Assassin's Creed 3 était un bon jeu. Mais très honnêtement, pas aussi bon qu'Assassin's Creed 2, la faute à son héros aussi expressif qu'une porte de prison, Connor Kenway. Dommage quand on sait que le troisième épisode de la saga comportait de très nombreuses innovations (monde ouvert, batailles navales, animations grandioses...). Dans Assassin's Creed 4 : Black Flag, les développeurs d'Ubisoft ont décidé de faire table rase du passé, quitte justement à faire machine arrière.. dans le temps.
Nous voilà ainsi plongé dans les Caraïbes, en plein âge d'or de la piraterie, dans les bottes d'Edward Kenway, le grand-père de Connor, dont les vapeurs de rhum hument bon le charisme. Comment ne pas devenir fan de ce pirate dont les choix sont dictés par des désirs de fortune, n'hésitant pas à s'allier aux Assassins et à d'autres pirates emblématiques (Charles Vane, Barbe Noire...) pour découvrir le trésor des Précurseurs. On regrette seulement que les dernières heures de sont aventure soient assez molles.
Le présent aura aussi son mot à dire. C'est à la fois avec une pointe de soulagement que l'on découvrait à la fin d'Assassin's Creed 3 le sacrifice de Desmond Miles, héros au charisme d'une moule. Dans Assassin's Creed 4 : Black Flag, Ubisoft ne s'est pas mouillé. On incarne un personnage anonyme, employé chez Abstergo Entertainment, la branche de la société des Templiers chargée d'analyser le code génétique de Desmond, en l'occurence la partie renfermant les souvenirs de son ancêtre flibustier.
Les incursions dans la réalité restent néanmoins très anecdotiques, la progression dans le présent se limitant à pirater quelques ordinateurs pour en apprendre un peu plus sur le dessein des Templiers. Espérons maintenant qu'Ubi nous transporte dans les bottes d'un nouvel hôte plus emblématique dans les deux autres épisodes actuellement en préparation. Car soyons honnête, vous passerez plus naturellement votre temps dans l'Animus que dans les locaux d'Abstergo.
La Havane, Kingston ou bien encore Nassau : la modélisation des terres luxuriantes ou faussement civilisées des Caraïbes est bluffante de réalisme. On sentirait parfois presque le soleil nous brûler les épaules à travers les feuilles de bananier d'un îlot perdu que l'on visiterait à la recherche de trésors cachés. Et c'est aux commandes du navire d'Edward Kenway, le Jackdaw, que l'on explore tous ces lieux, impressionnants de vitalité et peuplés de créatures exotiques.
Cette tâche pourtant loin d'être aisée, la faute aux Anglais et aux Espagnols qui scrutent les océans turquoises à la recherche de pirates tel que vous. Si elles étaient timides dans Assassin's Creed 3, les batailles navales deviennent par conséquent LA pièce-maîtresse de ces nouvelles aventures. Mais bien entendu, en tant que pirate, vous serez généralement celui qui engagera le combat afin généralement de dépouiller de leurs cargaisons les navires qui croiseront votre chemin.
Contrairement à Ezio ou Connor qui n'avaient presque qu'à claquer des doigts pour récupérer des florins, Edward Kenway doit en effet faire parler la poudre et commercer au moindre amarrage pour fructifier sa fortune et surtout progresser dans l'aventure. Cela passe par l'obligation d'améliorer l'arsenal et la résistance du Jackdaw (mais aussi l'équipement de notre héros) à l'aide des matériaux (bois, métaux, tissu, sucre et rhum) récupérés lors des différents larcins maritimes.
Cette action s'avère d'ailleurs impérative pour accéder à certaines zones de la carte, contrôlées par de plus gros poissons. On pense aux forts (l'équivalent des tours Borgia d'Assassin's Creed 2), pour le moins coriaces, qui demanderont d'améliorer au maximum votre navire pour espérer survivre à leurs tirs de mortier dévastateurs. Ces séquences, durant laquelle l'adrénaline coule à flot, sont hautement jouissives, surtout quand une tornade cherche au même moment à vous engloutir.
Bien entendu, Assassin's Creed 4 : Black Flag ne délaissera pas les assassinats. Pour cela, Edward Kenway possède toutes les compétences d'un assassin comme les outils. A cela s'ajoutent de nouveaux mouvements, portés par des animations toujours aussi soignées (ces finish-moves !). La végétation fleurie des Caraïbes a en tout cas été pensée pour l'infiltration. Dommage que les mécaniques n'aient pas vraiment évolué (contrairement à l'interface qui a subi un lifting très sympathique).
Ce nouvel épisode embarque par ailleurs son lot d'à-côtés habituels qui donne littéralement le tournis. La chasse fait notamment son grand retour avec une pléiade d'espèces exotiques (jaguar, capucin, crocodile) à dépecer pour se fabriquer de nouveaux équipements. De nouvelles phases de plongée font aussi leur apparition durant lesquelles il s'agit de fouiller les fonds marins à la recherche de trésors, des séquences agréables à jouer comme à regarder. Sans parler des nombreuses énigmes que renferme chaque île entourant Cuba.
Verdict : Assassin's Creed 4 n'est pas exempt de défauts, à l'image de sa fin que l'on aurait préféré moins molle. Le jeu est malgré tout une réussite, tant au niveau de la direction artistique que du gameplay et du contenu. Mais sa principale force est surtout d'être parvenu à réaliser un rêve de gosse : celui d'incarner un vrai pirate des Caraïbes. A la différence près que le pirate en question à troquer sa jambe de bois, son crochet et son perroquet pour une tunique d'Assassin. Et ça, c'est la classe !