Et vous, que feriez-vous si vous deviez mourir demain ? Si Natasha St-Pier et Pascal Obispo ont déjà en partie répondu en chanson à cette question, la perspective demeure récurrente pour absolument tout le monde puisqu'il s'agit de l'un des points communs que nous partageons tous : on va bel et bien crever un jour ou l'autre. Yes, super l'ambiance. Seulement, cette réflexion obsédante est le point de départ de nombreuses oeuvres culturelles, peu importe le domaine artistique, qui peuvent ouvrir de nouvelles perspectives.
C'est notamment le cas de la série d'animation Carol et la fin du monde, qui a intégré dans l'indifférence la plus totale le gargantuesque catalogue de la plateforme de streaming Netflix courant décembre. Et pourtant, ce show composé de dix épisodes d'environ une demi-heure chacun, produit par Dan Gluterman (qui a notamment bossé sur la référence Rick et Morty) et Donick Cary (scénariste à plusieurs reprises pour le monument Les Simpson) mérite qu'on s'y attarde, plutôt que de finir dans "ma liste" des contenus que l'on ne regardera jamais (on fait tous ça, tranquille).
Le pitch est simple : une planète se rapproche de la Terre et s'apprête à la percuter de plein fouet, provoquant inexorablement l'extinction de l'humanité. Le décompte est lancé, il reste un peu plus de sept mois avant la fin. Et si la plupart des gens se sentent libres de poursuivre leurs rêves les plus fous et faire absolument tout ce qu'ils veulent, d'autres préfèrent... continuer leur routine comme si de rien n'était, à l'instar de Carol Kohl, le personnage principal dont la voix est assurée par Martha Kelly (Baskets, Euphoria). Anti-héros par excellence, cette quarantenaire célibataire et sans enfant n'a pas vraiment de passion ni de rêve dans la vie. Souvent mal à l'aise dans les différentes situations sociales et pour le moins introvertie, elle trouve son bonheur dans le (ré)confort du quotidien.
>> Cette série est aussi géniale que méconnue et elle est de retour avec une 14ème saison sur Netflix ! <<
Ainsi, alors que l'échéance approche et que sa famille se lance dans de folles aventures - sa soeur voyage dans le monde entier tandis que ses parents qui vivent entièrement nus et forment un trouple avec leur aide-soignant partent en croisière, Carol décroche un mystérieux emploi et passe ses journées au boulot. De là vont naître différentes interactions qui l'amèneront enfin hors de ses repères.
De quoi faire germer chez le spectateur, en jonglant habilement entre drame et comédie, une réflexion existentielle pourtant dépourvue de la moindre réponse. Une véritable déclaration d'amour à la routine qui prend à contre-pied toutes les règles que l'on voudrait nous imposer sur la notion, finalement assez abstraite, de bonheur. Le confort de la monotonie est un art à part entière, et dans ce registre, Carol et la fin du monde est un chef-d'oeuvre.