Réaliser un remake très fidèle d'un film français qui a plutôt bien marché en France, c'est plutôt risqué. Tu n'as pas eu peur de voir les spectateurs français s'interroger sur ce projet ?
C'est quelque chose qui était sur le papier. On me l'a confié en l'état et on m'a demandé d'adapter ça pour le marché américain. La priorité c'était le marché américain. Donc j'en ai parlé avec Luc Besson, de ces choses qui sur le papier étaient assez proches, et il m'a dit "Mais eux, les américains, ils ne l'ont pas vu". Il avait très envie d'adapter cette version française aux USA. J'ai essayé de donner le maximum de choses, en prenant les bons côtés de ce qui m'avait plu à l'époque, mais en me l'appropriant et en essayant de mettre la barre plus haut sur chaque séquence, pour qu'on sente une update.
Et en parlant d'update, on peut notamment découvrir dans Brick Mansions un meilleur traitement des personnages, avec certaines backstories ajoutées. C'était important pour toi ?
Il y avait cette envie de donner plus de fond à chaque personnage. Je trouve qu'avoir développé cette histoire de Damien (Paul Walker) avec son grand-père, ça renforce vraiment le personnage, contrairement au premier. Le personnage de RZA, Tremaine, il avait été écrit comme un personnage un peu drôle et c'est vrai que là, on sentait une envie d'aller vers quelque chose de plus sérieux, de plus dur, de plus méchant. Avec Paul et RZA on a eu l'occasion de se repasser les dialogues ensemble et de les ajuster au maximum de la justesse.
On peut le découvrir dans ta filmographie, le montage a été une étape très importante au début de ta carrière. C'est quelque chose qui t'aide désormais lorsque tu réalises un film comme Brick Mansions ?
Evidemment. C'est la meilleure école, je la recommande pour apprendre. Et c'est plus particulièrement vrai pour des films d'action comme ça. On a une plus grande facilité à découper des séquences, à savoir ce qu'il faut. Et j'aime storyboarder car c'est très bien pour parler à l'équipe, qu'elle comprenne ce qu'on est en train de faire et pour préparer les plans. Venir du montage, ça nous permet de rebondir lors des journées de tournage qui ne se passent pas comme on l'avait prévu. On se dit "Si j'ai pas le temps de faire ces 3 plans là, je vais faire celui-là et ça marchera quand même". On arrive à redécouper en live et à aller un peu plus vite.
Et en parlant d'imprévus, c'était quoi le plus gros défi de ce film ? Le temps réel ? Filmer les séquences de parkour ?
En fait, les ¾ du film se passent en extérieur, dans une continuité de temps et à Montreal on a eu un temps qu'ils n'avaient pas vu depuis 20 ans (rire). Tous mes repérages je les avais fait avec 1 mètre de neige, tout était blanc... et quand j'ai revu mes décors, tout était vert, fleuri... Donc on a dû adapter des choses, tourner à d'autres endroits. Mais c'est vrai qu'il a particulièrement plu, et c'était de bonnes averses. Mais comme j'avais un très bon assistant de mise en scène, avec lui on rebondissait. On se faisait un plan B.
Dans le making-of du film, on peut découvrir que Paul Walker s'est réellement impliqué dans son rôle, à travers de nombreuses séances d'entraînement intenses. Qu'est-ce qui t'a le plus surpris chez lui ?
On est de toute façon obligés de vraiment s'impliquer parce que c'est très technique. Paul avait envie de mettre en avant le Jiu-Jitsu Brésilien, car c'était un sport qu'il aimait beaucoup et il avait envie que ça se voit. Et comme ce sont des techniques bien précises, on a besoin de bien répéter les mouvements pour être rapide, ne pas se blesser et pour que ça rende bien à l'image. Et la chance que j'ai eu et ce qui m'a beaucoup plu, c'est lors de cette grande séquence de combat sur le toit où il se bat avec David Belle. Il faut savoir que David Belle est un acteur mais stunt aussi, il fait lui même ses cascades. Du coup, alors qu'on a l'habitude d'utiliser des doublures pour certains plans afin d'éviter de blesser ou de fatiguer le comédien principal, Paul est tout de suite rentré dans le jeu. Il avait un côté un peu "Lui il le fait, pourquoi je le ferais pas aussi ? Donc je vais le faire aussi". Et les doublures sont restées assises sur un banc toute la journée. Ils ont fait leurs cascades et on ne pouvait plus les arrêter. Ils avaient beau s'égratigner, s'écorcher... ils m'ont fait comprendre qu'ils n'avaient pas envie de doublures. Pour moi c'était un bonheur de pouvoir les filmer sous tous les angles, j'avais vraiment mes comédiens principaux qui le faisaient pour de vrai.
Toujours dans le making-of, Paul Walker avoue d'ailleurs que lui et David sont passés très près d'un petit accident lors d'une scène. Il y a eu beaucoup de séquences compliquées et "dangereuses" à tourner ?
J'en ai pas le souvenir. Je n'étais pas au courant, ça devait être durant les répéts. Il me l'a pas dit en tout cas. (rire) Mais évidemment, comme on cherchait le maximum de spectacle, j'étais toujours là à leur demander de sauter toujours plus haut, d'aller plus loin. Du coup c'est vrai qu'on aurait pu risquer... Mais en même temps, non, car au Canada – contrairement à d'autres pays – c'est très syndiqué et donc tout est très "safe". D'ailleurs ils m'emmerdaient car ils voulaient toujours mettre leurs barrières dans le champ et moi j'étais toujours là en train de les retirer (rire). Mais sinon, non, la sécurité avant tout et on ne met pas en danger la vie des comédiens. Bon par contre, les cascadeurs, il y en a un ou deux qui se sont pétés un truc (rire).
Avec Paul Walker, RZA, David Belle... tu as eu la chance d'être entouré d'un casting varié, d'horizons différentes. T'en as profité pour leur demander quelques conseils pour crédibiliser leurs rôles ?
La chose la plus importante c'était qu'ils s'approprient les personnages. On a quelque chose qui est noté sur le script mais qui est complètement adaptable en fonction du casting. J'avais la chance d'avoir RZA qui connait bien le milieu du ghetto et là on lui demandait de jouer un caïd d'un quartier... Donc il était évidemment mieux placé que quiconque pour trouver le bon mot qui sonne juste. Il faut être à l'écoute des choses. Et parfois, il y avait même des suggestions que Paul ou RZA pouvaient faire, qui proposaient autre chose. Alors quand je n'étais pas sûr, je tournais les deux. Je leur disais : "Okay, on fait ta version, mais on fait la mienne quand même et on verra au montage." (rire)
On sait que tu seras derrière la caméra du très attendu Transporteur 4. Tu as quelques infos sur ce qui nous attend, sachant que Jason Statham ne sera pas de retour ?
Ca va être le nouveau film d'une nouvelle série. Ca sera un nouveau départ pour le transporteur, avec tout le passé qui a déjà été présenté dans les trois premiers, mais comme à la James Bond, on va redécouvrir quelques petites choses. Mais ça promet en tout cas (rire). Et pour la sortie ça sera le plus tôt possible.
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