Si vous êtes ressorti lessivé des derniers épisodes de The Last of Us, deux mots doivent désormais faire l'effet d'un doux murmure à vos oreilles : Bella Ramsey. A seulement dix-neuf ans, celle que l'on avait déjà repérée pour son rôle de Lyanna Mormont dans Game of Thrones a tout simplement conquis le monde en interprétant Ellie dans la célèbre série post-apocalyptique dispo sur Prime Video. N'en déplaise aux gamers les plus rageux.
La preuve de ce succès ? Son CV est déjà bien garni, puisqu'on la reverra bientôt dans la seconde saison de Time, une série carcérale produite par la BBC. Une nouvelle aventure qui l'embarquera carrément... dans une prison pour femmes. Oui, ambiance Orange is the new black garantie.
Mais en attendant, c'est du côté de The Last of Us que quelque chose coince encore. Car un léger détail révélé par la presse vient minimiser tout ce qu'apporte la star au show. Hum, pas si léger, en fait. Effectivement, quelque chose d'assez massif semble séparer Bella Ramsey de son acolyte à l'écran, le daddy cool Pedro Pascal. Quelque chose qui se compte en zéros et en dollars...
C'est le magazine Variety qui s'occupe d'annoncer la mauvaise nouvelle : alors que Pedro Pascal fait partie du club très fermé des acteurs de série les mieux rémunérés de l'industrie, récoltant pas moins de 600 000 $ par épisode de The Last of Us, Bella Ramsey aurait quant à elle touché un cachet de 70 000 $ par épisode. Pas besoin d'avoir fait S pour saisir toute la diff' : l'actrice été payée 8 fois moins que son partenaire de jeu.
Mais comment expliquer cet écart qui file le vertige ? On aurait tendance à tout miser sur le facteur principal : l'écart d'âge. L'expérience, en somme. Pedro Pascal caresse le cap de la cinquantaine là où Bella Ramsey a à peine plus de dix huit ans. Et le passif de l'acteur nous ramène carrément à Buffy contre les vampires (où il a assuré un petit rôle) : c'est dire à quel point le comédien a charbonné ces vingt dernières années.
Oui mais voilà, un autre phénomène un brin familier pointe le bout de son nez : le sexisme. A Hollywood, l'écart salarial est presque une tradition. En 2019, une étude détaillée du Guardian mettait en chiffres la somme qui sépare le salaire d'une actrice de celui d'un acteur dans l'industrie du spectacle : 1,1 million de dollars.
Violent, non ? A raison d'un salaire inférieur de 56%, une actrice pourrait même toucher jusqu'à 2,2 millions de dollars de moins par film par rapport à son homologue masculin, selon les économistes britanniques à l'origine de cette étude. On appelle ça le "gender gap" : l'écart entre les genres, généralement bien salé.
Tant et si bien que l'an dernier, l'humoriste Amy Schumer, Regina Hall et Wanda Sykes profitaient de leur présence sur la scène des Oscars pour mettre les pieds dans le plat, déclarant : "Cette année, l'Académie des Oscars a engagé trois femmes parce que c'est moins cher que d'embaucher un seul homme". Ambiance.
Il semblerait malheureusement que le petit écran s'inspire fortement du grand pour lui piquer ce genre d'idées merveilleuses : on sait par exemple grâce à cette enquête d'Insider que Gillian Anderson s'était seulement vue proposer "la moitié" du salaire de David Duchovny pour le reboot de X-Files. Scully deux fois moins importante que Mulder ? Si vous êtes fan, vous avez le droit de grogner sévère.
Le "gender gap" a encore une longue vie devant lui donc. Et Bella Ramsey doit en savoir quelque chose aujourd'hui.
Clément Arbrun