Âgé de 20 ans, Omar C. est à l'origine de la série humoristique "Mamadou Segpa" sur Youtube. Dans les vidéos, il se prend un râteau, va au supermarché, au kebab, en Angleterre, et même en prison. Il ne semblait pas si bien dire puisqu'il est accusé d'association de malfaiteurs terroristes, de projet de départ en Syrie et de participation sur les réseaux sociaux à la diffusion de la propagande de Daech. Pour les besoins d'une vidéo intitulée "Mamadou rejoint Daech", il aurait en effet contacté des terroristes, se faisant passer pour un Français installé à Mossoul (Irak) et envisageant de commettre un attentat.
Il se procure alors des faux papiers et discute sur Telegram avec un certain Rachid Kassim (dont le pseudo est @), recruteur pour le compte de Daesh en Syrie. Celui-ci lui envoie une vidéo dans laquelle Abdel Malik Petitjean annonce une "attaque dévastatrice qui va bouleverser le coeur des mécréants". "J'étais choqué par ces propos mais j'y croyais pas trop", assure-t-il, précisant ne pas en avoir parlé à la police par peur. Une vidéo sur laquelle les policiers sont tombés en perquisitionnant le domicile du youtubeur, le 24 juillet 2016, à Mantes-la-Villes dans les Yvelines. Ce n'est pas tout, ils sont également tombés sur plus de 11.300 photos, 257 fichiers audio et 163 vidéos en lien avec le jihadisme.
Mis en garde à vue le 25 juillet, il affirme ne pas connaître le projet d'attentat. Le lendemain, le père Jacques Hamel se fait égorger, dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray par l'auteur de cette vidéo. "Je culpabilise parce que si j'avais dénoncé cette vidéo à la police, peut-être que le prêtre serait encore en vie", regrette-t-il. Il estime ne pas avoir été radicalisé "religieusement", mais reconnaît que cela ressemble plus à une "radicalisation cinématographique". Il avait même projeté de s'installer en Syrie pour faire des montages vidéo de films de propagande, qu'il trouve fascinants. "Les jihadistes donnaient envie et je voulais me marier, avoir une maison et une voiture. C'était plus facile là-bas.", a-t-il avoué.
Ce vendredi 1er décembre 2017, il a été condamné à cinq ans d'emprisonnement assortis d'un suivi socio-judiciaire de cinq ans. Quant à "Mamadou Segpa", de nouveaux créateurs continuent de dévoiler ses aventures sur YouTube.