Evitons le suspense : il s'agit tout simplement des Néandertaliens. Comme le reconnait Mariana Nabais, de l'Institut catalan de paléoécologie humaine et d'évolution sociale, la première chose qui nous vient à l'esprit quand on parle des hommes de Néanderthal est "des troglodytes primitifs qui gagnaient à peine leur vie en fouillant dans les carcasses de gros gibier." Mais, à ça, Mariana Nabais répond que c'est une grosse bêtise, et la meilleure preuve est qu'ils savaient utiliser les coquillages.
Il y a trois ans , l'équipe dirigée par le paléoanthropologue portugais João Zilhão a découvert qu'au sud de l'actuelle Lisbonne, les Néandertaliens non seulement prospéraient, mais mangeaient aussi des choses que jusque-là on ne pensait pas qu'ils savaient consommer. On avait du mal à imaginer ça car de nombreuses théories indiquent que c'est justement la consommation habituelle de poissons et crustacés (riches en acides gras oméga 3) l'un des facteurs qui permettait à l'être humain moderne d'améliorer ses capacités cognitives par-rapport aux autres espèces humaines.
Après tout, l'idée que les Néandertaliens ne consommaient pas ce type de produit reposait sur le fait que nous n'avions pas trouvé beaucoup de preuves archéologiques qui permettraient d'affirmer le contraire. La fête de Figueira Brava (la grotte en question) a exigé une enquête plus détaillée.
Et c'est ce que publie aujourd'hui la revue Frontiers in Environmental Archaeology : un ouvrage dirigé par Mariana Nabais, de l'Institut catalan de paléoécologie humaine et d'évolution sociale, dans lequel il est indiqué noir sur blanc qu'il s'agissait tout simplement d'un "restaurant de fruits de mer préhistorique".
Le fait le plus curieux est sans aucun doute le nombre énorme de crabes bruns (crabes de mer) qui s'y trouvaient. Aussi, de gros tourteaux (16 centimètres en moyenne et environ 200 grammes de chair). Mais ce qui est intéressant, c'est que l'analyse des restes a montré que les fractures n'étaient pas "accidentelles", ni produites par d'autres prédateurs (comme des oiseaux ou des rongeurs) : il s'agissait de fractures intentionnelles pour atteindre la chair. Et pas seulement ça, grâce aux brulures retrouvées sur les coquilles, on a pu se rendre compte qu'elles avaient été grillées !
Bien qu'ils n'aient pas encore fini d'étudier tous les vestiges de la grotte portugaise, les données actuelles "réfutent déjà l'idée que les fruits de mer ont joué un rôle important dans l'émergence de capacités cognitives supposées supérieures chez les premières populations humaines modernes d'Afrique subsaharienne".
Cela élargit nos connaissances sur la paléoanthropologie humaine, mais c'est aussi une "mauvaise nouvelle", car la question de ce qui nous rend spéciaux, sur pourquoi nous sommes seuls au monde et sur la façon dont le déclin du reste de l'espèce humaine s'est produit, se pose encore plus désormais.
La bonne nouvelle, cependant, c'est qu'avec les Néandertaliens hors jeu... nous avons plus de coquillages.
Article écrit en collaboration avec nos collègues de xataka.com.