Révélée aux yeux du grand public en 2016 grâce à son rôle de Tamara dans le film éponyme à l'âge de 20 ans, le début de carrière d'Héloïse Martin n'a malheureusement pas été digne d'un conte de fées. Là où la comédienne a pu enchaîner les projets ces dernières années, que ce soit au cinéma (Tamara 2, Dernière ligne droite) ou à la télévision dans les séries Alice Nevers et Grand Hôtel, mais aussi dans les émissions Danse avec les stars 9 et District Z, elle a surtout vu une partie des spectateurs en profiter pour s'attaquer continuellement... à son physique.
Une situation difficile à vivre pour Héloïse Martin, qui a donc décidé de prendre la parole afin d'éveiller les consciences à travers son histoire et faire, elle l'espère, bouger les choses. La pote de Rayane Bensetti vient en effet de le confier sur Instagram, elle est récemment montée sur scène à l'occasion d'un TED X très important intitulé : "Grossophobie, ce corps qui vous dérange".
"Imaginez si à 14 ans, après 2 années d'anorexie, on m'avait dit qu'un jour je serai sur la scène de TED X pour vous parler de 'Grossophobie'", a-t-elle dans un premier temps déclaré, avant de souffler plus loin, "J'ai découvert ce mot il y a quelques années, suite à la sortie du film "Tamara". Depuis, j'ai été la cible de centaines de messages d'insultes concernant mon poids, mon physique de 'grosse'..."
Une situation inacceptable qui lui fait dire, "Croyez-moi, il y a beaucoup de grossophobes qui s'ignorent", mais qui ne semble pas pour autant la désespérer. Optimiste pour l'avenir, l'actrice a par la suite ajouté croire en une évolution positive de la société, "J'espère qu'un jour cette haine de la différence cessera, que le mot 'gros' ne sera plus un 'gros mot'".
Et le point positif, c'est que ce TED X est d'ores et déjà disponible en ligne (voir dans notre diaporama). Dans une vidéo de près de 12 minutes publiée sur YouTube, on peut ainsi suivre le discours très fort d'Héloïse Martin qui critique brillamment le rapport au corps des uns par rapport aux autres dans une société qui mise beaucoup trop sur l'apparence avec des normes irréalistes.
"Je vous l'accorde, sur Google ça ne saute pas aux yeux, mais je suis comédienne. J'ai fait des films au cinéma, des séries, du théâtre, des émissions de télé", ouvre-t-elle en parcourant sur scène une recherche Google à son nom, avant de déplorer une triste réalité, "Mais apparemment, mon poids est le sujet de recherche numéro un quand on tape mon nom sur Internet". "Aujourd'hui, mon corps dérange, poursuit-elle plus loin. Ce n'est pas une question, c'est bel et bien une affirmation."
Aussi, après s'être confiée sur son douloureux passé d'anorexique qui l'obligeait à vivre collée à un radiateur, elle dévoile combien la grossophobie s'est peu à peu immiscée dans sa vie alors même qu'elle commençait à se sentir mieux dans sa peau, "[Après le premier film pour lequel elle avait pris du poids pour le rôle] j'étais devenue Tamara. Je vivais les mêmes humiliations qu'elle à travers des commentaires désagréables sur mon physique, dans la vie et sur les réseaux sociaux", mais également dans la société de manière plus globale à travers les nombreuses injonctions à maigrir dans les publicités ou le dangereux challenge de la feuille A4 sur TikTok qui consiste à ne pas voir son ventre dépasser d'un tel format.
"Les conséquences de la grossophobie sont lourdes : humiliation, baisse de la confiance en soi, et ça va même jusqu'à la désocialisation", critique Héloïse Martin. Elle s'avoue d'ailleurs à la fois fascinée par cette hypocrisie générale (à une autre époque son corps était la norme, tout le monde est différent physiquement et mentalement des autres, "Au fond, lequel des deux [entre deux voisins dans une salle] est normal si l'autre est différent ?") et fatiguée de voir les grossophobes prendre plus de place qu'ils n'en méritent.
Au moment d'évoquer son passage dans Danse avec les stars en 2018, la comédienne révèle la puissance de cette haine qu'il est désormais temps de combattre, "Avec mon partenaire de danse, Christophe, on a terminé premiers le premier soir de la compétition. On était trop contents. Et heureusement, ce soir-là, je n'ai pas regardé mes réseaux sociaux, notamment Twitter, parce que les commentaires étaient pitoyables, jusqu'à en faire oublier les merveilleux qui étaient à côté. Et c'est ça le problème chez les grossophobes. En quelques mots ils prennent toute la place. On finit par ne voir plus qu'eux, ne retenir que cela. 'Attention, elle va péter le parquet !', 'Son danseur n'arrivera jamais à la soulever, il va mourir écrasé sous son poids'. Psychologiquement ça fait mal."
Reste désormais à espérer que ses mots permettront (enfin) de faire bouger les choses.