Ce dimanche 10 avril 2022 était organisé le 1er tour de l'élection présidentielle qui a vu Emmanuel Macron et Marine Le Pen se qualifier pour le second tour (les votes auront lieu le 24 avril 2022). Un résultat qui fait écho à celui de 2017 et qui fait déjà grincer des dents une partie de la France, à commencer par la jeunesse qui avait privilégié le candidat Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième.
Aussi, depuis ce mercredi 13 avril, des centaines d'étudiants aux quatre coins de la France ont décidé de frapper un grand coup afin de manifester leur mécontentement et faire entendre leurs revendications. Comme on peut le découvrir à la Sorbonne, mais également à Sciences Po Paris, ils sont en effet nombreux à bloquer aujourd'hui l'accès à ces établissements et à organiser des réunions pour partager leurs craintes vis-à-vis du futur qui les attend.
Tandis que les programmes des deux candidats à l'élection ne sont clairement pas tournés vers la jeunesse, et encore moins vers l'écologie, un thème pourtant crucial pour les années à venir, ces quelques étudiants avouent ne pas se sentir représentés par ce scrutin. "Macron et Le Pen ne nous représentent pas du tout. Ce sont deux options aussi mauvaises l'une que l'autre et on en a marre de devoir choisir entre la peste et le choléra, a notamment déclaré une étudiante auprès du Monde. On se demande quel avenir on aura dans quelques années. On s'inquiète pour le climat, la précarité, le climat politique". Des propos partagés par un autre élève, qui a de son côté assuré, "On estime que cette élection nous a été volée et c'est notre avenir qui nous est volé".
Malheureusement, là où leurs revendications initiales peuvent être légitimes (quoi de mieux qu'un coup de gueule pour se faire entendre et réveiller les consciences des candidats à l'approche du second tour pour qu'ils améliorent leurs programmes ?), la forme que celles-ci sont en train de prendre depuis quelques heures est à l'inverse en train de diviser les étudiants.
La raison ? De nombreuses vidéos tournées dans ces établissements commencent à circuler sur les réseaux sociaux et mettent en scène des dégradations (mobilier cassé, tags sur les murs), des gestes de violence (des objets balancés par les fenêtres) ou encore des slogans plus que limites comme "nous sommes tous antifascistes" qui laisse entendre que Macron et Le Pen partagent les mêmes valeurs et idées, ou bien "butez Macron" qui coupe court à tout dialogue.
Aussi, face à ces débordements, la mobilisation des étudiants se révèle moins soutenue qu'espéré. Si leurs revendications et les messages qu'ils tentent de faire passer ne sont une nouvelle fois pas mis en cause, la forme choisie par certains est en revanche pointée du doigt, cristallise les tensions et prend le pas sur les discours. "Symboliquement, ils mettent sur le même plan l'extrême droite et Emmanuel Macron", déplore notamment un internaute étudiant à la Sorbonne.
Pour l'heure, on ne sait pas encore ce que donneront ces manifestations (seront-ils entendus par les deux candidats ?), mais les étudiants ne comptent pas lâcher l'affaire. Au contraire, alors même que des soutiens de l'extrême droite sont passés à l'action de façon violente cette après-midi pour mettre fin à ces rassemblements à SciencePo, les élèves - conscients que le futur se joue dès aujourd'hui, ont bien l'intention de poursuivre leurs actions jusqu'à l'élection.