Depuis la fin du mois d'octobre et le reconfinement, les universités sont fermées et les cours se font exclusivement à distance. Contrairement aux lycées qui sont restés ouverts, d'abord en présentiel obligatoire puis avec 50% des effectifs, les étudiants doivent donc de nouveau rester chez eux, parfois sans contact avec leurs proches et leurs amis. Une situation qui n'est pas près de changer : Emmanuel Macron a annoncé cette semaine que la réouverture des universités ne se fera pas avant le début du mois de février 2021. Une décision qui ne passe pas chez certains.
Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, le groupe Udice formé par 10 universités (Université de Bordeaux, Aix-Marseille Université, Sorbonne Université, Université de Strasbourg,Université Claude Bernard Lyon 1, Université Côte d'Azur, Université de Paris, Université Grenoble Alpes, Université Paris Saclay et Université Paris Sciences et Lettres) conteste cette décision gouvernementale et demande la réouverture de toutes les facs "dès le début du mois de janvier avec une jauge de 50%".
Le groupe explique ne pas comprendre la décision de rouvrir les lycées (les établissements devraient accueillir la totalité des élèves dès le 20 janvier 2021) mais pas les universités qui, elles, devront attendre 15 jours de plus avant d'espérer accueillir leurs étudiants. "D'un point de vue sanitaire, rien ne justifie cette différence de traitement. Si les lycéens accueillent un nombre important de jeunes, chacune de nos universités (...) dispose de mètres carrés sans commune mesure, y compris par étudiant, avec les lycéens" peut-on lire.
Dans son communiqué, Udice souligne aussi que la fermeture des universités est une "véritable bombe à retardement sociale et humaine". Dans une interview donnée à France Info, Michel Deneken, président de l'Université de Strasbourg et signataire, rappelle que bientôt "cela fera un an qu'un certain nombre d'étudiants n'auront connu qu'une université qui enseigne dans des conditions dégradées".
Des conditions d'enseignement difficiles qui peuvent aussi provoquer une souffrance psychologique. "Ils en ont marre de ne pas avoir de profs. Leur grande crainte était justement de revenir dans une chambre d'étudiant, dans la solitude et la détresse morale. Et ce qui nous inquiète beaucoup aussi et qu'on sous-estime complètement, c'est la détresse morale de beaucoup d'étudiants et pas forcément des petits nouveaux. Même des étudiants aguerris sont fatigués. (...) Tous les indicateurs au niveau national et international sont au rouge pour la santé mentale. Je crois qu'à terme, ça tuera plus que le virus" a-t-il souligné.
Selon lui, les facs sont prêtes à accueillir de nouveau les étudiants dans de bonnes conditions sanitaires. Quant aux images des amphis bondés ? "Ce sont des images qui ont été utilisées dans les médias par malveillance, parce que dans 99% des cas, je peux en témoigner pour en avoir fait le tour, on respectait de manière drastique les mesures." assure-t-il.