Tout change en treize ans : nous, et le monde qui nous entoure. Et cela, une certaine Taylor Swift l'a largement compris. Alors qu'elle s'acharne à reprendre la main sur ses albums en délivrant la "Taylor's Version" de chaque pièce de sa discographie (depuis le 7 juillet, on a ainsi enfin droit à la Taylor's Version de l'album "Speak Now", qui a plus de dix ans), la popstar s'est laissée aller à quelques corrections en ce sens...
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Quitte à se confronter aux polémiques. Car Taylor Swift a décidé de réécrire l'un de ses sons les plus controversés, Better Than Revenge. Une chanson qui comme l'ensemble de "Speak Now" nous renvoie à l'année 2010. Et traduit un état d'esprit très peu, trop peu critiqué à l'époque. Dans la chanson en question, on entend effectivement "She's better known for the things that she does on the mattress".
A savoir ? "Elle est connue pour les choses qu'elle fait sur le matelas". Ici, Taylor s'adresse directement à une femme, celle qui lui aurait "piqué" son mec. Or dans la "Taylor's Version", cette phrase a disparu. Et a été remplacée par "He was a moth to the flame, she was holding the matches" : "Il était un papillon de nuit attiré par la flamme, elle tenait les allumettes". Un peu plus poétique, déjà.
Mais c'est quoi le gros souci au juste avec cette ligne qui exigeait d'être retravaillée ou simplement virée ? Simple : le slut-shaming. On t'explique tout.
Effectivement, prétendre d'une femme qu'elle est "plus connue pour ce qu'elle fait sur un matelas", revient à considérer plutôt négativement sa sexualité, si ce n'est à ne la réduire qu'à ça. Difficile de contredire cette observation. Mais aussi, à n'envisager la sexualité féminine que comme quelque chose dont il faudrait avoir honte, qui serait source de préjugés et de jugements. C'est ça le slut shaming : critiquer une femme pour sa tenue, son attitude, son intimité, sous l'angle d'une sexualité réelle ou fantasmée.
Et puis, blâmer davantage celle qui te "pique" ton mec que ce dernier, est un vieux réflexe sexiste et pourtant si banalisé. Il tend à alimenter la rivalité féminine, ce phénomène dont raffolent les films pour ados à la Mean Girls, mais qui fait beaucoup de mal aux femmes dans la vraie vie : à la fin, c'est toujours le patriarcat qui gagne.
Mais Better Than Revenge est née d'une autre époque. Pour l'industrie musicale, la société, mais aussi, Taylor Swift en personne. Précisément, quand la trentenaire écrit Better Than Revenge, elle n'a que 18 ans. L'insouciance, mais aussi la rage de la jeunesse. Une émotion exacerbée traduite dans ces paroles, pas super "déconstruites" comme on dit aujourd'hui. "18 ans, c'est l'âge où vous pensez que quelqu'un peut réellement vous voler votre petit ami. Ensuite, vous grandissez et réalisez que personne ne peut vraiment vous 'voler" quelqu'un".
Pas de ravages de la "cancel culture" ou d'autocensure virulente ici donc, juste un besoin ressenti et exprimé par Taylor : celui d'être en accord avec ses convictions actuelles, celles qu'elle brandit depuis (au moins) la sortie du docu Netflix Miss Americana : féministes, sororales, à l'écoute de soi et des autres femmes.
Cependant, cette réécriture ne réjouit pas tout le monde. Et en premier lieu : les Swifties, les fans de Taylor Swift. Ainsi le média Teen Vogue émet de légères réserves. Selon le média, la chanson perd en irrévérence, de ce côté "too much" qui la rendait fédératrice et réjouissante. "C'est comme perdre quelque chose de plus honnête, même si ce n'était pas parfait, agréable ou politiquement correct", observe le magazine.
"En fait, c'est le genre de chanson, devenue culte, que vous chantez en criant au karaoké en sachant très bien qu'elle est fucked up", s'amuse encore le mag. Pour la popstar toujours, cette chanson, à l'image du reste de "Speak Now'", était surtout "d'une sincérité brutale". C'est pour cela qu'on adore la détester. Enflammer les discutions avec une simple ligne écrite il y a treize ans : du Taylor Swift tout craché.