Effectivement, l'oeuvre de Tsugumi Oba n'est pas à plaindre niveau adaptations en live-action. Néanmoins, ce cultissime manga (2003 - 2006) a toujours eu le droit à des films là où il mérite à l'inverse de voir son univers être transposé au centre d'une véritable série. Après tout, ce n'est pas pour rien que l'anime de 2006 est aujourd'hui considéré comme un incontournable : il prend le temps de mettre en scène cet incroyable jeu d'échec entre L et Light Yagami, et il maîtrise à la perfection son rythme.
Car c'est bien là que réside l'intérêt de cette histoire. Ce n'est pas de voir Light s'amuser à se débarrasser du mal à l'aide de son cahier et de Ryûk, mais bien de voir les deux surdoués s'affronter afin de faire tomber l'autre en premier. C'est un plaisir immense de suivre ce ping-pong cérébral qui s'intensifie au fil des chapitres au point de nous retourner le cerveau plusieurs fois et nous impressionner sur la maîtrise du mangaka sur son histoire. Cette dualité, ponctuée par un questionnement sur le bien et le mal, est terriblement jouissive et nous apporte la preuve qu'il n'y a pas besoin d'artifice, de grands effets spéciaux ou de décors faramineux pour nous scotcher. Une bonne histoire suffit.
Depuis la fin de Game of Thrones sur HBO, tout le monde se demande quelle série sera à même de lui succéder. Son prochain spin-off toujours sur HBO ? The Witcher sur Netflix ? Le prequel du Seigneur des Anneaux sur Prime Video ? Et pourquoi ne pas plutôt s'intéresser à l'univers de Berserk ? Alors certes, à l'instar du Trône de Fer, il existe le risque d'être obligé d'imaginer la fin de cette histoire avant son auteur (lancé en 1989, le manga de Kentarō Miura n'est toujours pas terminé). Néanmoins, celle-ci est si riche, si dense et si impressionnante, que le risque mérite d'être pris.
Car Berserk c'est le genre d'oeuvre qui laisse des marques. Impossible de rester indifférent à ce qu'elle raconte. L'humanité y est représenté sous son aspect le plus crade, la mort plane au-dessus de cette histoire, tout comme l'immoralité, mais surtout, on vibre à chacune des nouvelles aventures des héros principaux. C'est badass, c'est intense, c'est spectaculaire, c'est beau, c'est horrible, c'est passionnant... Berserk c'est la promesse d'une épopée dans un monde de fantasy dont il est impossible d'en ressortir indemne. Bonne chance aux réalisateurs pour apporter autant de détails et nuances.
C'est peut-être notre nostalgie qui parle, mais il faut bien l'admettre, City Hunter est un manga absolument jouissif. Si l'anime (et la version française surtout) le transforme un peu trop en comédie, l'oeuvre de Tsukasa Hojo se révèle en réalité bien plus complexe que ça. Portée par une ambiance de film noir par instant, cette histoire nous permet de suivre avec grand plaisir les enquêtes de Nicky Larson, un détective qui n'hésite jamais à plonger dans les affaires les plus sombres afin de sauver ce qui peut l'être.
Et, on ne va pas se le cacher, cette espèce de double-personnalité avec ce personnage capable de risquer sa vie pour une inconnue et juste après de s'exciter pour une culotte apporte un aspect décalé réjouissant. Ce manga nous prend constamment à contre-pied. Or, combien de séries ont été capables d'amener un univers aussi joueur ces dernières années ? Un personnage aussi imprévisible ? L'avantage de City Hunter, c'est qu'il est relativement simple à adapter. Et s'il est vrai qu'à l'époque actuelle le comportement de Nicky Larson pourrait paraître problématique, on fait confiance aux scénaristes pour adopter les nuances nécessaires à ce héros. Une série noire portée par un héros haut en couleur, ça ne peut que donner un résultat fou.
Le concept de ce manga signé Motorō Mase est terrible mais passionnant. Dans cette dystopie, dès qu'un enfant entre à l'école primaire, il se voit injecter un vaccin. En réalité, un vaccin sur mille contient une micro-capsule qui condamne à mort avec précision (date et heure déjà connues) cet enfant entre ses 18 et 24 ans. Le but ? Rappeler aux habitants la valeur de la vie. Et le gros point fort de cette histoire, c'est qu'au travers du travail d'un fonctionnaire chargé de distribuer l'Ikigami, c'est à dire un préavis de mort, aux personnes concernées, 24h avant leur décès, on y suit la dernière journée de ces condamnés.
Vous l'avez donc deviné, ce manga jongle ainsi avec des questions à la fois angoissantes et puissantes : comment réagiriez-vous si on vous annonçait que vous alliez mourir demain ? Que feriez-vous ? En profiteriez-vous pour vous venger de tout ce que vous avez subi ? Seriez-vous dans le déni ? Trouveriez-vous cela injuste ? Ce n'est clairement pas l'oeuvre la plus réjouissante qui existe et à chaque lecture on n'en ressort pas toujours avec un grand sourire.
Toutefois, la plupart de ces histoires sont touchantes, vibrantes et surtout si réelles. Il n'est en effet pas difficile de se mettre dans la peau de chacun de ces condamnés et de comprendre leur désarroi. Et si ce manga se suffit à lui-même, on est tout de même intrigué à l'idée de voir ce que pourrait offrir une telle adaptation en live-action. Après tout, chaque récit est différent et nous amène dans des lieux et univers uniques. L'émotion n'est par ailleurs jamais la même en fonction des personnalités de chacun. Ikigami, c'est une véritable expérience de vie qu'une série ne peut que sublimer à travers une réalisation subtile et pudique, sans gros artifices.
Anime d'anticipation à l'univers cyber-punk, Psycho-Pass a toutes les qualités pour devenir une grande série en live-action à la condition de se retrouver entre de bonnes mains. Au programme ? Dans un futur lointain, afin de plonger la société dans la paix, chaque humain est équipé d'un Psycho-pass qui permet de mesurer en temps réel la probabilité que celui-ci commette un délit. Et quand le "coefficient de criminalité" d'une personne devient soudainement trop élevé, une équipe d'élite est chargé de l'appréhender afin qu'elle suive une thérapie ou, dans le pire des cas, l'éliminer.
A l'instar de Ikigami, cette oeuvre de Katsuyuki Motohiro et Naoyoshi Shiotani nous amène à énormément de réflexion. Peut-on vraiment juger une personne avant qu'elle ne passe à l'acte ? Doit-on à ce point laisser la technologie nous diriger ? Cette technologie est-elle vraiment fiable ? Et son gros avantage, c'est que Psycho-Pass est née de l'animation, ce qui signifie que tout son univers visuel est déjà bien connu et ancré. Il n'est donc pas difficile de l'imaginer en live-action (et clairement, la beauté et la créativité de cet univers sont à tomber par terre), et de rêver d'une profondeur/d'une âme supplémentaire. Alors certes, avec un univers comme celui-ci, on peut rapidement tomber sur un résultat façon série de SyFy ultra cheap. Néanmoins, si les moyens sont sortis et que les meilleurs talents sont recrutés pour ce projet, c'est une véritable pépite qui peut nous attendre...