The Dark Knight sorti en 2008 a beau être à nouveau centré sur une aventure de Batman, Bruce Wayne s'y fait totalement voler la vedette par son pire ennemi. Oui, alors même que le Joker n'apparait que 33 minutes à l'écran (sur 2h32 de film !), c'est bien pour lui que le public ne cesse de vanter la trilogie de Christopher Nolan. Une surprise qui n'en est pas vraiment une au regard de l'incroyable interprétation de Heath Ledger, qui continue encore aujourd'hui de servir de point de repère dans le genre super-héroïque.
Un rôle qu'il avait préparé durant des mois, pour lequel il s'était parfois un peu perdu dans le concept de Actor Studio, mais que personne ne voulait le voir incarner. Aussi étonnant que cela puisse paraître quand on voit l'héritage qu'il a laissé avec ce personnage (et que l'on se souvient qu'il a remporté l'Oscar du meilleur second rôle en 2009 pour sa performance), les fans de Batman (et Warner Bros) ne validaient pas ce casting à l'époque.
"Chris avait vraiment connecté avec Heath Ledger, mais personne ne comprenait, s'est notamment souvenu Jonathan Nolan (frère du réalisateur et co-scénariste du film) face à la presse. Je ne comprenais pas ce choix. Le studio non plus. Tout le monde tombait sur Chris et disait, 'On ne comprend pas'. Et les fans étaient... On s'est fait défoncer. 'C'est un désastre. C'est le pire choix de casting jamais fait'".
Une situation qui apparait ridicule avec le recul, mais qui s'explique par différentes choses. Premièrement ? Il était considéré comme trop jeune et trop beau gosse (sage) pour incarner un personnage aussi fou, charismatique et terriblement flippant. Deuxièmement ? La filmographie du comédien ne jouait pas totalement en sa faveur. Bien avant d'être le Joker ultime au cinéma, et malgré un rôle émouvant et remarqué dans Le Secret de Brokeback Mountain (2005), Heath Ledger avait en effet dû se contenter de seconds rôles intéressants mais peu marquants ou de personnages basiques et loin de l'image que l'on se fait du méchant.
Parmi eux ? Celui de William Tatcher dans le film Chevalier signé Brian Helgeland, actuellement disponible sur Netflix. Attention, cette comédie d'action médiévale n'a rien de honteux et est même plutôt plaisante, mais elle flirte souvent avec le nanard et ne permet pas totalement à Heath Ledger de dévoiler toute la palette de son talent. Au contraire, ce film est à la limite du paroxysme de tous les reproches que l'on pouvait lui faire : jeu moyen, un physique trop lisse et une expérience douteuse.
De quoi ça parle ? On y suit l'histoire de William, un écuyer classique qui ne rêve que d'une seule chose : devenir chevalier, un rang qu'il ne peut atteindre en raison de sa lignée. Son destin connait finalement un tournant quand, à la suite de la mort de son seigneur, il récupère son armure et son heaume afin de se construire une nouvelle identité qui va le mener à combattre héroïquement et à rencontrer une certaine Jocelyn...
Certes, c'est drôle, c'est mignon et on passe un moment sympathique devant, mais le résultat n'a rien de très glorieux. Pour preuves, celui-ci bénéficie aujourd'hui d'une note moyenne de 59% attribuée par la presse sur Rotten Tomatoes, tandis que les critiques s'y montrent particulièrement acides.
"Le genre de film qui va être adoré par les lycéens et qui, quand ils le loueront dix ans plus tard, se demanderont à quoi ils pensaient à l'époque" (Flipside Movie Emporium), "Comme Shrek, Chevalier profite d'une bande originale composée de titres actuels. Mais à l'inverse de Shrek, Chevalier est insultant, chiant et déprimant" (Cinerina) ou encore, "Ce film, c'est comme boire 2 litres de Pepsi dans un parc à thème médiéval. C'est plein de gaz, caféine et de sucre au point de vous donner envie d'aller faire pipi avant la fin et ça n'a aucun intérêt nutritif" (IFilm). Oui, ça fait mal...
Vous l'aurez compris, malgré ensuite des apparitions remarquées dans A l'ombre de la haine (2001), Les Frères Grimm (2005) ou encore Les Seigneurs de Dogtown (2005), Heath Ledger partait de loin dans l'esprit du public. Pas de quoi le décourager comme on a ensuite pu le découvrir avec bonheur, mais apporter une saveur particulière à Chevalier.
Et rien que pour comprendre d'où il vient, on ne peut que vous encourager à regarder ce film sur Netflix.