmique Rolling in the Deep de son amie Adele, avec qui il a travaillé sur le clip de Hello. Comme à son habitude, la bande son accompagne à merveille les scènes majeures du film avec la présence du tube de Green Day, Jesus of Suburbia, la version très intimiste de Stand by Me par Florence and the Machine. Et que dire de cette séquence qui termine le film sous les notes de Bitter Sweet Symphony de The Verve. En bref, une bande son de toute une génération mais surtout ancrée dans celle de Xavier Dolan.