Sorti en août 2023, Le dernier voyage de Demeter - film d'horreur signé André Øvredal (Trollhunter, Scary Stories to Tell in the Dark) a malheureusement fait un bide au cinéma avec seulement 21,8 millions de dollars de recettes pour un budget estimé à près de 45 millions de dollars.
Un an plus tard, les studios Dreamworks Pictures et Reliances Entertainment peuvent souffler, le film - qui met en scène la version monstrueuse de Nosferatu, a enfin trouvé son public. Comme on peut le découvrir sur Netflix, alors même que la période se prête désormais aux téléfilms de Noël, c'est bien Le dernier voyage de Demeter qui est classé n°1 des films les plus regardés du moment sur la plateforme. Juste devant la super-production française GTXMax.
Une happy ending pour tout le monde, pour un projet qui aura fait perdre des cheveux à tous ceux qui ont travaillé dessus. Et pour cause, ce projet était en développement depuis... 20 ans. A l'époque, c'était Robert Schwentke (saga Divergente) qui devait réaliser et écrire le film, avant de voir en 2006 James V. Hart (Dracula de 1992) réécrire l'histoire, puis Marcus Nispel (The Texas Chainsaw Massacre) le remplacer en 2009 derrière la caméra.
Or, là où la production devait enfin être lancée en 2010 (sept ans après l'acquisition des droits par Phoenix Pictures !), le studio avait finalement décidé d'opter pour un nouveau changement de réalisateur en recrutant cette fois Stefan Ruzowitzky (Les Faussaires). Pas de chance, voyant que le projet galérait à avancer (l'actrice Noomi Rapace, initialement castée, avait rompu son contrat pour jouer dans Prometheus), celui-ci avait préféré tout lâcher en 2012. A cet effet, Neil Marshall (Hellboy de 2019) était alors choisi pour lui succéder, tandis que Viggo Mortensen était en discussions pour incarner le grand méchant. La suite, vous la connaissez : tous les deux avaient à leur tour abandonné en 2014.
Un jeu des chaises musicales à en perdre la tête qui avait miraculeusement pris fin en 2019, quand André Øvredal était apparu pour la première fois en coulisses après l'acquisition des droits par Amblin Partners. Et s'il avait, lui aussi, dû faire preuve de beaucoup de patience (il avait fallu un an et demi avant de voir le projet être relancé avec la validation d'un script et six mois de plus avant de voir la production donner son feu vert), le réalisateur avait enfin pu lancer le tournage en juin 2021.
Mais ce development hell incroyable, le réalisateur le comprend parfaitement. "Sur le papier, c'est un film vraiment complexe et potentiellement difficile à tourner, a-t-il indiqué à DreadCentral. Et bien sûr, tout indique qu'il va coûter de l'argent". Aussi, comme il l'a rappelé, "Quand on sait tous les grands noms qui ont été attachés au projet à travers les années, ça montre bien qu'il y avait autre chose que la qualité des talents impliqués qui retenait ce film d'être tourné". Et d'ajouter : "Cela devait être l'échelle du projet".
André Øvredal l'a d'ailleurs admis : "C'est de loin la plus grosse production sur laquelle j'ai été impliqué, ce qui était très excitant". Par la suite, le cinéaste a détaillé : "J'aime garder une certaine souplesse quand je tourne et ne pas être trop rigide vis-à-vis du plan initial. Mais quand même, vous avancez chaque jour avec un programme très défini sur quoi tourner et comment [sur un tel film]. Vous devez vraiment vous préparer au maximum, car vous brûlez de l'argent chaque jour qui passe". Autrement dit, même quand Le dernier voyage de Demeter était en cours, personne n'était totalement serein...