Une page se tourne. Celle de l'une des séries les plus longues de la télévision française. Après 20 ans d'antenne (+ 9 ans si on compte les 7 saisons avec Florence Pernel), Le juge est une femme prend fin. Depuis 2002, c'est Marine Delterme qui incarne l'héroïne, Alice Nevers, rejoint en 2007 par Jean-Michel Tinivelli dans le rôle de Fred Marquand. Annulée par TF1, la série a finalement eu droit à un final à la hauteur, mariage à la clé. Une fin heureuse qui fait débat chez les acteurs.
PRBK : Pourquoi la série s'est-elle arrêtée et comment ce double épisode final est-il né ?
Marine Delterme : La décision a été prise pendant le confinement d'arrêter la série. TF1, même si ça marchait très bien, voulait changer et faire d'autres fictions. Je comprends, ça fait quasi 20 ans qu'Alice Nevers existe ! Pendant le confinement, comme Jean-Michel j'imagine et comme les Français, je me suis posée la question de : "Qu'est ce que j'ai envie de faire après ?" Je ne vais peut-être pas continuer encore 20 ans à faire cette série quand même ! A un moment, il faut faire d'autres choses et prendre des risques, s'envoler ailleurs.
Après, la chaîne a dit : "S'il y a un final à la hauteur, s'il y a un vrai final prestigieux, avec des moyens, quelque chose de fort, on y va !". C'est ce qui a été proposé. On a fait un final dans le milieu des concours hippiques très fort visuellement et avec un mariage à la clé !
Avez-vous pu donner des idées pour cet épisode final ?
Marine Delterme : Sur les enquêtes, on n'a pas notre mot à dire, ce sont les scénaristes qui décident. Ils collent souvent aux faits sociétaux et c'est la force de cette série, d'être proche de l'actualité. Sur le final, bien sûr qu'on a pu donner des idées. Moi, ça fait des années que je travaille sur les arches de la vie privée, on voit ça ensemble pour savoir ce que j'ai envie de faire. Pour le coup, que ce soit la production, Jean-Michel ou moi, on ne voulait pas du tout d'un final triste, pas d'accident de voiture, ce qui était prévu à un moment. On a tout changé pour le mariage.
Jean-Michel Tinivelli : Je me suis vraiment laissé faire sur ces deux épisodes et je trouve que le résultat est à la hauteur. C'est vrai qu'on a toujours pu s'exprimer pour aller dans le bon sens ensemble.
Marine Delterme : C'est un travail d'équipe ! Heureusement qu'après 20 ans, on a notre mot à dire et c'est aussi pour cela que la série a duré aussi longtemps : on s'est tous investis, autant la production que les scénaristes, que les acteurs. Personnellement, il était hors de question de faire des choses que je n'avais pas envie de faire, sinon j'arrêterais. La série a évolué en se consacrant à la vie privée avec des personnages de plus en plus fouillés, profonds, ambivalents, plus complexes.
Que pensez-vous de la fin de la série ?
Marine Delterme : Je me suis battue pour que l'on offre le meilleur final possible aux spectateurs parce qu'après 20 ans d'une si belle histoire d'amour, on ne peut pas finir sur un épisode lambda. Il fallait sortir par le haut et par un mariage. Qu'est-ce qu'il y a de plus beau ? C'est aussi un début. Le début d'une autre vie. Ça nous importait d'être généreux avec les téléspectateurs.
Jean-Michel Tinivelli : Moi personnellement, j'aurais préféré qu'ils ne se marient pas, j'aurais adoré que l'héroïne se fasse enlever ou que je l'enlève. Ça aurait été tellement drôle ! Ces deux-là n'ont jamais pu se marier, ça m'aurait fait tellement rire qu'on ne me prévienne pas, qu'on nous fasse une caméra cachée en direct et qu'on nous enlève comme l'auraient fait certaines productions américaines. Ça aurait été tellement drôle et ça m'aurait fait vraiment rire.
Marine Delterme : Mais les spectateurs sont vraiment très attachés à notre histoire. Tu as envie de rire mais il fallait finir par une chose belle... On vit des moments difficiles depuis deux ans, c'est dur, les gens sont mal, c'est une épreuve. On voulait donner une famille réunie et recomposée. Et réunir les acteurs qu'on a aimés depuis 20 ans.
Quels souvenirs gardez-vous d'Alice Nevers ?
Jean-Michel Tinivelli : Je me souviens des heures à attendre que tout se mette en place, que Marine se maquille (ils rient) J'ai fait 102 épisodes, j'ai l'impression d'en avoir tourné 700 (rires). C'est une belle aventure, c'est 14 ans de ma vie et c'est fou. Si je n'avais pas été en dépression, je serais parti avant ! Comme je n'avais pas de stabilité dans ma vie personnelle, j'en ai trouvé une au travail (rires).
Marine Delterme : On a vraiment appris notre métier, j'ai appris à grandir, à ne pas être uniquement une comédienne sur un plateau. Il y a une collaboration extraordinaire, on reçoit les metteurs en scène, les comédiens, les histoires, ça permet de grandir. J'ai compris comment on produisait, tout ce qui se passe derrière.
Jean-Michel Tinivelli : On apprend aussi à s'affirmer.
Marine Delterme : Oui, on apprend à dire non aussi.
Propos recueillis par Aubéry Mallet. Contenu exclusif. Ne pas mentionner sans citer PRBK.