Les polémiques se suivent et se ressemblent pour Abercrombie & Fitch. En mai dernier, la marque arrêtait de fabriquer des vêtements au-dessus du 38 et retirait les tailles XL et XXL de ses rayons. Une décision qui faisait écho aux propos du PGD, Michael Jeffries, datés de 2006 : "Beaucoup de gens n'ont rien à faire dans nos vêtements. Sommes-nous exclusifs ? Absolument.". Il avait poursuivi : "C'est pour cela que nous embauchons des gens beaux dans nos magasins. Parce que les gens beaux attirent d'autres gens beaux, et nous voulons nous adresser à des gens cool et beaux".
Malgré des pseudos excuses au début de l'été, la pillule a du mal à passer. La marque, qui détient deux magasins en France (sur les Champs-Elysées à Paris et dans le centre commercial So Ouest à Levallois-Perret), a suscité des soupçons auprès du Défenseur des droits. Dominique Baudis s'est auto-saisi de la question comme le révèle Le Monde qui s'est procuré le texte. Depuis le 15 juillet, il a commencé à enquêter sur les "conditions et [le] processus de recrutement au sein de la société Abercrombie and Fitch" qui "semble fonder ses pratiques de recrutement sur des critères discriminatoires et notamment l'apparence physique".
Derrière les annonces d'emploi de "mannequin H/F" postées par l'entreprise américaine, Dominique Baudis croit déceler des jobs masqués de vendeur : "Si des exigences professionnelles peuvent légitimer la prise en compte de l'apparence physique dans le cadre du recrutement de mannequins, il en est autrement pour des postes de vendeurs". Dans chacune des boutiques de la firme, les clients sont accueillis par une brochette d'hommes-objets torses nus faisant de l'apparence physique "sa marque de fabrique et sa vitrine".
Aux Etats-Unis, Abercrombie & Fitch a déja été condamné pour "discrimination raciale à l'embauche". En Angleterre aussi, la marque de Michael Jeffries a été poursuivie et condamnée pour "licenciement sans cause réelle et sérieuse" et "harcèlement moral" après qu'une salariée handicapée ait été virée.