L'industrie du cinéma est loin d'être la seule concernée par le harcèlement sexuel, les remarques sexistes et les agressions sexuelles. Après l'affaire Harvey Weinstein, les accusations concernant Kevin Spacey, le succès du hashtag #BalanceTonPorc et plus récemment le #CesarDeLaHonte de Roman Polanski, c'est au tour de l'industrie de la musique de se joindre au mouvement #MeToo. Depuis le 17 juillet 2020, le collectif Music Too France (#MusicToo) a décidé de faire bouger les choses.
Sur Instagram, Twitter et les autres réseaux sociaux, le collectif précise être composé de personnes "issu.e.s du secteur musical" : "Certain.e.s d'entre-nous ont quitté la filière il y a plusieurs mois ou années, certain.e.s y évoluent encore aujourd'hui". Ils assurent que la musique est "une filière professionnelle parfois dangereuse, souvent toxique pour les femmes" mais aussi "pour la communauté LGBTQIA+ et les personnes racisées". Comment ont-ils eu l'idée de lancer Music Too ? "Depuis plus d'un an, nous repensons aux témoignages de nos ami.e.s, aux histoires d'agressions sexuelles que tout le monde connaît dans le milieu mais dont personne ne parle" est-il indiqué dans un manifeste.
Ce qui les met en colère ? "L'impunité des agresseurs (professionnels à des postes clés, artistes omniprésents dans les médias)". Ils n'ont aucune raison d'arrêter leurs agissements si personne ne parle" ont souligné les membres de Music Too, qui pensent à juste titre qu'il "est temps que la peur change de camp".
Pour que le harcèlement sexuel, les tentatives de viols et les agressions sexuelles stoppent dans l'industrie musicale, Music Too recueille tous "vos témoignages de violences sexistes - propos sexistes, dégradants, ambiances sexistes - et sexuelles" jusqu'au jusqu'au 30 septembre 2020. Voilà le lien du formulaire en ligne pour témoigner, et "vous pouvez rester anonymes si vous le souhaitez, mais il est temps de nommer votre ou vos agresseur.euse.s".
Grâce à toutes ces infos, le collectif va pouvoir "commencer à dessiner des profils et rassembler des plaintes". "Nous travaillons avec des avocates et deux associations pour vous accompagner vers un suivi juridique ou psychologique si nécessaire" est-il ajouté. Et déjà, plusieurs témoignages se recoupent avec des "viols/tentatives de viols/agressions sexuelles" dans le Grand-Est ou encore des "envois non-sollicités de contenus (textes & images) à caractère pornographique (dick pics)" en région parisienne.
Ce mouvement #MusicToo fait suite à de nombreuses affaires de harcèlement sexuel et violences sexuelles qui ont été récemment relayées dans les médias. Un article du magazine Neon datant de juin 2020 a par exemple réuni 16 témoignages glaçants de femmes qui auraient été victimes de l'artiste Wilfrid A. (surtout connu des instagrammeurs pour son tag "L'amour court les rues").
Plus de 1 000 F.E.M.M (Femmes Engagées des Métiers de la Musique) ont aussi écrit une tribune dans Télérama en 2019. Elles se disent avoir déjà été victimes ou témoins d'agissements déplacés et d'agressions sexuelles dans le milieu de la musique et veulent que ça s'arrête. Clara Luciani, Brigitte, Camélia Jordana, Zazie, Elodie Frégé, Pomme, La Grande Sophie ou encore Christine and the Queens faisaient partie des signataires.
D'ailleurs, les chiffres sont là : 1 femme artiste sur 3 aurait été agressée ou harcelée sexuellement dans l'industrie musicale française selon une enquête CURA de 2019. Aux USA aussi le problème existe. Le docu On the Record sorti en 2020 sur HBO Max revient ainsi sur les accusations d'abus sexuels et de harcèlement contre Russell Simmons, référence dans le milieu hip-hop.