Peu à peu, Gad Elmaleh concrétise son rêve d'enfant. Celui de "percer aux USA", de faire rire les Américains et de rejoindre ses idoles d'avant et de maintenant, comme Jerry Seinfeld, Louis C.K., Kevin Hart ou encore Chris Rock. Ainsi, alors qu'il joue désormais son spectacle "Oh My Gad" dans les plus grands comedy clubs du moment (Comedy Cellar, Gotham Comedy Club, le Stand Up NY, le Comic Strip Live), qu'il accompagne Jerry Seinfeld en première partie et qu'il passe régulièrement dans de célèbres talk-shows, l'humoriste débarque cette fois-ci sur Netflix.
De quoi lui permettre de rejoindre ses célèbres collègues et de débuter une collaboration unique et importante avec la plateforme. Premier projet d'une longue série : un spectacle 100% inédit intitulé Gad Elmaleh part en live. Et à cette occasion, on a pu le rencontrer lors d'une table ronde passionnante.
Gad Elmaleh : C'est un événement pour moi d'être sur Netflix. C'est l'endroit où j'ai vraiment maté en boucle tous les comiques américains, anglais ou australiens, de Kevin Hart à Louis C.K. en passant par Jim Jefferies. D'être aux côtés de ces gars et d'être dans "l'écurie Netflix" c'est cool pour moi.
GA : C'est une exposition complètement folle puisque Netflix est présent dans 190 pays. J'aime bien l'idée qu'il n'y a pas réellement de frontières, que je peux faire des vannes qui sont sous-titrées en allemand et en hindi. J'aime le côté Worldwide, c'est big... J'ai aucun problème avec ça. J'adore l'idée que des gens qui n'ont jamais entendu parler du Maroc et qui savent vaguement où est la France écoutent mon histoire. J'aime l'idée de transporter cette histoire, peu importe les Etats où je joue. Et c'est ce qui va se passer sur Netflix. Sauf que là, en un clic c'est dans 190 pays, devant 90 millions de personnes. Si je voulais le faire en live, il faudrait que je tourne toute ma vie.
GA : C'est un nouveau show, en français, qui raconte mon histoire américaine. L'idée de base est venue de mon meilleur ami. Il vient me voir un jour dans un café-théâtre et il me dit "Fréro c'est top, mais j'ai rien compris". Je lui dis "Comment tu vois que c'est top ?" et il me répond "Parce que je sens que tu racontes des trucs qui te correspondent, mais en anglais. Tu peux pas le sous-titrer ?". Puis après il m'a dit de le traduire en français. Et c'est ce que j'ai fait. J'ai pris des morceaux [du spectacle anglais "Oh My Gad"] comme la vie de tous les jours aux Etats-Unis, le rêve américain, la désillusion, le rapport aux femmes, le rapport à la notoriété et de redevenir totalement anonyme... C'est un spectacle original pour Netflix. Netflix, si c'est pas original... (rires). Ils m'ont même dit "Cette blague, elle existe déjà. Tu l'avais faite..."
GA : On reconnaît vraiment ma patte, qui est le stand-up d'observation du quotidien. J'adore faire ça donc on y retrouve cette patte là. Et puis il y a quelque chose de plus universel, plus international. Je m'y raconte au départ du Maroc en passant par le Québec jusqu'aux USA. Finalement j'y raconte que je suis tout le temps en décalage.
Quand je suis arrivé aux USA, j'ai commencé à faire du stand-up pur, pour faire comme les Américains. C'est bête mais t'es intimidé. Mais plus je faisais les clubs, plus j'étais fatigué et plus je retrouvais ma vraie nature, mes phases, ma gestuelle et le public était mort de rire. Et un jour il y a un pote, Sacha Baron Cohen (l'interprète de Borat, ndlr) pour ne pas le citer, qui vient me voir et me dit "Pourquoi tu fais pas ça tout le temps ?" Je lui réponds "Parce que c'est du stand-up" et il me dit "Tu t'en fous du stand-up. Aux USA, des mecs tout droit qui font des blagues ils en ont des centaines. Mais un mec qui fait de la gestuelle, qui parle avec son corps et des accents, il y en a très très peu". On a beaucoup à leur apporter en termes de charme, de rondeur, d'observation, d'interprétation... J'ai cette impression que les Français sont plus fascinés par le "made in America" que les Américains eux-mêmes.
GA : J'ai l'impression qu'on commence à avoir plus un problème en France qu'ailleurs [sur la possibilité de rire de tout]. Ici, on a un petit problème de crispation en ce moment et je ne sais pas d'où il vient. Il faut qu'on l'analyse tous ensemble. Les gens sont pré-énervés, ils sont pré-pas-contents. C'est comme s'ils se disaient "Bon les gars, qu'est-ce qu'on doit détester ? Qu'est-ce qu'on doit dire ?". Il faut pas. Les humoristes, il faut leur faire confiance. Cette crispation n'était pas là avant. C'est pas de la faute des humoristes.
On doit pouvoir se moquer de nous tous, de tout le monde. Si j'avais dû me taper la ligue des travestis pour Chouchou, la communauté juive pour Coco, la communauté arabe pour Abderrazak et les Français pour Sébastien... Il faut qu'on puisse se moquer de nous et que tout le monde y passe.
Deuxième partie à venir le 24/01 : L'aventure américaine de Gad Elmaleh et ses difficultés.