Il y en a pour tous les goûts côtés films sur Netflix. Après avoir mis en ligne le film post-apocalyptique Love and Monsters avec Dylan O'Brien puis le film d'animation Les Mitchell contre les Machines, la plateforme nous emmène dans un univers plus stressant avec Oxygène. Le pitch ? Une jeune femme se réveille, seule, dans une unité cryogénique sans savoir qui elle est ou bien comment elle s'est retrouvée là. Alors que le niveau d'oxygène baisse, elle va tenter de faire appel à sa mémoire pour recoller les morceaux.
A l'occasion de la sortie du film, PRBK a pu interroger le réalisateur Alexandre Aja, qui revient pour nous sur les origines du film et sur la prestation bluffante de Mélanie Laurent.
PRBK : On vous attendait sur un projet de maison hantée avec Steven Spielberg. On vous retrouve en France avec Oxygène. Que s'est-il passé ? Qu'est ce qui vous a attiré vers ce projet ?
Alexandre Aja : C'est toujours un coup de foudre avec un scénario. Je me souviens quand j'ai lu pour la première fois celui d'Oxygène pendant le montage de Crawl. Je me suis tout de suite senti étouffé dans ce caisson de cryogénie. J'ai été très surpris par là où le film allait. C'est vrai qu'à l'époque je développais d'autres projets, dont cette fameuse maison hantée avec une nouvelle technologie de contrôle, mais le Covid est arrivé, je suis rentré en France me confiner. Et, plus le confinement avançait, plus je me disais qu'Oxygène était exactement ce que l'on était en train de vivre et de subir. Ce film est devenu une nécessité. A la fin de la première vague, on a réussi à s'organiser pour faire ce film juste avant la seconde vague. Cela a été une sorte de besoin, pour ne pas dire d'oxygène.
Ce film a donc été un exutoire pour vous ? Une véritable réaction à ce que l'on traverse depuis un an et demi ?
C'était incroyable car le scénario a été écrit bien avant la pandémie. Mais c'est exactement une mise en abîme de tous les thèmes que l'on pouvait ressentir et vivre. C'était à la fois un exutoire et c'était à la fois fabuleux de retrouver toute une équipe qui, comme moi, partageait cette frustration de mois d'enfermement et qui avait envie de retravailler. Il y avait une énergie créative très très forte autour de la fabrication. Ce n'était pas une énorme équipe mais pas non plus une petite équipe car c'est un film très complexe techniquement.
Oxygène est très anxiogène. Tous vos films se regardent comme des expériences de cinéma et ont un impact très physique sur le spectateur. C'est le propre du cinéma d'horreur que vous aimez ?
Je ne dirais pas le cinéma d'horreur mais le cinéma d'expérience. En tant que spectateur, ce que j'aime quand je regarde un film, c'est de vivre une expérience. Ce que je trouve formidable dans une salle, ou quand on regarde Netflix ou même quand on lit un livre, c'est la possibilité d'oublier là où on est, de traverser le miroir, d'être transporté, de vivre quelque chose, de ressentir quelque chose. Ma vocation en tant que réalisateur est de faire des films que l'on ressent plus que l'on regarde. C'est pour moi la définition de ce que l'on appelle le survival, soit des thrillers où l'on est dans des situations extrêmes et où l'on se dit 'qu'est ce que j'aurais fait à la place de ce personnage ?'. Oxygène est exactement dans cette lignée.
On imagine que ce tournage a été un véritable défi pour Mélanie Laurent...
C'était terrible. Elle a dû passer 20 jours dans ce caisson de cryogénisation, du matin au soir. Elle était vraiment enfermée, branchée avec des dizaines de câbles et avec l'impossibilité de sortir entre les prises. Je l'avais prévenu que cela allait être un tournage plus difficile que ce qu'elle imaginait. Je lui ai dit : "Cela va être un vrai challenge. Tu vas jouer allongée, tu vas passer des semaines et des semaines dans ce caisson et, même si on sera tous là pour t'aider, tu seras toute seule au milieu de ces écrans, sans interaction physique avec d'autres personnages". Elle a joué le jeu. Elle s'est préparée physiquement, ce qui était très important. Ce n'est pas parce qu'elle est bloquée dans ce caisson qu'il n'y a rien à faire. Il y a une force physique pour se dépasser qui est importante.
Noomi Rapace est citée dans les crédits de fin. Elle était supposée tenir le rôle principal au départ, c'est ça ?
Oui. Le scénario était au départ en anglais écrit par Christie LeBlanc. Il s'est retrouvé sur la blacklist, qui est la liste des scénarios pas encore produits mais qui créent le plus de buzz dans l'année. Anne Hathaway a d'abord été associée au rôle. Puis je suis arrivé et je devais le produire avec Noomi Rapace en anglais. Franck Khalfoun (Maniac) devait le réaliser. Avec le Covid, tout a changé, je me suis retrouvé enfermé à Paris. Puis il y a eu cette opportunité avec Netflix de le faire en français tout de suite. J'ai tout de suite pensé à Mélanie Laurent qui est quelqu'un avec qui je veux travailler depuis très longtemps et qui avait cet éventail d'émotions. Oxygène est un très bon panel de toutes les émotions que l'on peut traverser, les pires et les meilleurs, en une heure et demie. Sans Mélanie, il n'y aurait pas de film. Elle tient l'histoire du premier au dernier plan. On a peur pour elle.
C'est l'angoisse qui est le moteur d'Oxygène
Oxygène est riche en rebondissements. Il vaut mieux ne rien savoir avant de découvrir le film mais Netflix a tendance à monter des bandes-annonces très longues qui en dévoilent beaucoup. Comment avez-vous géré cela avec eux ?
On en a parlé. Il était essentiel que la bande-annonce n'en révèle pas trop. Mais ce n'est pas propre qu'à Netflix. Tous les studios ont les mêmes travers. A chaque fois que l'on fait le marketing d'un film, on se retrouve dans ce problème de 'qu'est ce que l'on montre' dans la bande-annonce. Oxygène est construit sur cette boîte dans laquelle Mélanie Laurent est. Mais c'est aussi une boîte à mystère, un labyrinthe mental où elle doit trouver tous les indices. En révéler trop gâcherait l'expérience. C'est une conversation que l'on a eu très tôt avec Netflix et j'étais extrêmement heureux de cette collaboration car ils ont en effet rien spoilé. J'encourage les gens à regarder le film sans trop lire, sans trop réfléchir. L'idéal est de juste se réveiller avec elle dans cette boîte et de voir ce qu'il va se passer.
Qu'est-ce qui vous effraie ?
J'adore avoir peur. Depuis tout petit. Le cinéma qui terrifie est celui qui fonctionne le plus sur moi. J'ai toujours tendance à imaginer le pire dans la vie. Ce qui me conduit à ces histoires. Le pire des cauchemars, c'est d'être dans un espace sans air, avec une sorte de vide. La perte des souvenirs, c'est aussi une asphyxie effrayante. Ne pas savoir où je suis ni qui je suis ni comment me sortir d'un endroit clos, c'est l'angoisse qui est le moteur d'Oxygène.
Propos recueillis par Olivier Portnoi. Contenu exclusif. Ne pas mentionner sans citer Purebreak.com/Films Actu.