Si l'on vous évoque le nom de Kriss seul, ce dernier ne vous parlera pas nécessairement de prime abord en comparaison d'un Norman dont l'étiquette de YouTubeur saute aux oreilles dès qu'on mentionne son prénom. Il y a néanmoins de fortes chances pour que vous ayez déjà regardé l'une de ses créations. Et pour cause, derrière ce vidéaste se cache le créateur de vidéos suivies par plus de 400 000 abonnés : Minute Papillon.
Dans Minute Papillon, ce diplômé d'un BTS en montage vidéo, qui s'est d'abord fait la main sur des parodies de pubs, revient sur des sujets de société ou de réflexion avec beaucoup humour. Grâce une panoplie de personnages loufoques et une maîtrise "accélérée" de la langue française, il s'est constitué une confortable communauté de fans qui se délectent régulièrement de ses monologues déjantés et très pertinents.
Comment es-tu entré dans le monde de la vidéo sur YouTube ?
Kriss : A côté de mon travail, plutôt que d'aller boire des canons avec des potes de mon village de campagne du Beaujolais, je faisais avec eux des parodies de pub. Au début, c'était pour le délire, puis on les a mises sur Internet. Et pour avoir une certaine redondance, on s'est fixé de faire une parodie par semaine en tant que LanguedePub. Je m'occupais des tournages et du montage. Ça n'a ensuite pas vraiment évolué puisqu'on faisait ça dans un petit microcosme, pour les amis. Mais on a quand même multiplié les concepts et c'est finalement "Minute Papillon" qui a bien marché et m'a fait connaître à un moment où justement, on ne pouvait plus trop tourner tous ensemble.
Comment est né Minute Papillon, des vidéos qui se démarquent très clairement de celles d'autres podcasteurs ?
C'est compliqué à expliquer parce que je ne cherchais pas à faire du podcast à la base. Je voulais faire un mélange de François Pérusse pour la voix et du Cinéma de Jamel pour l'expression par rapport à la caméra. Et donc, le concept est né d'une volonté de parler de certains sujets. J'avais aussi envie de faire plus de vidéos mais comme tout le monde travaillait de son côté, c'était compliqué de réunir plus de monde que ma propre personne. Le podcast a répondu à ça : parler de tout, de rien et surtout tout seul.
Peux-tu nous décrire le concept de Minute Papillon ? Comment choisis-tu tes sujets ?
Dans Minute Papillon, je parle de ce qui me concerne, ce qui résume un peu la vie. C'est pour ça qu'il m'arrive parfois de parler de philosophie, de politique, de sociologie... Ça fait partie des interrogations que j'ai comme beaucoup de gens. Après, je choisis pas vraiment mes sujets. J'ai pas de plan à long terme. C'est plutôt ce à quoi je pense au moment d'écrire. Et encore, pas nécessairement. Dans la saison 1 par exemple, j'écrivais les épisodes d'une traite. Puis j'ai commencé à compliquer l'écriture. Et c'est devenu de pire en pire puisque maintenant j'écris, je contre-écris, j'essaye de faire des boucles. Mais en tout cas, je ne choisis rien à l'avance.
Tu as fonctionné comme ça pour réaliser ta vidéo sur la quenelle de Dieudonné ?
Ça faisait 6 mois qu'on me demandait de faire une vidéo sur lui et que je répondais que je ne voulais pas la faire. J'expliquais que si un jour je parlais de la liberté d'expression, je le placerai. Puis en début d'année, on ne parlait que de ça. Et j'avais l'impression que l'avis était à sens unique. Je ne suis pas pro-Dieudonné. Je le trouve très drôle. Mais si on me parle de l'homme autour d'une table, je ne le défends pas forcément. Et donc, comme personne ne disait rien à part des gamins qui balançaient des insultes, je me suis senti obligé de la faire, ce que je ne voulais pas au départ parce que ça n'entre pas dans la ligne éditoriale de Minute Papillon. C'est d'ailleurs pour ça que c'est un hors-série.
Quels sont les YouTubeurs que tu nous conseilles de suivre ?
Je n'en suis pas tant que ça. Je regarde les vidéos de Mathieu Sommet de Salut Les Geeks. Celles de Timothet Hochet qui a une originalité un peu rare et un oeil de réalisateur. Je suis aussi plutôt fan de ce que font les frères Descraques, aussi bien du côté du Visiteur du Futur que du SURICATE. Il y a aussi What The Cut d'Antoine Daniel, le Joueur du Grenier et tout ceux que je croise de temps en temps comme Gonzague, LinksTheSun ou Jhon Rachid, un pote lyonnais qui a un vrai talent pour l'écriture.