On ne le dira jamais assez : l'homophobie tue. Tout comme la lesbophobie et la transphobie : la haine envers les personnes homosexuelles, bisexuelles, lesbiennes, transgenres, qu'elle soit écrite, orale (insultes, menaces), physique, ou en ligne. Non content d'être un réservoir à misogynie, le harcèlement en ligne vise bien (trop) souvent la communauté LGBTQ et rend d'autant plus tabou le coming-out.
Tant et si bien qu'on se demande quel réseau social est le plus "safe". Et lequel au contraire tombe dans le rouge. Nous ne sommes pas seuls : l'association GLAAD (pour Gay & Lesbian Alliance Against Defamation), qui s'intéresse autant à la défense des droits des personnes LGBTQ qu'à leur visibilité dans les médias, s'est interrogée elle aussi. Et mieux, elle a su éclaircir notre lanterne, l'espace d'une étude annuelle sur la sécurité en ligne.
Verdict ? La plateforme à fuir serait... Twitter.
Bon, mais tout n'est pas si simple. En fait, Twitter est, parmi ses rivaux (Facebook, Instagram, TikTok), le réseau social le moins "secure" d'une année à l'autre. Ce qui ne veut pas dire que les autres sont idylliques et queer-friendly. Loin de là même.
Seulement, GLAAD a mis en place un "indice de sécurité" basé sur plusieurs facteurs (ce que le règlement dicte précisément à propos de la sûreté des utilisateurs, si le réseau leur permet de préciser leurs pronoms de genre, la protection contre la discrimination et le harcèlement, la mise en place de structures internes pour protéger les personnes concernées, l'inclusion d'employés LGBTQ au sein de l'entreprise) et en a tiré un score de sûreté sur 100. Et force est de constater que Twitter a le pire : 33 % sur 100. Insta s'élève en haut du podium, avec 63 %. Entre les deux s'équilibrent Facebook (un indice de 61%), TikTok (57%) et YouTube (54%).
L'association LGBTQ accuse les réseaux sociaux de supprimer "de manière disproportionnée" le contenu ayant trait aux homos, lesbiennes, trans, ou de le condamner au shadowbanning : autrement dit, de masquer en "loucedé" ces contenus afin qu'ils n'apparaissent pas sur nos fils d'actus. La solution ? Exiger une plus grande transparence de la part des plateformes, renforcer les politiques de lutte contre le cyberharcèlement, proposer aux modérateurs des formations propres aux enjeux des utilisateurs LGBTQ (et dans toutes les langues)...
"La rhétorique anti-LGBTQ sur les réseaux sociaux se traduit par des violences dans le monde réel. Les discours de haine et la désinformation anti-LGBTQ constituent toujours un problème alarmant de sécurité publique. Et les plateformes échouent largement à atténuer cette haine et cette désinformation dangereuses en n'appliquant pas correctement leurs propres politiques", déplore encore le rapport très critique du GLAAD.
Et ce n'est pas plus joyeux quand on consulte les rapports des autres grandes associations de référence. Chez nous par exemple, SOS Homophobie tire aussi la sonnette d'alarme en nous rappelant qu'en 2022, 17 % des violences envers les personnes LGBTQ (insultes, menaces, harcèlement) prenaient la forme d'une haine en ligne. Mais qu'est-ce qu'attendent les plateformes pour faire bouger les choses ?