Gad Elmaleh fait peut-être partie des humoristes préférés des français et possède peut-être de nombreux succès au box-office à son palmarès, mais cela ne veut pas dire que le pote de Kev Adams ne possède plus aucun rêve. Au contraire, comme il nous l'a confié pendant une table ronde organisée lors de la promo de son nouveau spectacle "Gad Elmaleh part en live" disponible sur Netflix, il a toujours souhaité "percer aux USA".
Un rêve américain logique pour ce fan de Jerry Seinfeld et Louis C.K., deux poids lourds de l'humour aux USA, mais pas toujours facile à concrétiser. Et pour cause, si Gad Elmaleh s'est désormais fait une petite place, qui ne demande qu'à grandir encore plus, parmi les plus célèbres humoristes locaux, son chemin a parfois été semé d'embûches.
Depuis que je suis gamin je rêve des USA et du stand-up. Je suis en train de le réaliser. C'est pas terminé et le challenge est là. C'est dur, je vais pas mentir. Il y a une chose que tu t'aperçois quand tu fais ça, c'est la chance que tu as en France. Tu peux l'oublier. T'es là, tu sors dans la rue et fais des photos avec des gens, tu fais des salles complètes, tu passes à la télé... Puis tu arrives aux USA et... (Il réfléchit) Combien de fois les mecs, dans les clubs où je jouais, juste avant que je monte sur scène, me demandaient comment on prononce mon nom. Tous les soirs. Ça te remet les pieds sur terre. Tu recommences tout à zéro.
Tu es payé 30 dollars en semaine, 100 dollars le week-end, par passage de 15 minutes. Donc c'est clair que tu ne le fais pas pour l'argent. Je me finance moi-même. Mais c'est là-dedans qu'il faut utiliser son argent. Le vrai luxe c'est de pouvoir kiffer d'aller au Comedy Cellar (club mythique aux USA dans le monde du stand-up, ndlr) et de se dire 'Bon, je peux vivre pendant 1, 2 ou 3 semaines à New York sans avoir besoin de taffer comme un malade à côté'. J'ai des collègues à New York, ils sont obligés de jouer 9 ou 10 fois en soirées ou le samedi pour gagner 500 dollars et ils sont contents. Je connais un gars qui fait 10 sets par soir le week-end. C'est un travail de fou car il y a des centaines de comiques. Il y a trop de fantasmes en France sur les Américains. Le stand-up c'est dur, les mecs galèrent.
Grave. Tu es seul, t'as pas d'entourage, il fait froid... Tu vas là-bas, tu fais ton show... Et c'est dur. Il y a des soirs où je me suis pris des gifles, j'étais déprimé et je me disais 'Mon Dieu, mais pourquoi je fais ça ?! J'ai tout ce qu'il me faut : je gagne ma vie, tout va bien, j'ai des fans qui me soutiennent, j'ai des enfants, une famille... Pourquoi je suis seul dans une cave au Texas ?' (Rires) Mais par contre, quand ça se passe bien, c'est décuplé. Tu crois que tu es le roi du monde.
Ouais. Je ne le pensais pas au début, mais si. Et c'est intéressant. C'est pas une question d'avoir un accent ou non. C'est pas important. Tu joues avec un accent, c'est pas très grave. Le plus grave, c'est l'intonation, les emphases à mettre. Dans la vie de tous les jours, si tu ne les as pas, c'est pas très grave. Mais en comédie, c'est une catastrophe. Tu ne peux pas te le permettre, surtout dans les chutes de fin, les punchlines... Mais ça y est, je suis un Jean-Claude Van Damme
Aux Etats-Unis, tu ne chantes pas [en référence à sa chanson 'Petit oiseau', ndlr]. Tu fais des blagues, ça dure une heure, puis tu dégages. Le rythme y est plus efficace. Au début je me disais 'Ouais mais c'est court, ils font que 1h15'. Mais quand tu analyses les shows de stand-up américains, il y a une blague toutes les 20 secondes. Tu ne peux pas être drôle pendant plus de 1h15 / 1h30, c'est pas possible. Mais par contre, j'aimerais apporter une petite nuance, car il faut arrêter d'être complexé par rapport à eux. On a aussi des choses à leur apporter sur la manière de faire de la scène, en termes de charme, de rondeur, d'observation, d'interprétation. C'est super d'être efficace, mais... Franchement, la scène à l'Européenne, la Marocaine, la Française... c'est très bien.
Le spectacle Gad Elmaleh part en live est disponible sur Netflix.