Pour sensibiliser à une cause primordiale - au hasard, la crise climatique - rien de tel qu'une petite phrase choc. Invitée dans la matinale de Franceinfo le 19 avril dernier, Sandrine Rousseau l'a démontré avec fracas. Enfin, plutôt que de punchline, on parlera plus volontiers de name-drop qui en jette.
Face à son interlocuteur Marc Fauvelle, la députée écolo a effectivement cité un nom familier... Et étonnant : celui d'Arnold Schwarzenegger. Attendez avant de crier "Kamoulox !", replaçons le contexte : amenée à s'exprimer sur la récente participation très controversée du journaliste "vert" Hugo Clément aux débats du magazine Valeurs Actuelles, Sandrine Rousseau s'est attardée sur un curieux concept, celui "d'écologie de droite".
Elle a alors affirmé : "L'écologie de droite, ça existe : regardez Arnold Schwarzenegger, par exemple, en Californie !". Une allusion à "Gouvernator" (comme on l'appelait au début des années 2000) qui pourrait laisser dubitatif. Mais en fait, cette répartie-là n'est pas si absurde, loin de là. On vous explique pourquoi.
Entre Sandrine Rousseau et "Schwarzy", on détecte quelques atomes crochus. Au hasard, mais pas vraiment : une même critique du lobby de la viande. Vous vous souvenez certainement de toute la polémique autour des propos de la députée l'an dernier, associant la consommation de viande à la virilité : "il faut changer de mentalité pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité".
Et bien, Arnold Schwarzenegger pense tout pareil. Si si. Une séquence du documentaire Netflix The Game Changers montre l'ancien culturiste tacler en souplesse l'industrie de la viande "C'est du grand marketing de la part de l'industrie de la viande : on vous vend l'idée que les vrais hommes mangent de la viande". Une analyse prononcée quatre avant la tornade de trolls qu'a du affronter Sandrine Rousseau. Précurseur, le Arnie ?
En tout cas, la propension de l'acteur autrichien à louer les vertus du combat pour la survie de la planète (une récurrence chez lui si on pense à Terminator 2 et 3, où il doit protéger l'incarnation de cette survie : John Connor) est désormais connue de tous, au moins depuis son soutien revendiqué à la jeune militante suédoise Greta Thunberg. Une association de talents qui avait, on s'en doute, fait hurler ses fans ls plus réacs.
La leadeuse du mouvement écolo "Fridays for Future", porte-étendard de la "grève pour le climat", a effectivement rencontré Schwarzenegger en 2019. Tous deux se sont alors retrouvés à parler écologie, crise climatique... le temps d'une balade à vélo au bord de l'océan à Santa Monica. Classe.
Une jeune meuf qui se bat contre les gros pollueurs et le patriarcat ? Un véritable modèle pour la star hollywoodienne, qui avait commenté : "C'était fantastique de voir mon amie et l'une de mes héroïnes, Greta Thunberg. J'étais tellement excité de la présenter à ma fille Christina. Continuez à nous inspirer Greta !".
Mais si cet événement-là fut largement médiatisé, Schwarzy mettait déjà en avant la chose quand il était gouverneur de Californie. En 2006, il annonçait un plan de lutte régional contre le réchauffement climatique, un objectif précis en vue : diminuer d'un quart les émissions de gaz à effet de serre observées au sein de la Californie au cours des quatorze prochaines années. Quatre ans plus tard, plus engagé encore, il en vient même à créer une ONG servant précisément ses convictions environnementales : Regions of Climate Action.
Depuis son retrait de la vie politique, chaque année, Arnie tire la sonnette d'alarme au sujet du climat. En 2022 encore, il s'adressait à sa large audience l'espace d'une vidéo très alerte : "Il faut s'attaquer au réchauffement climatique. Je pense que nous pouvons le stopper tous ensemble. Les énergies fossiles continuent de brûler, les émissions de gaz à effets de serre ne font qu'augmenter. Mais je pense que nous avons besoin de créer de l'espoir et de la solidarité !". On le devine, Sandrine Rousseau est sur la même longueur d'ondes.
Dernier détail : si la députée n'élude pas la possibilité d'une écologie de droite, associer la lutte à l'extrême-droite lui semble tout de même sévèrement touchy. Sur le plateau de franceinfo, elle conclue : "J'avais été invitée par Valeurs Actuelles et j'ai refusé. L'écologie ne peut pas être d'extrême droite. L'écologie, c'est la coopération, l'égalité, la solidarité. Tout ce qui contribue à banaliser l'extrême droite contribue à la faire monter".