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L'Espagne aussi fait son #MeToo de la téléréalité : un candidat condamné pour agression sexuelle
Publié le 19 avril 2023 à 16:04
Par Clément Arbrun | Journaliste société
Journaliste Société et Pop Culture, Clément s'intéresse autant aux punchlines de Virginie Despentes qu'aux perruques de Bilal Hassani et aux blagues de Panayotis Pascot. Il aiguise principalement sa plume en papotant féminismes, genre et fashion, ce qui lui permet de parler d'Harry Styles, des gens pas toujours fréquentables qui emploient le mot "woke" sur Twitter et des dernières prods Netflix.
En France, cela fait des années que le mouvement #MeToo bouscule le cadre toxique de la téléréalité : accusations de harcèlement, d'agressions, de viols... Et en Espagne aussi, on libère la parole. Plus encore, on condamne.
L'Espagne aussi fait son #MeToo de la téléréalité : un candidat condamné pour agression sexuelle L'Espagne aussi fait son #MeToo de la téléréalité : un candidat condamné pour agression sexuelle© Gran Hermano
En France, cela fait des années que MeToo s'invite dans la téléréalité : en 2021 déjà, Angèle Salentino affirmait avoir été harcelée lors du tournage des "Vacances des Anges 4".  La même année, Alix Desmoineaux et plusieurs autres jeunes femmes pointaient du doigt Illan Castronovo , candidat multi-abonné du genre (vu dans "Les Princes", "Les Marseillais", "Les Anges"), l'accusant d'exhibition, de harcèlement et d'agression sexuelle.  
Mais la France est évidemment loin d'être un cas unique. La preuve ? En Espagne, non seulement ces affaires-là sont prises en charge, mais elles aboutissent à des condamnations. Le 18 avril dernier, on a ainsi appris la finalité du jugement dont a fait l'objet José María López, un participant de l'émission de téléréalité "Gran Hermano", autrement dit, la version espagnole d'un véritable classique, "Big Brother" : l'homme en question a été condamné à quinze mois de prison pour agression sexuelle.
Le coupable aurait agressé sexuellement Carlota Prado, une autre candidate de la même émission, en 2017. Les faits se seraient carrément déroulés durant un tournage.
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Il semble loin le temps où l'équation "MeToo + téléréalité" en faisait rire certains - pas forcément les lames les plus aiguisées du tiroir d'ailleurs. En France, cela fait des années que les accusations pleuvent. En 2021 déjà, Angèle Salentino affirmait avoir été harcelée lors du tournage des Vacances des Anges 4. La même année, Alix Desmoineaux et plusieurs autres jeunes femmes pointaient du doigt Illan Castronovo, candidat multi-abonné au genre (vu dans Les Princes, Les Marseillais, Les Anges), l'accusant d'exhibition, de harcèlement et d'agression sexuelle.

Mais la France est évidemment loin d'être un cas unique. La preuve ? En Espagne, non seulement ces affaires-là sont prises en charge, mais elles aboutissent à des condamnations.

Le 18 avril dernier, on a ainsi appris la finalité du jugement dont a fait l'objet José María López, un participant de l'émission de téléréalité Gran Hermano, autrement dit, la version espagnole d'un véritable classique, Big Brother : l'ancien candidat a été condamné à quinze mois de prison pour agression sexuelle. Il devra également verser 6.000 euros à la victime au titre de "préjudice moral".

>> Les Anges : harcèlement, sexisme... des ex-employées de la production livrent des témoignages chocs <<

Une agression sexuelle en pleine émission

Le coupable a été jugé coupable d'avoir agressé sexuellement Carlota Prado, une autre candidate de la même émission, en 2017. Les faits se seraient carrément déroulés durant un tournage. Pour rappel, Big Brother, c'est l'influence directe de Loft Story : des candidats sont enfermés dans une maison, filmés 24 heures sur 24, et progressivement éliminés.

Dans ce cadre très anxiogène, l'homme condamné aurait effectué dans un lit "des mouvements lubriques" contre le corps de sa victime, après lui avoir enlevé son pantalon. Et ce durant plusieurs minutes. Celle-ci, inerte et sous l'emprise de l'alcool, aurait exprimé son non-consentement durant l'acte, précisant : "Je ne veux pas", comme l'a relevé le magistrat de l'affaire. C'est un membre du programme qui serait alors intervenu...

