Le film The Empty Man - réalisé par David Prior, est sorti de façon discrète, en pleine pandémie, car Disney n'était pas certain de ce qu'il fallait en faire après avoir racheté la Fox, qui venait de le produire. Pourtant, peu de temps après cette sortie, grâce notamment à son arrivée en VOD et en streaming, il est devenu l'un des plus gros phénomènes du moment dans l'univers des films d'horreur. Et à l'heure actuelle, The Empty Man est l'un des plus beaux joyaux cachés du genre sur la plateforme Disney+.
Un succès mérité, même s'il n'est pas étonnant d'apprendre qu'avant d'en arriver là, Disney ne savait pas très bien quoi faire d'un tel film. A la fois singulier et complexe, aux influences disparates et à la personnalité très macabre, The Empty Man est très éloigné de l'habituelle ligne éditoriale de l'entreprise. On doit ce ton étonnant à David Prior qui signe ici son premier long métrage après une carrière à réaliser des documentaires sur les coulisses de certains cinéastes comme David Fincher, dont l'influence se fait particulièrement ressentir dans ce film.
Mais au fait, de quoi ça parle ? On y suit l'histoire d'un policier à la retraite, joué par James Badge Dale, chargé de faire la lumière sur la mystérieuse disparition d'une jeune fille. D'abord réticent, encore traumatisé par la perte de sa femme et de son fils, il accepte finalement d'enquêter et se retrouve à un suivre un intrigant groupe.
Très vite, il réalise que ce groupe est en réalité un culte qui vit obsédé par une étrange divinité - l'homme vide ou "Empty Man", qu'il tente d'invoquer par tous les moyens. Progressivement, le détective comprend que cette secte et cette mystérieuse entité sont responsables des mystérieuses disparitions qui ont hanté la communauté ces dernières années.
Un concept classique ? Pas vraiment. L'une des choses qui distingue ce film des autres fictions horrifiques contemporaines est précisément la manière dont il présente ce phénomène autour du Empty Man. Prior utilise un prologue qui nous amène vers une montagne enneigée avec laquelle il joue avec le surnaturel d'une manière typique d'une histoire d'horreur japonaise, s'inspirant du folklore local et d'images dérangeantes.
Puis, de l'horreur pure, on évolue ensuite vers un thriller d'investigation minutieux, mis en scène à l'écran avec une certaine précision chirurgicale. Prior apparaît comme l'élève exceptionnel de Fincher, laissant dans son montage des détails qui évoquent régulièrement le cinéaste, que soit sur les mouvements de caméra ou via son rythme.
Une capacité narrative réjouissante qui apporte une noirceur supplémentaire à l'histoire, qui en devient toujours plus intéressante. Sans jamais sombrer dans de vulgaires artifices clichés, Empty Man sait créer des images très puissantes et mémorables. Des images comme celle d'un groupe de personnes soufflant sur une bouteille qui restent ancrées en vous en raison du sens qu'elles parviennent à donner.
The Empty Man est un film dérangeant dans son histoire et dans son ton, et se révèle être l'un des films de genre les plus singuliers que nous ayons vus récemment. S'il est encore jeune, il mérite pleinement (déjà) son statut de film culte.
Vous pouvez regarder The Empty Man sur Disney+.
Cet article a été écrit en collaboration avec Sensacine, nos collègues espagnols.