Le gouvernement demande aux étudiants d'aider les collégiens à faire leurs devoirs, en échange de rémunération. Ce projet appelé "devoirs faits", qui est une sorte de donnant-donnant entre étudiants et collégiens, a été dévoilé dans Le Parisien. C'est Nathalie Élimas, la secrétaire d'Etat chargée de l'éducation prioritaire, qui a parlé de ce dispositif au média. Les objectifs ? Stopper le décrochage scolaire qui est de plus en plus important à cause de la pandémie de Covid-19 et réduire la précarité étudiante, qui a elle aussi augmenté depuis la crise sanitaire liée au coronavirus.
"Jusqu'à aujourd'hui, seuls les professeurs et les assistants d'éducation (les AED, ndlr) pouvaient, sur la base du volontariat, prétendre à une rémunération en échange d'une aide aux devoirs gratuite dédiée aux collégiens. Nous avons décidé de l'ouvrir aux étudiants" a-t-elle rappelé. Mais là, ce sont "les étudiants frappés de plein fouet par la crise, qui ont perdu leur job et leurs revenus, souffrent d'isolement parce qu'ils ne peuvent plus se rendre à la fac" qui pourront aider les élèves du collège avec leurs devoirs.
Dans le cadre de "devoirs faits", les étudiants seront payés 15,99 euros bruts de l'heure, ce qui fait un peu plus de 12 euros net de l'heure. Un prix pas vraiment extraordinaire donc, mais Nathalie Élimas a souligné : "Je rappelle que le smic horaire est à 10,25 euros brut de l'heure". Et cette opération devrait commencer dès ce lundi 10 mai 2021.
Ce lundi 10 mai 2021, les étudiants recevront en effet un mail pour les informer sur "devoirs faits". Ils pourront alors postuler auprès d'un collège via leur académie. Mais attention, cette aide aux devoirs ne sera pas possible pour tous les étudiants, elle sera réservée à 25 000 étudiants en France. Une partie (10 000) sera pour les étudiants qui sont déjà tuteurs d'élèves des "Cordées de la réussite" et une autre partie (15 000) sera pour les étudiants qui travaillent déjà dans une association d'aide aux devoirs, mais de façon bénévole.
Mais ces 25 000 étudiants représentent moins de 1% de la population étudiante. "C'est une belle jauge. Il s'agit d'une première mouture qui, si elle réussit, peut être élargie et pérennisée" a assuré Nathalie Élimas, qui a ajouté : "Il ne s'agit pas de favoriser qui que ce soit, mais de faire appel à des jeunes connus pour leur engagement, afin de faire réussir le projet".
A noter que "devoirs faits" avait été lancé par Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale, en 2017. Plus d'1,1 million d'élèves ont pu avoir droit à cette aide, soit 1 collégien sur 3. Et "c'est encore plus dans les territoires Rep +, les quartiers prioritaires : ils sont 44%" a affirmé la secrétaire d'Etat chargée de l'éducation prioritaire.
Le Parisien a aussi reçu des premières réactions d'étudiants pour cette aide aux devoirs rémunérée. Nathan, étudiant en troisième année à la fac de Cergy dans le Val-d'Oise, a avoué : "Quelques heures par semaine d'aide aux devoirs ne me permettront pas de reprendre un studio en région parisienne". Eh oui, ce ne sont pas des heures d'aide aux devoirs, payées moins de 13 euros de l'heure, qui pourront permettre aux étudiants de payer le loyer d'une chambre ou d'un studio.
Quant à Mélanie Luce, secrétaire générale de l'Unef (Union nationale des étudiants de France), elle pense que "salarier les étudiants n'est pas une réponse à la précarité. D'autant que beaucoup font déjà de l'aide aux devoirs, le gouvernement n'invente rien".