#MeToo au pays de Secret Story

On l'imagine, cette condamnation, bien que mince, est un soulagement pour la victime et ses proches. Et un verdict qui fait forcément cogiter : prend-t-on encore suffisamment en considération le #MeToo de la téléréalité chez nous ? La réponse fait mal quand on sait que les condamnations ne s'accumulent pas vraiment au pays de Secret Story, se résumant dans le meilleur des cas à de (très) légères victoires pour les présumées victimes : en mars dernier par exemple, Illan Castronovo, accusé d'agressions sexuelles, a perdu son procès en diffamation contre Alix Desmoineaux.

>> Les Anges : 6 altercations qui auraient déjà dû alerter sur "l'acharnement"! <<

Mais en 2023, on a toujours l'impression que les candidates de téléréalité prennent "double tarif" : c'est à dire qu'aux remarques habituelles dont font l'objet celles qui libèrent la parole (mentir, faire ça "pour l'argent" ou la "fame", n'avoir "aucune preuve concrète"), il faut encore ajouter une grosse dose de sexisme. Surpris ?

Autrice de Télé-réalité, la fabrique du sexisme, Valerie Rey-Robert constate ainsi que la plupart du temps, lorsque des candidates dénoncent des agissements comme des agressions sexuelles, du harcèlement, des viols, "il y a eu un raz-de-marée de victim-blaming visant leur aspect physique et leur façon de parler".

Le "victim blaming", c'est le fait de pointer du doigt l'attitude, les propos, voire la tenue d'une femme qui dénonce des faits d'agression sexuelle ou de viol, pour mieux la décrédibiliser et peu à peu détruire sa parole. Une manière de faire culpabiliser celles qui dénoncent les coupables présumés. Et quand on voit les remarques que se prennent les candidates depuis Nabilla, on se dit évidemment que la route est encore longue.

"Les producteurs n'agissent pas contre les agresseurs"

Autre gros souci pour celles qui espèrent la justice : la mise en scène de ces émissions, qui se soucient peu de l'excès de voyeurisme ou de l'éthique. Oui oui, pas vraiment de gros scoop ici. Dans le cadre de "l'affaire Gran Hermano", relate 20 Minutes, la victime aurait ainsi été amenée à commenter sa propre agression sexuelle. Les images ont été captées par les caméras, et la jeune femme, en larmes, s'est vue forcée à s'exprimer sur cette scène dans la pièce dite du "confessionnal"...

Pas l'idée du siècle on s'en doute. C'est notamment pour cela que la production a également été condamnée par le tribunal : elle devra verser, comme l'agresseur, 6.000 euros à la victime pour préjudice moral.

>> Angèle Salentino raconte son agression dans Les Vacances des Anges 4 : "On a voulu me frapper" <<

L'an dernier, Alix (Les Marseillais vs le Reste du monde, Les Princes de l'amour) taclait justement la prod de ces émissions dans les pages du Monde. A la lire, membres de l'équipe et producteurs participent à l'impunité des agresseurs : "Si un candidat est connu pour avoir la main leste envers sa copine, les producteurs le savent et n'agissent pas. Tant que le scandale n'est pas public, ils continuent à faire comme si de rien n'était".

Angèle Salentino serait du même avis, et irait carrément plus loin : en 2021, la candidate des Anges balançait le hashtag #BoycottLesAnges sur les réseaux et accusait les responsables de l'émission d'inciter au "harcèlement" envers ses candidates.

Elle dénonçait sur Insta : "La production a mis en place un système d'acharnement psychologique depuis des années. Cette émission favorise l'acharnement. Tant que vous allez regarder Les Anges, il y aura une personne qui va subir un harcèlement".

"La télé-réalité, c'est comme une relation toxique. Les producteurs nous laissent entendre que, sans eux, on ne sera plus rien", taclait encore Alix sur le même ton. De quoi rendre d'autant plus difficile la libération de la parole. Et pas besoin de "grosse voix" ou d'émissions à "secrets" pour faire régner l'omerta.

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