La vie des enfants-stars ressemble au Paradis, mais on est plus proche de l'enfer sur Terre. On le comprend quand on observe le déclin d'icônes comme Macaulay Culkin (Maman j'ai raté l'avion) et Edward Furlong (Terminator 2), pour ne citer qu'eux. Mais pas seulement. Les actrices aussi prennent cher, très très cher.
On pense spontanément à Jodie Foster. En 1976, l'actrice se révèle aux yeux du monde en prostituée dans le chef d'oeuvre de Martin Scorsese, Taxi Driver. Elle a alors quatorze ans à peine. Et va devenir des années durant la cible permanente d'hommes bien plus âgés et malveillants qui ne se privent pas de la harceler, par courrier notamment. Un dénommé John Hinckley va lui pourrir la vie entre coups de tél, lettres insistantes, menaces... Le même Hinckley tentera d'assassiner le président américain Ronald Reagan. Oui, oui.
Dans le même genre, et dans un film au postulat un brin identique (une jeune fille protégée par un homme violent d'âge mûr), il y a Natalie Portman, qui a explosé auprès du grand public dans Léon. C'était en 1994 et elle n'avait que 13 ans. Comme Jodie Foster en son temps. Et des lettres, elle en a reçues...
Elle l'explique aujourd'hui, relève le mag de ciné Première : "J'étais tellement contente quand le film est sorti. Puis j'ai ouvert ma première lettre de fan toute enthousiaste... pour y lire le fantasme d'un homme qui rêvait de me violer". Et l'horreur ne s'est pas arrêtée là.
"J'étais heureuse que mon travail puisse toucher le public. Mais au-delà de cette lettre, je lisais des critiques de cinéma qui parlaient de 'ma poitrine naissante'. Un décompte a même été lancé sur ma station de radio locale jusqu'à l'âge où 'cela deviendrait légal de coucher avec moi'...", développe la star de Garden State.
Dégueulasse à souhait. Mais on reconnaît bien là la manière dont des jeunes, parfois très jeunes stars, sont sexualisés à outrance par les médias, les hommes, la société, bref, le patriarcat : on pense au harcèlement et "slut shaming" qu'ont pu subir tour à tour Elle Fanning, Chloe Grace Moretz, Billie Eilish, Olivia Rodrigo, Jenna Ortega... Pour ne citer qu'elles. Cela a commencé avant Natalie Portman, et s'est poursuivi après...
"J'étais consciente d'être perçue comme une Lolita. Être sexualisée dès l'enfance m'a éloignée de ma sexualité. Jusqu'à mes vingt ans, je me suis dit 'Je ne veux pas de scènes d'amour'. Du coup j'ai commencé à choisir des rôles moins sexy parce que la façon dont on pouvait me percevoir m'a beaucoup inquiétée, et parce que je ne me sentais pas en sécurité", s'attriste d'ailleurs l'actrice à ce sujet dans le podcast Armchair Expert.
Dernière chose, ce n'est pas parce que Léon est le film qui a fait exploser Natalie Portman que celle-ci lui voue un culte absolu pour uatant. Auprès du Hollywood Reporter, elle déplore des "éléments qui mettent mal à l'aise", des détails "dérangeants"... Lesquels ? Simple : le film raconte la relation ambiguë entre une gamine de 12 ans et un homme adulte. Certaines scènes mettent en évidence une dimension amoureuse, voire sexualisée, unissant les deux - lorsque Matilda se maquille par exemple afin de plaire au flingueur.
"Détail" qui n'en est pas un : à l'époque de Léon, Luc Besson était en couple avec Maiwenn Le Besco, depuis devenue actrice et réalisatrice, mais âgée alors... de 15 ans. Seulement. Quand il la rencontre, le cinéaste est de 17 ans son aîné... Ce qui ne fait qu'appuyer le sous texte pour le moins cringe à crever de l'oeuvre. D'autant plus que Maiwenn... Apparaît dans Léon ! Dans un petit rôle, certes - celui de "Ouin-Ouin".
Beaucoup pointent aujourd'hui du doigt cette facette absolument malaisante d'un film culte.