A l'instar de Ryan Reynolds qui a dû passer par la case gros navet (Green Lantern) avant de trouver le rôle parfait (Deadpool), Ben Affleck a été contraint de souffrir avant d'impressionner (presque) tout le monde avec sa performance de Batman pour Zack Snyder (Batman v Superman, Justice League). On sait que votre cerveau ne le veut pas, mais souvenez-vous tout de même : en 2003, l'acteur était choisi pour porter à l'écran... Daredevil.
Alors que Sony redonnait ses lettres de noblesses aux films de super-héros avec la franchise Spider-Man signée Sam Raimi, Marvel - encore loin d'avoir l'idée du MCU, avait en effet tenté de surfer sur ce regain d'intérêt en produisant les aventures de Matt Murdock. Or, si ce justicier est l'un des plus populaires dans le monde des comics, le résultat à l'écran ne lui a clairement pas rendu justice.
Entre des chorégraphies ridicules, un Ben Affleck clairement saoulé d'être là, des effets spéciaux datés et une histoire indigeste, le film de Mark Steven Johnson est encore responsable aujourd'hui de quelques cauchemars du côté des spectateurs. Certes, le résultat est moins scandaleux que l'horrible Catwoman de Pitof avec Halle Berry sorti un an plus tard, mais il n'en reste pas moins totalement raté.
Même 20 ans après sa sortie, le temps n'a pas adouci la déception du public, en atteste sa note moyenne de 35% sur Rotten Tomatoes attribuée par les spectateurs jusqu'à ce jour. Côté critiques, personne ne retenait ses coups à l'époque. "Daredevil est tellement sombre que vous ne voyez rien, mais je ne pense pas que vous ratiez grand-chose", écrivait ainsi le New Yorker, tandis que eFilmCritic déclarait, "C'est l'un des rares films d'action qui souffre quand... il y a des scènes d'action".
Un raté total que comprend parfaitement... Mark Steven Johnson. Auprès de Yahoo Entertainment, il révélait l'an passé pourquoi, selon lui, son Daredevil ne fonctionnait pas. "Avec le recul, je réalise que l'une de mes erreurs a été de vouloir tout mettre dans ce film, a-t-il expliqué. Je voulais faire une origin story de Daredevil, tout en préparant une saga pour Elektra et en introduisant Bullseye et Foggy. Je voulais tout mettre, alors que le film n'avait pas la place pour ça". Et d'ajouter ensuite, des regrets plein la tête : "C'est le paradoxe du fan : tu aimes tellement quelque chose que tu veux tout raconter."
Cependant, ne comptez pas sur lui pour désavouer ce film. Au contraire, il l'assume pleinement et est même plutôt fier de certains choix. Parmi eux ? Le casting de Michael Clarke Duncan en tant que Caïd. Un choix parfait (l'une des rares bonnes idées du film), mais qui avait fait polémique lors de la production. La raison ? Le grand vilain est censé être blanc dans les comics...
"J'ai subi un vrai retour de flamme avec ce choix, a soufflé le cinéaste, qui ne comprend toujours pas cette haine raciale. C'est vraiment étrange. Tout ce qui vous importe, c'est de donner des chances à tout le monde, sans faire attention à la couleur de peau, ne pas en faire une fixation au moment de trouver la personne idéale, et on en vient à vous descendre pour ça".
Une situation jugée stupide par le réalisateur, qui assume encore aujourd'hui ce casting et s'avoue fier de la performance du comédien, qui nous a malheureusement quittés en 2012 : "Voir des fans vous insulter parce que le Caïd serait censé être blanc... J'ai vraiment pris cher. Mais je ne regrette rien. Michael Clarke Duncan était incroyable. C'est compliqué de trouver un acteur aussi imposant et formidable, mais il incarnait définitivement ce personnage".
Le plus triste dans tout ça, c'est de réaliser que deux décennies plus tard, rien n'a changé. Il n'y a qu'à voir les réactions du public au moment du casting de Halle Bailey pour le rôle d'Ariel dans La Petite Sirène.
Ce n'est pas Halloween, mais si vous souhaitez vous faire peur en attendant le retour des Avengers au cinéma, sachez que ce film Daredevil est disponible sur Netflix. Bon courage pour ce visionnage qui devrait laisser des traces !