On va faire simple : Shazam est un film de super-héros unique, qui ne ressemble à aucun autre. Pour la première fois, on a le sentiment d'assister à une comédie sur les super-héros et non à un film de super-héros avec de la comédie. Un parti pris créatif surprenant ? Oui, mais terriblement efficace. Car de cette façon, l'humour trouve parfaitement sa place dans l'histoire, est parfaitement maîtrisé et dosé. A l'inverse des films Marvel et des récents films DC, aucune blague ne parait forcée. Au contraire, l'univers humoristique s'imbrique parfaitement dans le monde super-héroïque de par ses personnages et son intrigue. Une réussite.
Cela faisait longtemps que l'on n'avait pas vibré face à un méchant dans un film de super-héros. Alors attention, Sivana n'est pas le plus badass, le plus puissant, le plus marquant des super-vilains. Mais il apporte quelque chose que l'on avait oublié depuis un moment : une humanité. Là où les films du genre passent leur temps à nous offrir des affrontements contre des adversaires en CGI, souvent des Dieux ou créatures extraterrestres toujours plus surpuissantes les unes que les autres, on a ici le droit à un homme - qui possède des pouvoirs, devenu méchant sans s'en rendre compte. Mark Strong, son interprète, nous a d'ailleurs confié en interview : "On voit les personnages très jeunes, on voit les choix qu'ils font à ce jeune âge et on voit les effets que ça a ensuite sur eux. (...) Tout est une question de choix. Sivana a passé toute sa vie à vouloir revenir dans la grotte parce que le sorcier lui avait dit qu'il ne méritait pas d'être un super-héros, et la fois où il arrive à y retourner il a la preuve qu'il ne le mérite pas." Et cela offre une vision très intéressante. C'est toujours plus passionnant de suivre un personnage brisé qu'un vilain qui apparaît d'emblée comme indestructible.
Shazam est une réelle comédie, mais elle bénéficie également de quelques séquences sombres, que ce soit grâce à la présence des terribles Seven Deadly Enemies - des créatures terrifiantes qui contrôlent Sivana, à une ambiance parfois malsaine et une mise en scène très efficace. Une surprise ? Pas vraiment quand on sait que c'est David F. Sandberg qui a réalisé le film. Qui ? Le papa des films d'horreur "Dans le noir" et Annabelle 2". Un choix pertinent ? Tout à fait. Quand on lui a demandé ce qu'il avait apporté de ces films sur Shazam, le réalisateur nous a confié en interview : "Je pense que c'est ce sentiment de réel danger pour les personnages. De mettre en place des méchants qui sont vraiment méchants et dangereux. De cette manière, quand ils menacent les héros on y croit vraiment."
Et c'est clairement efficace. Pour un film qui se veut aussi drôle, ce sentiment nous ramène au danger omniprésent autour et nous rappelle que Shazam est également un film de super-héros. Cela permet un meilleur équilibre dans l'histoire, crédibilisant ainsi l'univers. Et oui, l'horreur a sa place dans un film super-héroïque. Après tout, les expériences vécues par les personnages ne sont pas normales.
Enfin, il y a une interrogation qui nous revenait sans cesse durant le film : est-ce que le costume de Shazam est réussi ou est-ce qu'il s'agit d'un gros fail ? Si Zachary Levi est incroyable dans ce rôle et semble fait pour lui, ce costume fait souvent tâche à l'écran et arrive même parfois à desservir sa performance. Attention, il n'est jamais ridicule mais il n'est jamais épique non plus, au point que l'on ressort presque frustré. Pourtant, comme nous l'a confié Mark Strong en interview, c'est une erreur de penser comme ça : "Le costume de Shazam, c'est très rétro, c'est très exagéré. Et c'est parce que ça provient de l'imagination d'un ado de 14 ans qui pense que c'est à ça que ressemble un super-héros". Un point de vue très intéressant qui nous offre un autre regard sur celui-ci. Et rien que pour ça, on a envie de revoir le film.