Chaque année, c'est la même chose, les températures baisses et la Hallmark Channel envoie des kilomètres de fichiers enfermant leurs contenus exclusifs "niaiseries sous la neige" (filmés en été, on adore l'ironie). Alors, ne vous y méprenez pas : je suis la première sur-consommatrice de ce genre de soupe télévisuelle. Du plus loin que je me souvienne, ces films étaient dans ma vie, au même niveau qu'un Disney ou qu'un épisode de Charmed. Et, chaque année, ce n'est que bonheur et volupté de retrouver ces histoires insipides, beaucoup trop américaines, plus efficaces que du paracétamol pour combattre les lendemains d'ivresses au vin chaud.
Mais, parfois, il faut savoir dire stop, tirer la sonnette d'alarme : TF1, de quel droit osez-vous saboter l'été indien et la saison des citrouilles ? Mariah Carey elle-même, qui, toute diva qu'elle est, ne perdant jamais une occasion d'attirer les spotlights sur elle, a toujours la décence de ne programmer son retour annuel sur nos playlist Spotify qu'à partir du 1er novembre ! Alors, comment expliquer un retour si précipité de ces romances mal doublées ?
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Ce n'est évidemment pas la première fois que ces productions débarquent dès la mi-octobre sur nos écrans de télévision. Et pourtant, chaque année, on a la fâcheuse impression que la date est avancée. Déjà en 2022, TF1 avait lancé la saison dès le 16 octobre. Et, force est de constater que malgré les critiques (entièrement valides et auxquelles je me joins sans sourciller), le public est là.
Car, même si les après-midi à la télévision riment toujours plus ou moins avec "téléfilms de qualité plus que douteuse", la véritable tradition de les regarder, en famille qui plus est, n'est établie que lors des fêtes de fin d'années. Le public y est fidèle, attaché, et les audiences de ce type de programme monte en flèche principalement à cette période. Ainsi, TF1 réalise des parts d'audiences significatives avec ces téléfilms peu couteux à l'achat, et qui rapportent gros. On comprend mieux pourquoi Netflix s'y met aussi depuis quelques années.
Le principe de la Hallmark (principal producteur des téléfilms de Noël), c'est de produire en masse des films dont les trames sont peu ou prou toujours les mêmes et que nous connaissons par coeur. Il crée de la nouveauté en interchangeant lieux, acteurs et actrices et professions des personnages. Ces films ont également pour mission de véhiculer des valeurs traditionnelles : l'amour c'est bien, le bonheur ça fait plaisir, les métiers du tertiaire représentent le diable, gagner sa vie en faisant des gâteaux à la cannelle c'est ce qui sauvera l'humanité. En somme, travail, famille, patrie et magie de Noël sont les maitres mots.
Peu couteux, blindés de placements de produits Hallmark, ils sont vendus pour une bouchée de pain aux chaînes étrangères qui, en suivant cette idée, achètent et diffusent des panneaux publicitaires déguisés. Mais des panneaux qui ne coutent presque pas une tune et qui rapporte gros. Alors, quand ça fonctionne, pourquoi s'en priver ? Et pourquoi ne pas tenter dès la mi-octobre ce stratagème ?
Vous ne m'avez pas demander mon avis, mais je le donne quand même : mi-octobre pour ouvrir la saison hivernal, c'est trop tôt. On se doute que l'argent prend toujours le pas sur la logique, mais chaque chose en son temps. Quand, à chaque rentrée, les programmes en prime time reculent de vingt minutes (d'ailleurs est-ce réac de se souvenir avec tendresse de la douce époque où le film du dimanche soir commençait à 20h30 ?), allons-nous devoir nous attendre à la diffusion de "christmas movies" dès septembre ?
Devons-nous nous plier à ce dictat de la doudoune et du bon sentiment quand le soleil est encore présent ? Doit-on directement passer en mode hiver alors même qu'on n'a pas encore acheté nos déguisements d'Halloween ? Est-il logique de subir la niaiserie ambiante de ces téléfilms avant même d'avoir pu offrir à nos cauchemars de nouvelles terreurs avec des films d'horreur ? J'ai envie de répondre : non. Et d'implorer à TF1 d'explorer le terrain des petits films bien spooky, bien Halloween, bien automnaux ? Par pitié, et par égard pour cette super saison. Chaque chose en son temps. A trop en abusé on risque de frôler l'overdose... Et personne n'a envie d'une indigestion avant même le coup d'envoi des dégustations de chocolats de Noël, raclettes et bûches glacées !