Tu es nommé dans la catégorie "Format Court" des Web Comedy Awards. Que penses-tu de ce genre de cérémonie ?
C'est une très bonne idée. Ca permet de mettre en avant des YouTubeurs à la télé et de les ouvrir au monde médiatique. Certains doivent penser que c'est toujours les mêmes qu'on nomine. Mais moi, je suis super content de me trouver là-dedans. Même si ça fait 6 ans que je fais des vidéos et que j'ai été sélectionné pour mes petits Vines. Après, si je m'étais trouvé dans une autre catégorie, je pense que je n'aurais eu aucune chance. Quoi qu'il en soit, si je gagne, ça va me faire super plaisir. Surtout que je n'ai rien gagné dans ma vie à part le RSA. (rires)
Comment t'es-tu retrouvé à faire de la vidéo ?
J'y suis arrivé par hasard, il y a 6 ans. Je faisais des vidéos pour mon skyblog, pour faire rire mes potes. Et un jour, j'en ai fait une pour me moquer de la Tektonik, expliquant que ça avait été créée par un homme qui devait chasser une mouche dans sa cuisine. Je l'ai partagée. Et le lendemain, en me réveillant, la vidéo avait fait 100 000 vues sur Dailymotion. Et là je me suis dit : 'Il se passe quelque chose'. J'en ai donc fait 2-3 autres qui n'ont ont pas aussi bien marché, même si pour l'époque c'était énorme car on était pas beaucoup à faire des vidéos. Il y avait le Velcrou, Monsieur Poulpe, Mozinor... J'étais donc là quand tout a commencé. Mais c'était pas non plus une vocation.
Tu ne te voyais donc pas faire du montage ou de l'écriture comique au départ ?
Pas du tout. D'ailleurs, de plus en plus de gens savent pourquoi ils font ça et ça tronque un peu la nature du travail. Les jeunes qui se mettent sur Internet le font car ils savent que potentiellement ça peut apporter quelque chose. Du coup, ça enlève le côté naïf du mec qui commence et qui a juste envie de faire une vidéo pour le plaisir. A l'époque par exemple, si tu n'étais pas un minimum original, tu ne sortais pas du lot. Maintenant, si tu es un minimum intelligent - et pas forcément talentueux, tu peux faire des vues.
Qu'est ce qui t'a justement permis de sortir du lot ?
Un an après la Tektonik, j'ai fait appel à Daniel, un ami et éducateur de mon foyer, pour travailler sur une nouvelle vidéo. On a écrit ensemble le premier "Dallas du bled". Je l'ai tourné avec les moyens du bord, je l'ai mis sur le net et là, nouveau buzz. J'ai ensuite continué cette série, puis je me suis mis dans les créneaux "du Bled" avant de me dire : 'Est-ce que c'est ça que je veux montrer ? Est-ce que je dois faire le blédard de service pour faire rire ?'. Je me suis aperçu que non. Et c'est à ce moment que j'ai commencé à faire de nouveaux trucs, plus drôles et éducatifs, notamment sur l'histoire de France.
Tu as en effet réalisé beaucoup de concepts différents, entre les parodies "du bled", "Les Mots de Victoir" ou les "J'ai Mal au Rap". Cela a-t-il été payant ?
J'ai un peu tiré une balle dans le pied de mon buzz communautaire parce que les "vidéos du bled" prenaient bien. Mais si je m'enfermais là-dedans, j'aurais rien pu faire d'autres. Mais c'est aussi une erreur de faire 40 000 trucs à la fois. J'étais moi-même un peu perdu. Même si dernièrement, c'est reparti plus que tout le reste. Depuis un mois par exemple, je commence à faire des vues très acceptables avec les "J'ai Mal au Rap". Mais je dois cette réussite surtout à un petit succès d'estime, du fait je traîne avec d'autres YouTubeurs comme Norman. Ca m'a permis notamment de toucher un plus large public.
Comment est né le concept des "J'ai Mal au Rap" ?
Un soir avec Kaza, mon ami avec qui j'écris et réalise toutes mes vidéos, on était en train d'écouter de La Fouine sur mon PC pendant une séance d'écriture. Et là le rappeur sort une phrase totalement ridicule. On se la repasse et on explose de rire pendant 10 minutes. On commence alors à partir sur des délires. Et on se dit : 'Viens on écrit et on tourne une vidéo sur ça maintenant.' Il était 23h, on l'a tournée, montée et mise en ligne dans la foulée. Et le lendemain, 100.000 vues. Il se passait un truc. On a donc continué sur notre lancée et ça m'a permis de faire découvrir mon univers à plein de gens.
Outre sur YouTube, tu es aussi très présent sur Vine.
Je me suis fait surprendre par cette application. J'ai trouvé ça très intéressant en termes de conneries. J'en ai donc fait un ou deux, puis j'y ai pris grave goût. Et en l'espace de deux mois, 10 000 personnes m'ont follow. Aujourd'hui, j'en ai presque 40 000. Je fais désormais parti de ce qu'on appelle les Viners qui se font petit à petit un nom. Pour te dire, aux Etats-Unis, où le phénomène est plus développé, les Viners sont invités sur les plateaux télé. Alors qu'en France, comme d'habitude, on a un peu de mal à faire décoller les trucs un peu nouveaux.
Et est-ce que tu penses que les Viners seront un jour plus populaires que les YouTubeurs ?
C'est bizarre comment ça se développe. Je sais que d'habitude, je me fais arrêter dans la rue pour mes vidéos. Et là, ça m'est arrivé 2-3 fois de me faire arrêter par des petits qui me disent : 'Ah, j'adore tes Vines'. Ca peut devenir un gros phénomène. Après, je ne sais pas si ça peut dépasser celui des YouTubeurs, même si aux States, de plus en plus de marques font de plus en plus appel aux Viners, et presque tout autant qu'aux YouTubeurs.
Le succès de tes Vines peut aussi s'expliquer par l'apparition de plusieurs guests. Norman, Kyan Khojandi et même Brahim Zaibat pour ne citer qu'eux...
Brahim Zaibat, c'est particulier. C'est quelqu'un que je connais et avec qui je traîne depuis longtemps. On a grandi dans la même ville. Et on est resté des potes malgré ce qui s'est passé pour lui et ce qui commence à se passer pour moi. Pour la petite histoire, à l'époque des "Dallas du bled", il a même fait une voix dans l'une des vidéos. Quant à Kyan de Bref, il a en fait retweeté un de mes Vines. Et un jour qu'il était de passage à Lyon, je lui ai envoyé un mail dans lequel je disais : 'Ca te dit un petit Vine ?' Il m'a répondu tout de suite 'oui'. On a passé un après-midi ensemble et on a fait 2-3 Vines. Ce mec est génial, humble, de bons conseils... Et il a vraiment la tête sur les épaules.
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